Les brèves

Le naufrage des civilisations

François Bujon de L’Estang, créée le 23-02-2020

"Dans nos réflexions sur les changements du monde, la disparition de l’Occident et tout ce qui s’ensuit, je voudrais simplement dire le plaisir et l’intérêt que j’ai eus à lire le livre d’Amin Maalouf, publié chez Grasset. C’est une très intéressante analyse de la disparition de ce qu’on appelle « le vivre-ensemble », qui caractérisait les sociétés moyen-orientales et celles du Levant. L’émiettement de l’Occident commence par celui de la mosaïque de cultures et de religions du Levant. Ce livre est aussi intéressant qu’éclairant."


La Dame blanche

Marc-Olivier Padis, créée le 23-02-2020

"Je voudrais recommander un opéra que j’ai pu voir cette semaine : la Dame Blanche, de François-Adrien Boieldieu, à l’Opéra-Comique jusqu’au début mars. Cet opéra fut l’un des plus populaires parmi les opéras français du XIXème siècle. Si vous aimez l’Ecosse des landes, les châteaux hantés, les revenants, les histoires d’enfants enlevés par les corsaires, c’est absolument charmant. Il y a un très beau rapport entre le retour de la mémoire et le passage par la musique."


Le cas Richard Jewell

Jean-Louis Bourlanges, créée le 23-02-2020

"Je veux saluer l’œuvre d’un très grand représentant de l’ancien monde : Clint Eastwood, en recommandant son dernier film. Il est absolument parfait. Les acteurs, dont la formidable Kathy Bates, et surtout Paul Walter Hauser, obèse de 35 ans jouant un vigile un peu simplet très dévoué à l’intérêt général, et victime d’une espèce de complot du FBI. C’est un formidable film sur la machine à broyer l’héroïsme ordinaire, sous la double pression de la presse et du gouvernement. Sur le FBI, il faut saluer ce film, le premier qui n’a pas l’air écrit par quelqu’un qui y travaille. L’agence n’en sort pas grandie."


L’alerte démocratique

Jean-Louis Bourlanges, créée le 16-02-2020

"Je profite du fait que nous faisons une émission sans Nicolas Baverez pour recommander son dernier livre. C’est une analyse de la crise des valeurs que nous vivons. Il y analyse très bien les rapports avec les années 1930, les différences, la montée du populisme, et propose des solutions, qui sont classiques. Mais deux choses me paraissent importantes : d’abord il sonne le tocsin, et nous fait comprendre que le populisme n’est pas qu’une protestation lointaine mais une menace réelle et très présente. Ensuite, il insiste sur quelque chose qui me paraît très vrai, à savoir que le fond de l’affaire est le ressort moral. Il cite Périclès : « se reposer ou être libre, il faut choisir ». J’ai l’impression que le repos est une tentation forte. Nicolas Baverez place tout son livre sous le patronage de Ionesco et du monologue final de Rhinocéros, dans lequel Bérenger finit par déclarer : « je suis le dernier homme »."


Moscou Au cœur de la création contemporaine

Philippe Meyer, créée le 16-02-2020

"Je signale la publication aux ateliers Henry Dougier des éditions Payot d’un ouvrage consacré à Moscou par un journaliste français, Étienne Bouche. Il y est question de la création contemporaine dans plusieurs domaines. Il comprend des entretiens avec des artistes, qui vont de pianistes à des metteurs en scène ou des photographes, ainsi qu’un guide géographique des lieux de la création contemporaine dans la capitale russe."


Nous autres réfugiés

Béatrice Giblin, créée le 16-02-2020

"Je vais vous parler d’un tout petit livre d’Hannah Arendt. C’est un très beau texte, dont je vous citerai cette phrase : « les « réfugiés » sont désormais ceux d’entre nous qui ont connu un malheur et ont dû émigrer, sans ressources, dans un autre pays et trouver de l’aide auprès de comités de réfugiés. Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne, nous avons perdu notre travail, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde, nous avons perdu notre langue, c’est-à-dire le naturel de nos réactions, la simplicité de nos gestes, l’expression spontanée de nos sentiments. Nous avons abandonné nos parents et nos meilleurs amis ont péri, ce qui signifie que notre vie privée a été brisée. » Qu’on s’en souvienne vis-à-vis des réfugiés qu’on a du mal à accueillir."



Le manchot magnifique

Philippe Meyer, créée le 16-02-2020

"Sylvie Bermann : Si on veut s’intéresser à la Russie pendant les prémisses de la révolution, je recommande le livre de Guillemette de Sairigné. C’est l’histoire de Zinovi Pechkoff, fils adoptif de Gorki, né à Nijni-Novgorod, et qui montre bien d’ailleurs que Gorki n’est pas seulement celui qui a collaboré avec le régime (qu’on accuse parfois de lâcheté), mais aussi quelqu’un qui défendait les Juifs, et les révolutionnaires. En 1914, Pechkoff a voulu s’engager dans la Légion étrangère, où il a combattu. Il est devenu général, et même ambassadeur du général de Gaulle auprès de Tchang Kaï-Chek. C’est une vie extraordinaire, et une histoire passionnante qui couvre tous les continents. "


Note de l’Institut Montaigne par Éric Chaney

Jean-Louis Bourlanges, créée le 09-02-2020

"Je voudrais recommander la note publiée par l’Institut Montaigne, que l’on doit à un très bon économiste Eric Chaney, sur comment l’Europe peut faire basculer le monde vers la décarbonation. C’est une défense et une illustration de la taxe carbone, d’un système d’ajustement comportant beaucoup de variables. C’est très éclairant dans le débat actuel. On a là un véritable choix politique. Parmi toutes les mesures proposées pour lutter contre le réchauffement, Chaney nous dit qu’il y a là une voie décisive, plus importante que les autres. C’est en outre un choix libéral. Au lieu « d’emmerder les Français » (comme aurait dit le président Pompidou), on crée une situation économique qui amène les acteurs économiques à modifier leur comportement. C’est aussi un choix géostratégique : nous ne sommes responsables « que » de 10% des émissions de carbone, mais entant que marché, l’Europe est décisive. Dès lors que l’Europe mettra en place un système qui oblige les importateurs de biens étrangers à se comporter vertueusement, elle aura le moyen de cesser d’être impuissante. "


Alexis Tsípras une histoire grecque

Richard Werly, créée le 09-02-2020

"Un livre pour comprendre les coulisses de l’Europe, et en l’occurrence les coulisses grecques. C’est celui que Fabien Perrier vient de consacrer à Alexia Tsípras. Comme vous le savez, Tsípras a perdu les dernières élections, le gouvernement grec est désormais conservateur, dirigé par Mitsotakis. Ce livre montre une chose qui fait réfléchir : comment Tsípras a cru aux promesses françaises. Rappelons que la France s’était faite l’avocate de la Grèce, en permettant à la Grèce d’obtenir des sursis et différents pains de financement. Tsípras a vraiment cru qu’il bénéficierait de l’appui de la France, notamment concernant la Macédoine du Nord, dont il a négocié avec l’ancienne République fédérale yougoslave cette nouvelle dénomination qui pose problème. In fine, Emmanuel Macron a refusé d’admettre la candidature de la Macédoine du nord. On voit bien comment un gouvernement d’un pays ébranlé comme la Grèce entend les appels du pied de la France et mesure ensuite à quel point cette dernière ne dispose plus des leviers du passé."


La République injuriée

Nicolas Baverez, créée le 09-02-2020

"Et puis une recommandation, puisqu’on parle aujourd’hui beaucoup d’insultes et de violences, y compris contre la personne du chef de l’état, le libre d’Olivier Beaud. C’est une revue absolument passionnante, de trois républiques et du régime de Vichy, au filtre de cette incrimination de l’offense contre le chef de l’Etat. Pendant la IIIème République, cette incrimination diminue en même temps que les pouvoirs du président s’effondrent. C’est évidemment remis en route par Vichy, sous de Gaulle on a le choc avec l’extrême-droite, et enfin c’est François Hollande qui décide de la supprimer. Peut-être Emmanuel Macron la regrette-t-il ?"


Retours d’Histoire l’Algérie après Bouteflika

Béatrice Giblin, créée le 09-02-2020

"Je recommande le dernier ouvrage de Benjamin Stora. C’est un livre court, très facile à lire, et extrêmement utile pour bien comprendre dans cette histoire de l’Algérie post-indépendance, dans ce qui est maintenant considéré comme une indépendance confisquée, les mouvements qui se produisent tous les vendredis depuis un an. Benjamin Stora, très bon connaisseur du pays, rappelle et explique le pourquoi de ces mouvements, essentiellement menés par la jeunesse mais pas seulement, et qui ont pris comme emblème de grands résistants qui ont lutté dès le début contre la mainmise de l’armée sur le pouvoir algérien. Très utile, à recommander à notre président si préoccupé de questions mémorielles. "