Les brèves

Les Misérables

Béatrice Giblin, créée le 15-12-2019

"Je voudrais revenir sur le film « les Misérables ». On a beaucoup dit sur ce film, mais ce sont les échos que j’entends ici ou là qui m’inquiètent. Ainsi, notamment en province, on s’imagine que c’est ça la banlieue, et que nous aurons demain des situations abominables. Il faut redire que c’est une fiction et non un documentaire. C’est très habilement fait, et il ne s’agit pas de nier des difficultés ou des discriminations, mais gardons à l’esprit que le réel est plus complexe, contradictoire et paradoxal que le film. "


Devenir Matisse

Philippe Meyer, créée le 15-12-2019

"Au musée Matisse du Cateau-Cambrésis, ville d’origine du peintre, se tient en ce moment une très belle exposition, charmante, gaie, intelligemment faite, intitulée « devenir Matisse ». Si vous vous rendez en voiture dans cette ville, ce qui est probable vu l’état de la circulation ferroviaire en ce moment, vous avez aussi la possibilité de passer par l’abbaye de Longpont, de visiter Soissons, ou la cathédrale -et même la ville- de Laon, qui est intéressante à plus d’un titre, puisqu’elle donne à comprendre comment le pouvoir central en a fini avec des villes qui étaient d’une grande importance géographique ou militaire. Mentionnons aussi le château de Blérancourt, où un musée franco-américain est aussi naïf que touchant."


L’institut Jacques Delors

Nicole Gnesotto, créée le 15-12-2019

"Je voudrais aussi insister, en matière de questions européennes, sur l’importance des publications de l’Institut Jacques Delors. L’institut a, comme son nom l’indique, été fondé par Jacques Delors quand il quitta la Commission européenne en 1996, et ce n’est pas un institut français, même s’il est basé à Paris, mais réellement européen par ses chercheurs, son financement, et son programme. Il y a depuis les élections européennes une série de publications extrêmement pertinentes, ainsi qu’un observatoire sur ces élections et ce nouveau Parlement européen. Sur le Brexit, une série de blogs très intéressants, et enfin un compendium appelé « new beginnings », réalisé en partenariat avec la branche berlinoise de l’institut, qui présente des propositions très précises sur l’agenda qu’a présenté Mme von der Leyen. "


Errances

Marc-Olivier Padis, créée le 15-12-2019

"Pour les gens qui aiment les récits de voyage, je recommanderai ce livre d’Olivier Remaud. C’est en réalité une biographie de Vitus Béring, l’explorateur qui a donné son nom à la mer, à l’île, à la ville et au détroit séparant la Sibérie de l’Alaska. Au début du XVIIIème siècle, ce Danois a été chargé par le tsar d’explorer les confins d la Sibérie et de dessiner les limites de la côte. On ne savait pas à cette époque si le continent touchait l’Amérique ou non. Il part donc sans vraie carte et découvre des peuples sibériens mal connus. C’est un récit qui est aussi historique, puisqu’il présente les outils de navigation, les moyens de se repérer, d’une certaine manière la naissance de la géographie."



Amis Américains

Jean-Louis Bourlanges, créée le 15-12-2019

"Je voudrais signaler ce magnifique -et énorme- volume, qui vient d’être réédité pour la deuxième fois, de notre ami Bertrand Tavernier sur les amis américains. L’auteur est indiscutablement un de nos plus grands réalisateurs, c’est aussi l’homme de France qui connaît le mieux à la fois le cinéma américain et l’Amérique elle-même, son Histoire, ses guerres, etc. Il s’agit ici d’un énorme volume, admirablement iconographié, c’est une série d’entretiens avec tous les Américains du cinéma que nous aimons. Au moment où l’Amérique offre, au moins sur le plan politique, un visage assez déplaisant, il est excellent de se remonter le moral à travers ce livre, pour voir à la fois ce qu’apporte l’Amérique au cinéma, et ce qu’un regard aussi perçant, aigü et généreux que celui de Bertrand Tavernier peut en tirer. "




Slow démocratie

Philippe Meyer, créée le 08-12-2019

"« Ralentir » est l’idée qui sous-tend ce livre. David Djaïz part de la constatation devrait plutôt être appelée hyper-mondialisation, parce que si elle a réduit les inégalités entre les pays, elle les a aggravées au sein des pays. Parce que les conséquences de cette hyper-mondialisation n’ont pas été régulées, et c’est cette absence de régulation qui rendrait toute sa légitimité à la nation, pas dans le sens où l’extrême-droite entend ce terme, mais une nation dans laquelle la citoyenneté précède la nationalité. Son propos doit nous inciter à revenir à la subsidiarité chère à Jacques Delors, donc à réhabiliter la puissance publique, à développer de toutes les manières possibles une démocratie plus directe, à associer les citoyens, à reconnaître qu’on ne change pas une société par décret. Bref, la nation est pour David Djaïz la seule forme politique dans laquelle on peut faire coexister les libertés civiles avec la solidarité, et c’est un sujet trop important pour le laisser à l’extrême-droite."



Hommage à James Mc Cearney

Jean-Louis Bourlanges, créée le 08-12-2019

"James Mc Cearney était un ami très cher, mort d’une crise cardiaque. C’était un professeur de langues à Sciences Po extrêmement apprécié de ses étudiants. Il a écrit plusieurs livres à propos du Royaume-Uni, notamment trois biographies, de Disraeli, de Gladstone et de Lloyd George, qui éclairent très largement le passé de ce grand peuple un peu en suspens aujourd’hui. Il était en train d’écrire une biographie de Walter Scott, qui aurait certainement été passionnante. C’était un garçon arrivé en France à 18 ans, issu d’une famille ouvrière de Glasgow, qui écrivait ses livres dans un français absolument impeccable et d’une rare élégance. Je voudrais saluer sa mémoire et vous inviter à lire ses livres."


Souvenirs culinaires

Matthias Fekl, créée le 08-12-2019

"J’avais aussi prévu de parler de « Slow démocratie », mais cela ayant été fort bien fait, je recommanderai donc un livre plus léger qui m’a beaucoup plu, ce sont les souvenirs culinaires d’Auguste Escoffier. Il a commencé de manière très modeste dans l’auberge familiale, et finit par devenir chef du Ritz, l’un des premiers grands chefs internationaux au tournant du siècle. Il raconte de manière magnifique à la fois les produits du terroir et l’art de les accommoder, l’essor de la grande hôtellerie internationale, et puis de sa pensée sociale et de la manière dont il pense qu’il faut, dans l’hôtellerie et en cuisine, prendre soin des salariés. Tout cela donne un livre historique très fort, presque politique, qui vous donnera peut-être envie de lire aussi son guide culinaire, une lecture adaptée pour les fêtes. "