Les brèves

Devenir Matisse

Philippe Meyer, créée le 15-12-2019

"Au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, ville d’origine du peintre, se tient en ce moment une très belle exposition, charmante, gaie, intelligemment faite, intitulée « devenir Matisse ». Si vous vous rendez en voiture dans cette ville, ce qui est probable vu l’état de la circulation ferroviaire en ce moment, vous avez aussi la possibilité de passer par l’abbaye de Longpont, de visiter Soissons, ou la cathédrale -et même la ville- de Laon, qui est intéressante à plus d’un titre, puisqu’elle donne à comprendre comment le pouvoir central en a fini avec des villes qui étaient d’une grande importance géographique ou militaire. Mentionnons aussi le château de Blérancourt, où un musée franco-américain est aussi naïf que touchant."


Errances

Marc-Olivier Padis, créée le 15-12-2019

"Pour les gens qui aiment les récits de voyage, je recommanderai ce livre d’Olivier Remaud. C’est en réalité une biographie de Vitus Béring, l’explorateur qui a donné son nom à la mer, à l’île, à la ville et au détroit séparant la Sibérie de l’Alaska. Au début du XVIIIème siècle, ce Danois a été chargé par le tsar d’explorer les confins d la Sibérie et de dessiner les limites de la côte. On ne savait pas à cette époque si le continent touchait l’Amérique ou non. Il part donc sans vraie carte et découvre des peuples sibériens mal connus. C’est un récit qui est aussi historique, puisqu’il présente les outils de navigation, les moyens de se repérer, d’une certaine manière la naissance de la géographie."


L’institut Jacques Delors

Nicole Gnesotto, créée le 15-12-2019

"Je voudrais aussi insister, en matière de questions européennes, sur l’importance des publications de l’Institut Jacques Delors. L’institut a, comme son nom l’indique, été fondé par Jacques Delors quand il quitta la Commission européenne en 1996, et ce n’est pas un institut français, même s’il est basé à Paris, mais réellement européen par ses chercheurs, son financement, et son programme. Il y a depuis les élections européennes une série de publications extrêmement pertinentes, ainsi qu’un observatoire sur ces élections et ce nouveau Parlement européen. Sur le Brexit, une série de blogs très intéressants, et enfin un compendium appelé « new beginnings », réalisé en partenariat avec la branche berlinoise de l’institut, qui présente des propositions très précises sur l’agenda qu’a présenté Mme von der Leyen. "


Amis Américains

Jean-Louis Bourlanges, créée le 15-12-2019

"Je voudrais signaler ce magnifique -et énorme- volume, qui vient d’être réédité pour la deuxième fois, de notre ami Bertrand Tavernier sur les amis américains. L’auteur est indiscutablement un de nos plus grands réalisateurs, c’est aussi l’homme de France qui connaît le mieux à la fois le cinéma américain et l’Amérique elle-même, son Histoire, ses guerres, etc. Il s’agit ici d’un énorme volume, admirablement iconographié, c’est une série d’entretiens avec tous les Américains du cinéma que nous aimons. Au moment où l’Amérique offre, au moins sur le plan politique, un visage assez déplaisant, il est excellent de se remonter le moral à travers ce livre, pour voir à la fois ce qu’apporte l’Amérique au cinéma, et ce qu’un regard aussi perçant, aigü et généreux que celui de Bertrand Tavernier peut en tirer. "


Hommage à James Mc Cearney

Jean-Louis Bourlanges, créée le 08-12-2019

"James Mc Cearney était un ami très cher, mort d’une crise cardiaque. C’était un professeur de langues à Sciences Po extrêmement apprécié de ses étudiants. Il a écrit plusieurs livres à propos du Royaume-Uni, notamment trois biographies, de Disraeli, de Gladstone et de Lloyd George, qui éclairent très largement le passé de ce grand peuple un peu en suspens aujourd’hui. Il était en train d’écrire une biographie de Walter Scott, qui aurait certainement été passionnante. C’était un garçon arrivé en France à 18 ans, issu d’une famille ouvrière de Glasgow, qui écrivait ses livres dans un français absolument impeccable et d’une rare élégance. Je voudrais saluer sa mémoire et vous inviter à lire ses livres."


Slow démocratie

Philippe Meyer, créée le 08-12-2019

"« Ralentir » est l’idée qui sous-tend ce livre. David Djaïz part de la constatation devrait plutôt être appelée hyper-mondialisation, parce que si elle a réduit les inégalités entre les pays, elle les a aggravées au sein des pays. Parce que les conséquences de cette hyper-mondialisation n’ont pas été régulées, et c’est cette absence de régulation qui rendrait toute sa légitimité à la nation, pas dans le sens où l’extrême-droite entend ce terme, mais une nation dans laquelle la citoyenneté précède la nationalité. Son propos doit nous inciter à revenir à la subsidiarité chère à Jacques Delors, donc à réhabiliter la puissance publique, à développer de toutes les manières possibles une démocratie plus directe, à associer les citoyens, à reconnaître qu’on ne change pas une société par décret. Bref, la nation est pour David Djaïz la seule forme politique dans laquelle on peut faire coexister les libertés civiles avec la solidarité, et c’est un sujet trop important pour le laisser à l’extrême-droite."




Billebaude n°15

Lucile Schmid, créée le 08-12-2019

"Je voulais recommander le dernier numéro de la revue du Musée de la chasse et de la nature, qui a une revue appelée Billebaude (« billlebaude désigne la chasse spontanée et non organisée). Cette revue est un objet extraordinaire, qui mélange philosophie, les photos, l’art contemporain. Le dernier numéro s’appelle « fauve », un terme profondément ambivalent, qui renvoie à notre animalité, au lien entre celle-ci et notre humanité. Vous y trouverez à la fois un article de Michel Pastoureau sur la couleur fauve, mais aussi un merveilleux entretien avec Nastassja Martin, cette anthropologue qui a vécu une étreinte avec un ours, qui a failli lui coûter la vie et l’a profondément changée. "


Souvenirs culinaires

Matthias Fekl, créée le 08-12-2019

"J’avais aussi prévu de parler de « Slow démocratie », mais cela ayant été fort bien fait, je recommanderai donc un livre plus léger qui m’a beaucoup plu, ce sont les souvenirs culinaires d’Auguste Escoffier. Il a commencé de manière très modeste dans l’auberge familiale, et finit par devenir chef du Ritz, l’un des premiers grands chefs internationaux au tournant du siècle. Il raconte de manière magnifique à la fois les produits du terroir et l’art de les accommoder, l’essor de la grande hôtellerie internationale, et puis de sa pensée sociale et de la manière dont il pense qu’il faut, dans l’hôtellerie et en cuisine, prendre soin des salariés. Tout cela donne un livre historique très fort, presque politique, qui vous donnera peut-être envie de lire aussi son guide culinaire, une lecture adaptée pour les fêtes. "


To build a better world

Michaela Wiegel, créée le 01-12-2019

"Je voulais recommander un livre qui attend sa traduction française, écrit par l’ancienne secrétaire d’état américaine Condoleezza Rice, avec un autre professeur, responsable à l’époque de la commission sur le 11 septembre, Philip Zelikow, et dont le titre est littéralement « construire un meilleur monde ». C’est un ouvrage très complet sur le monde après la chute du mur et du rideau de fer. J’ai trouvé particulièrement intéressant le chapitre sur l’OTAN, parce ces deux auteurs montrent à quel point à l’époque, les Américains étaient conscients des changements qui devaient intervenir dans l’alliance suite à la disparition de l’ennemi soviétique. Ils montrent étape par étape tout ce qui a été fait. Il est très utile de se le remémorer alors que le débat est à nouveau en cours, et qu’on entend que beaucoup que l’OAN n’aurait pas changé depuis la fin de la guerre froide. "