Les brèves

La grande aventure de l’égyptologie

Lionel Zinsou, créée le 08-03-2020

"Pour ceux qui, sur la question de l’Orient étendu jusqu’à l’Egypte, s’intéressent à la continuité des grands empires et le renouveau des impérialismes anciens, je recommande ce livre de Robert Solé, paru il y a quelques mois. Il allie les qualités du romancier à une très grande érudition. Il met en scène le prestige de l’école française, mais aussi la rivalité allemande et britannique. Comment se joue, dans la recherche et la reproduction de la puissance impériale égyptienne, cette espèce d’extraordinaire soft power en matière politique et culturelle."


Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

Matthias Fekl, créée le 08-03-2020

"Je vous recommande la biographie du grand historien Ernst Kantorowicz par Robert Lerner. Kantorowicz est comme vous le savez l’auteur des Deux corps du Roi. Cette biographie est parue en anglais en 2017 et a été traduite l’an dernier chez Gallimard. C’est un livre très fort, on y suit l’itinéraire d’un homme, ses propres ambiguïtés intellectuelles avant de faire des choix incontestables. On y vit la crise économique, l’effondrement, politique, moral et intellectuel de l’Europe, on y croise de grandes figures, comme Isaiah Berlin ou Marc Bloch. Passionnant."


Paris - Berlin, la survie de l’Europe

Béatrice Giblin, créée le 08-03-2020

"Je voudrais vous parler d’un ouvrage qui vient de sortir d’Edouard Husson, excellent germaniste. C’est publié chez Gallimard, dans la collection Esprits du monde. Cet ouvrage est extrêmement intéressant car pour une fois, il ne vient pas d’un germaniste béat devant l’Allemagne. Il montre très bien d’où vient en France ce complexe du modèle allemand, et analyse très finement la politique très récente de l’Allemagne, en particulier l’attitude d’Angela Merkel, l’évolution de la CDU. Je conseille vivement cette lecture à tous ceux qui s’intéressent au devenir de l’Europe. "


The Deuce

Philippe Meyer, créée le 08-03-2020

"« The Corner »  racontait la vie quotidienne d’un quartier de Baltimore grignoté par la drogue et par la violence; The Wire  («  Sur Écoute ») explorait tous les aspects de la criminalité dans la mème ville du Maryland, à l’époque de la disparition de la sidérurgie et de la montée du chômage et de la pauvreté. « Treme », racontait La Nouvelle Orléans après Katrina. « Show me a Hero » retraçait l’obstruction d’une grande partie de la classe moyenne blanche à l’installation d’habitations à loyer modéré - le plus souvent attribuées à des Noirs- dans une ville de la banlieue de New York, Yonkers. Derrière ces séries, un même homme, David Simon, ancien fait-diversier du Baltimore Sun, reporter méthodique et scénariste ou producteur inspiré. «  The Deuce  »  (« La Quarante-deuxième ») décrit l’évolution concomitante de la prostitution, du cinéma porno et de l’immobilier à New-York et le triomphe final des promoteurs au détriment d’habitants rejetés dans les ténèbres extérieures. Cette dernière série est actuellement proposée sur OCS et on y retrouve toutes les qualités d’observation et d’humanité de David Simon et des équipes qu’il réunit."


Le monde arabe existe-t-il (encore) ?

Béatrice Giblin, créée le 01-03-2020

"Je vous signale la sortie dans le collection Araborama (sous l’égide de l’Institut du Monde Arabe) d’un premier ouvrage. Il y aura je crois un volume par an ; il s’agit d’une présentation pluridisciplinaire de la situation du monde arabe. Le titre est presque provocateur, mais l’intérêt est grand, puisqu’il s’agit d’une approche à la fois historique, sociologique, qui laisse beaucoup de place à la culture contemporaine. Qu’il s’agisse de dessinateurs humoristiques, de peintres, de musiciens, tous sont représentés. Les journées de l’Histoire de l’IMA commencent ce dimanche. Il y en aura d’autres : le 7 juin puis le 24 octobre, avec de nombreux évènements."


Une vie cachée

Nicole Gnesotto, créée le 01-03-2020

"Je vais rester dans le cinéma pour vous recommander très vite voir le dernier film de Terrence Malick, avant qu’il ne disparaisse des écrans. C’est très beau, les paysages autrichiens sont magnifiques, il y a une puissance visuelle presque mystique. C’est l’histoire d’un homme qui dit non, d’un objecteur de conscience sous le régime nazi. Il accepte d’être enrôlé mais refuse de dire « heil Hitler ». Il sera déterminé jusqu’à sa fin, tragique. Il a d’ailleurs été béatifié en 2007. C’est peut-être le défaut du film, ce mysticisme catholique. Mais ça n’en reste pas moins un très grand film, et une bouleversante merveille visuelle."


Cuban network

Matthias Fekl, créée le 01-03-2020

"Pour ma part je vous conseille le film d’Olivier Assayas, très beau lui aussi. On suit l’arrivée à Miami de deux Cubains de Cuba dans les milieux cubains de Floride. Je ne vais pas raconter davantage car il s’agit d’un thriller à suspense. Mais le film montre aussi les difficultés de la vie à Cuba, et les relations qui restent à fleur de peau entre les Cubains de l’île et ceux de la diaspora, et le rôle de ces derniers dans la vie politique américaine. Des plaies restent béantes plus de 60 ans après la révolution cubaine. Une situation dont on espérait qu’elle pourrait évoluer à la fin du mandat d’Obama, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. "


Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940

Philippe Meyer, créée le 01-03-2020

"La chaîne Arte offre la possibilité de revoir des émissions. Je vous conseille une série de documentaires remarquables, tant au point de vue de l’image qu’à celui du contenu, sur le massacre de Katyn, sur le long chemin vers le pacte germano-soviétique, sur la nature du Goulag. Ces documentaires sont longs, très bien rythmés, le récit est précis. Ils consacrent d’une certaine manière la sortie d’une histoire très idéologisée. "


American Factory

Philippe Meyer, créée le 01-03-2020

"Dans la foulée je recommanderai cet autre documentaire, visible sur Netflix. Il a été tourné à Dayton, Ohio, dans une usine fabriquant des vitres pour les automobiles, et qui a été rachetée par les Chinois. Les ouvriers Chinois arrivent, ils ne sont évidemment pas payés un centime de plus que s’ils étaient en Chine, travaillent six jours par semaine (contre cinq pour les Américains), et sont corvéables à merci. A un moment on emmène la maîtrise américaine, plutôt réticente, en Chine pour essayer de la convaincre, à l’occasion d’une fête d’usine chinoise. Je préfère n’en rien dire, tellement les dessous de cette fête sont épouvantables. Tout le personnel a été mobilisé pour chanter, danser, etc. Quand on lit la traduction des paroles de ces chansons, cela donne à peu près : « vivement que nous puissions travailler encore plus ! Vive la productivité accrue ! Vive nos chefs ! Etc. » On a l’impression d’être dans un film de Mel Brooks, ce n’est hélas pas le cas."


143 rue du désert

Akram Belkaïd, créée le 01-03-2020

"Je voudrais rester dans le sujet algérien et vous parler de Hassen Ferhani, un réalisateur algérien de documentaires. Il avait en 2015 sorti « Fi Rassi Rond-point », tourné dans les abattoirs d’Alger (qui ont été détruits depuis). Il avait filmé la communauté qui vivait dans ces abattoirs et représentait une sorte de modèle réduit de ce qu’était l’Algérie. L’un des personnages prononçait cette phrase culte : « En Algérie, on ne ment jamais mais on ne succombe jamais à la vérité ». Hassen Ferhani sort un nouveau documentaire, qui s’appelle « 143 rue du désert ». C’est dans le désert algérien, et c’est une femme qui tient un relais routier. Le film est assez saisissant, il a été primé en septembre dernier à Locarno, il sera diffusé en France à partir du mois de juin. Cela me donne l’occasion de dire qu’il y a une production cinématographique algérienne de qualité qui est de plus en plus importante. La génération qui s’exprime en ce moment est la plus talentueuse qu’on ait eue. Le problème est qu’en France les diffusions sont souvent restreintes alors que le public existe. "


Machiavel une vie en guerres

Nicolas Baverez, créée le 23-02-2020

"Je voulais recommander la lecture de cet ouvrage de Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini. C’est une biographie à la fois personnelle et intellectuelle de Machiavel, qui montre le lien indissociable entre la politique et la guerre.C’est évidemment intéressant pour le monde du XVIème siècle, car Machiavel établit la vérité des choses, montre la responsabilité de l’Etat, cherche des solutions politiques et militaires pour un monde neuf. Mais c’est aussi précieux pour la période présente. Raymond Aron avait travaillé sur Machiavel et les tyrannies modernes dans les années 30. Cette décennie 2020 est un nouveau moment machiavélien avec les démocratures et les démocraties libérales. Il est très intéressant de retourner à la source en compagnie du Grand Secrétaire de la République de Florence."


Qui gouverne Paris ?

Philippe Meyer, créée le 23-02-2020

"Je vais dire quelques mots sur cette émission hors-série du lundi 2 mars à 19h, intitulée « qui gouverne Paris? ». La compétition municipale braque les projecteurs sur les partis, sur leurs héros, sur les programmes et sur les rivalités. Mais la ville d’aujourd’hui, et plus encore celle à venir, se décide-t-elle encore dans les assemblées élues pour l’administrer ? Au cours des dix dernières années, qu’est-ce qui a pesé le plus lourd dans l’accès au logement à Paris ? La politique de l’Etat ? Les décisions du conseil municipal ? Ou le développement d’AirBnB ? Quelles sont les régulations possibles ? Quelles initiatives permettent de faire remonter de la population des innovations, des outils (en dehors des périodes où elle est invitée à élire ses représentants) ? C’est autour de ce thème que nous réunissons Cécile Maisonneuve, qui dirige la Fabrique de la Cité, Alexandre Mussche, de l’agence d’urbanisme Vraimentvraiment, Marc-Olivier Padis de Terra Nova et notre amie Lucile Schmid. "