Les brèves


Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Nicole Gnesotto, créée le 01-12-2019

"Ma brève sera beaucoup plus banale, mais néanmoins enthousiaste : je parlerai du Goncourt. Je les lis systématiquement. Jean-Paul Dubois n’est pas un auteur né de la ndernère pluie, c’est son 22ème roman, il travaille normée the sur la société française. Il dit lui-même qu’il a choisi l’écriture parce que c’était la façon la moins douloureuse de vivre sa vie. Il a eu beaucoup de difficultés jusqu’à son roman intitulé « une vie française ». Ce roman-ci est du romanesque pur, le récit improbable de deux hommes dans une prison canadienne, un conducteur d’Harley Davidson qui ne pense qu’à couper la tête de tous les méchants de la planète, et le gardien d’un immeuble qui s’est retrouvé là pour des raisons que je ne révèlerai pas ici. C’est une vraie histoire à laquelle on se laisse prendre, il n’y a aucune prétention philosophique, si ce n’est la description de l’atroce humanité de ce monde."



Émerveillements / Réflexions sur la Grèce antique

Nicolas Baverez, créée le 01-12-2019

"En guise d’antidote, je recommanderai aussi le livre paru sur les écrits de Jacqueline de Romilly, qui s’appelle à juste titre « Émerveillements ». C’est magnifique. On a l’histoire d’Hector et d’Alcibiade, les démagogues qui ont ruiné la démocratie athénienne. Mais on a surtout la manière dont les Grecs ont su à la fois penser et mettre en place la liberté politique, la liberté des hommes, et la dégager face à la loi des dieux et face à la loi de la cité. "


Georges Picquart

Philippe Meyer, créée le 01-12-2019

"Picquart est un personnage tout à fait extraordinaire, il est très cultivé et mélomane, grand connaisseur de le littérature, il parle 6 langues, c’est un wagnérien fervent, un cavalier remarquable, bref c’est un personnage comme ce que la grande bourgeoisie de cette époque peut donner de meilleur. La thèse de Christian Vigouroux est que c’est le sens de l’honneur qui a poussé Picquart à agir comme il a agi, à payer comme il a payé pour finalement en être récompensé par Clémenceau. Elle est très différente de celle que tient par exemple Laurent Greilsamer, qui dans la vraie vie du capitaine Dreyfus, pense plutôt que Picquart a agi comme il l’a fait quand il a compris qu’on avait arrêté la mauvaise personne, et donc qu’il restait un espion au sein de l’état-major, qu’il s’agissait de trouver. Je voudrais vous lire un petit extrait de ce que Georges Clémenceau a dit aux obsèques du général Picquart : «  Jeunes gens, si sévères parfois aux anciens, lisez l’histoire de cet homme. Apprenez-la surtout dans les odieux pamphlets de haine et d’outrage dont la plus pure conscience s’est vue assaillir, lisez tout, sans vous laisser rebuter par aucune vilénie, par aucune infamie, et apprenez au prix de quelles douleurs se conquièrent ces droits de justice et de liberté dont quelques-uns parlent sottement, tandis que des rôdeurs se demandent, puisque certains des vôtres semblent n’y pas tenir, s’ils ne pourraient pas réussir à vous les enlever. »"


L’homme qui aimait les chiens

Matthias Fekl, créée le 24-11-2019

"Pour rester en Amérique latine, en tous cas au sens large, je vous recommande l’œuvre de l’écrivain cubain Leonardo Padura, qui est un auteur extraordinaire, qui a écrit plusieurs types de livres. Son chef-d’œuvre à mon avis est « l’homme qui aimait les chiens », une traversée du XXème siècle absolument extraordinaire, avec la nostalgie des promesses de la révolution et une forme de désenchantement devant ce qui en est advenu. Mais aussi des romans policiers, où l’on pénètre dans le Cuba d’aujourd’hui. L’auteur vit à La Havane, et il y publie des livres assez critiques sur l’état du pays, avec un style et une humanité absolue. "


J’accuse

Philippe Meyer, créée le 24-11-2019

"Un mot aussi sur le film de Polanski. Il est remarquablement joué, par des acteurs qui ne se laissent tenter par le surjeu à aucun moment, et Dieu sait si c’est facile quand on joue les bons ou les méchants. Sur l’aspect historique, on sait de quelle « novélisation » le film repose. Il en a les mêmes défauts : n’avoir pas bien compris ce que c’était que Picquart, et pour quelle raison Picquart a fait ce qu’il a fait. Il en a fait une sorte de bon samaritain héroïque. Ce film m’a fait le même effet qu’Amadeus. J’étais sorti furieux de la représentation de Mozart en punk hennissant dans ce film, et en même temps ébloui par l’intelligence du film, sa construction, sa splendeur, et toute l’envie qu’il pouvait donner d’écouter la musique. Je pense la même chose de J’accuse."



La laïcité : histoire d’une singularité française

Jean-Louis Bourlanges, créée le 24-11-2019

"Philippe Raynaud vient de recevoir le prix jeanzé, qui récompense les ouvrages porteurs de valeurs républicaines. Les gens ne se précipitent pas pour lire des lives de ce genre, mais ils ont tort. Je ne suis pas entièrement d’accord avec tout ce que dit l’auteur, je trouve qu’il sous-estime la matrice chrétienne de la laïcité, mais il montre quelque chose de tout à fait essentiel : le lien entre l’établissement du pouvoir absolu à partir d’Henri IV et la laïcité, c’est à dire ce moment où le pouvoir politique s’affranchit de toute tutelle religieuse, pour devenir lui-même l’ordonnateur du jeu politique, à la place de l’Eglise. C’est une histoire très intéressante, qui aboutit aux grandes polémiques d’aujourd’hui. Vu l’importance centrale des problèmes liés à la laïcité dans notre pays, c’est un livre que tout le monde devrait lire."


1939 : l’alliance soviéto-nazie aux origines de la fracture européenne

Béatrice Giblin, créée le 24-11-2019

"Je vous conseille la brochure de la fondation pour l’innovation politique, écrite par Stéphane Courtois : 1939 : l’alliance soviéto-nazie aux origines de la fracture européenne. C’est extrêmement intéressant pour montrer l’ampleur des liens qu’il y a eus entre 1939 et 1941 entre les deux régimes. C’est très éclairant, notamment sur le rôle de Staline dans cette affaire. C’est très important pour comprendre pourquoi les Polonais et plus largement les pays d’Europe de l’Est ont aujourd’hui cette méfiance viscérale vis-à-vis de la Russie."



Une des dernières soirées de carnaval

Philippe Meyer, créée le 17-11-2019

"Un spectacle qui se donne actuellement au théâtre des Bouffes du Nord. C’est la dernière pièce que Goldoni écrit à Venise, avant de trouver refuge à Paris, par désespoir de ne pas pouvoir faire changer les traditions théatrâles vénitiennes, marquées par un essoufflement de la Commedia dell’Arte. Il y a d’ailleurs un très joli hommage continu à Venise tout le long du spectacle. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger est comme d’habitude extrêmement intelligente et sensible. "