Les brèves

Paris libéré, Paris retrouvé : 1944-1949

Richard Werly, créée le 14-07-2024

"Cet autre livre ne sera publié que le 21 août, il est signé d’Antony Beevor et Artemis Cooper. Ce qui est passionnant dans cette histoire de Paris occupé, libéré et après-guerre, est qu’elle est racontée par deux Britanniques. Antony Cooper est le petit-fils de Duff Cooper, ambassadeur britannique à Paris entre 1944 et 1947. C’est passionnant, cela regarde la scène culturelle, policière, judiciaire, politique … La distance qu’on a par rapport à l’époque nous permet de quelquefois juger les Français drôles, tristes, tragiques, et passionnants à la fois. Un vrai plaisir de lecture. "


Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France

Matthias Fekl, créée le 05-07-2024

"Puisqu’il est à la mode de faire des listes de binationaux et de Français d’origine étrangère, je conseille un livre paru il y a une dizaine d’années sous la direction de Pascal Ory, qui nous rappelle tout ce que notre pays doit à des étrangers. Certains sont devenus Français, d’autres pas, et que ce soit dans les sciences, les arts, la littérature, la chanson, ils sont partout. Même Astérix est né de deux pères d’origine étrangère ! Marie Curie, Joséphine Baker, Picasso, Le Corbusier, Zola, Beckett, Gary, Aznavour, Pierre Cardin, Goscinny, Uderzo … N’oublions pas tout ce qu’on leur doit."


Conseil à nos auditeurs

Jean-Louis Bourlanges, créée le 05-07-2024

"Je suis un peu embarrassé, car je n’ai pas préparé de brève. Je me contenterai donc d’un conseil : lisez les journaux, et soyez particulièrement attentifs aux programmes, aux absences de programmes, aux esquives. Abordez ce scrutin de dimanche avec le minimum de préjugés et d’idées vagues, et le maximum d’informations sur ce que veut et ce que craint chacun des partis en présence, et surtout, ce qu’ils dissimulent. Car en réalité, ils se caractérisent moins par ce qu’ils disent que par ce qu’ils cachent."


Neuf mois : récit

Philippe Meyer, créée le 05-07-2024

"Je n’ai pas dû manquer beaucoup d’articles de Philippe Garnier, ce journaliste qui parlait beaucoup de cinéma et éventuellement de rock n’roll, ni ses traductions, de John Fante ou Bukowski. Et si j’en avais manqué, Bertrand Tavernier (qui l’aimait beaucoup) me l’aurait signalé … Il vient de publier un livre aux éditions de l’Olivier, qui s’intitule Neuf mois, c’est-à-dire le temps qui a séparé le diagnostic du cancer de l’estomac de sa femme Elizabeth, de sa mort. Un livre dans lequel il faut entrer très poliment, et dont on sort avec le besoin d’un long moment de silence. Je le commenterai avec trois citations. La première est de Philippe Garnier lui-même : « j’écris ce livre non pour me faire pardonner, ni pour la faire revivre, mais plutôt comme un tribut à la femme dont j’ai toujours cru tout savoir, et qui m’a surpris jusqu’au bout ». La deuxième est d’Henri Calet : « ne me secouez pas, je suis plein de larmes » ; et la dernière de Jean-Loup Dabadie, qui fait dire à Jean Rochefort dans « Nous irons tous au paradis » : « vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre »."


Minuit moins dix à l’horloge de Poutine

Marc-Olivier Padis, créée le 05-07-2024

"J’en reviens à des sujets politiques, et au climat de violence latente que l’on peut ressentir. On pointe souvent la responsabilité des médias et des réseaux sociaux, mais il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’un phénomène advenant mécaniquement, mais qu’il y a des acteurs qui cherchent à amplifier les tensions au sein de la société française. Nous ne sommes certes pas en guerre contre la Russie, mais pour autant, celle-ci a bel et bien lancé une guerre informationnelle contre la France. On en a des preuves tous les jours. David Chavalarias est chercheur, mathématicien et spécialiste des réseaux. Il a un site internet, Politoscope, que je vous recommande d’aller voir. Il travaille sur la manière dont l’amplification des violences verbales et des opinions extrêmes est opérée par des agents. Il a écrit un livre (Toxic data) et sur son site, il a fait une note plus directement liée aux élections européennes, dans laquelle il décrit très bien le fonctionnement de diffusion et d’amplification de fausses informations et d’opinions extrêmes, qui n’ont pour but qu’échauffer les esprits. On se souvient par exemple de deux expéditions de pieds nickelés russes, pour peindre sur les murs de Paris des étoiles de David, ou des mains rouges sur le Mémorial de la Shoah. Tout cela est fabriqué. Aujourd’hui, le fait de garder notre sang-froid, de résister aux extrêmes, et de comprendre pourquoi la démocratie a besoin de modération est une tâche se salubrité publique."



Rwama, vol. 1 : mon enfance en Algérie

Philippe Meyer, créée le 30-06-2024

"A propos de bandes dessinées, suite à une brève précédente d’Akram, j’ai acheté ce roman graphique et je ne puis que seconder sa recommandation à nos auditeurs : avec un trait aussi clair que soigné, Salim Zerrouki nous éclaire de façon très simple sur l’histoire de l’Algérie depuis son indépendance, à travers l’enfance d’un gamin qui grandit dans un immeuble un peu particulier d’Alger, entre 1975 et 1992. C’est le premier volume d’une série, et j’ai personnellement hâte que suivant paraisse. "


Six pieds sur terre

Isabelle de Gaulmyn, créée le 30-06-2024

"Ce film de Karim Bensalah nous raconte l’histoire de Sofiane, jeune homme d’origine algérienne, qui vit en France, y fait beaucoup la fête, et reçoit soudain une Obligation de Quitter le Territoire Français, car il ne passe pas ses examens universitaires. Pour pouvoir rester en France, il va travailler dans une entreprise de pompes funèbres musulmane. Le film est très intéressant, et la façon dont l’islam s’occupe du corps des défunts est filmé de façon très belle. A travers ce soin aux défunts, le jeune homme va retrouver une forme d’ancrage dans la société, que sa double identité avait un peu dissipé. Un film qui donne à réfléchir sur la religion, l’identité, la culture, autant de sujets complexes auxquels est confrontée toute une jeunesse."



Contre la barbarie : 1925-1948

Nicolas Baverez, créée le 30-06-2024

"Et puis je vous conseille cet autre livre, qui vient de ressortir. Klaus Mann, deuxième fils de Thomas Mann, est né en 1906. Parti aux Etats-Unis en 1933, il revient en Europe en 1945, sous l’uniforme américain. Ce livre rassemble certaines de ses chroniques, il y analyse l’arrivée au pouvoir d’Hitler, et insiste beaucoup sur le manque de lucidité des forces politiques et économiques conservatrices, qui ont voulu pactiser avec Hitler, pensant en faire leur instrument, le simple agent d’une révolution conservatrice. Évidemment, il en est allé tout autrement. Un témoignage très intéressant, qui résonne lui aussi avec l’actualité."


Clause de conscience

Richard Werly, créée le 23-06-2024

"Gilles Martin-Chauffier a longtemps été critique littéraire à Paris Match. Il signe ce roman, qui nous fait entrer dans la cuisine des journalistes français, et notamment dans les rédactions quand les journaux sont rachetés par des milliardaires. L’auteur nous montre que quand vous avez quelques dizaines d’années d’expérience de journaliste et que votre publication est rachetée, vous ne pensez plus qu’à une chose : votre clause de conscience, c’est-à-dire l’indemnité que vous pourrez toucher en démissionnant (la clause de conscience est automatique en France, quand un journal change de propriétaire). J’ai trouvé cela très intéressant, l’auteur nous raconte avec une grande candeur la façon dont la plupart des journalistes ne sont que dans le calcul : combien ils peuvent toucher en quittant tel milliardaire avant de rejoindre tel autre … l’essentiel étant de trouver le bon, c’est-à-dire celui qui paiera le mieux. C’est un remake contemporain des Illusions perdues de Balzac, qui nous fait réfléchir au spectacle qu’offrent les médias à un moment où ils ne cessent de juger les politiques."


Journal, janvier-juin 2020

Jean-Louis Bourlanges, créée le 23-06-2024

"D’autre part, j’ai lu le journal qu’a publié Agnès Buzyn. D’un point de vue littéraire (et surtout éditorial), on peut regretter qu’il ait été publié à la va-vite, et contienne beaucoup de répétitions. Il est cependant chargé d’une émotion extraordinaire. Mme Buzyn l’a rédigé pendant la crise de la Covid, et on ne peut que penser à la phrase de Turgot : « notre problème, c’est de prévoir le présent ». Je crois qu’elle a fait ce qu’elle pouvait face à cette crise énorme, dont l’ampleur se dévoilait peu à peu. Et là encore, on prend conscience de l’indignité du sort qui lui a été réservé. Quand une ministre aussi dénuée d’informations que tout un chacun doit réagir face à une crise aussi gigantesque et inédite, on ne peut apprécier son action que sur le mode « capable » ou « non capable ». Ici, on a plutôt privilégié « coupable » ou « non coupable ». On a fait d’elle un bouc émissaire, et ce n’est pas à l’honneur des juridictions ou de la société française. Mais on voulait absolument trouver des coupables puisqu’il y avait des victimes."