Les brèves

Une vie cachée

Nicole Gnesotto, créée le 01-03-2020

"Je vais rester dans le cinéma pour vous recommander très vite voir le dernier film de Terrence Malick, avant qu’il ne disparaisse des écrans. C’est très beau, les paysages autrichiens sont magnifiques, il y a une puissance visuelle presque mystique. C’est l’histoire d’un homme qui dit non, d’un objecteur de conscience sous le régime nazi. Il accepte d’être enrôlé mais refuse de dire « heil Hitler ». Il sera déterminé jusqu’à sa fin, tragique. Il a d’ailleurs été béatifié en 2007. C’est peut-être le défaut du film, ce mysticisme catholique. Mais ça n’en reste pas moins un très grand film, et une bouleversante merveille visuelle."


Cuban network

Matthias Fekl, créée le 01-03-2020

"Pour ma part je vous conseille le film d’Olivier Assayas, très beau lui aussi. On suit l’arrivée à Miami de deux Cubains de Cuba dans les milieux cubains de Floride. Je ne vais pas raconter davantage car il s’agit d’un thriller à suspense. Mais le film montre aussi les difficultés de la vie à Cuba, et les relations qui restent à fleur de peau entre les Cubains de l’île et ceux de la diaspora, et le rôle de ces derniers dans la vie politique américaine. Des plaies restent béantes plus de 60 ans après la révolution cubaine. Une situation dont on espérait qu’elle pourrait évoluer à la fin du mandat d’Obama, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. "


Machiavel une vie en guerres

Nicolas Baverez, créée le 23-02-2020

"Je voulais recommander la lecture de cet ouvrage de Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini. C’est une biographie à la fois personnelle et intellectuelle de Machiavel, qui montre le lien indissociable entre la politique et la guerre.C’est évidemment intéressant pour le monde du XVIème siècle, car Machiavel établit la vérité des choses, montre la responsabilité de l’Etat, cherche des solutions politiques et militaires pour un monde neuf. Mais c’est aussi précieux pour la période présente. Raymond Aron avait travaillé sur Machiavel et les tyrannies modernes dans les années 30. Cette décennie 2020 est un nouveau moment machiavélien avec les démocratures et les démocraties libérales. Il est très intéressant de retourner à la source en compagnie du Grand Secrétaire de la République de Florence."


Le naufrage des civilisations

François Bujon de L’Estang, créée le 23-02-2020

"Dans nos réflexions sur les changements du monde, la disparition de l’Occident et tout ce qui s’ensuit, je voudrais simplement dire le plaisir et l’intérêt que j’ai eus à lire le livre d’Amin Maalouf, publié chez Grasset. C’est une très intéressante analyse de la disparition de ce qu’on appelle « le vivre-ensemble », qui caractérisait les sociétés moyen-orientales et celles du Levant. L’émiettement de l’Occident commence par celui de la mosaïque de cultures et de religions du Levant. Ce livre est aussi intéressant qu’éclairant."


Qui gouverne Paris ?

Philippe Meyer, créée le 23-02-2020

"Je vais dire quelques mots sur cette émission hors-série du lundi 2 mars à 19h, intitulée « qui gouverne Paris? ». La compétition municipale braque les projecteurs sur les partis, sur leurs héros, sur les programmes et sur les rivalités. Mais la ville d’aujourd’hui, et plus encore celle à venir, se décide-t-elle encore dans les assemblées élues pour l’administrer ? Au cours des dix dernières années, qu’est-ce qui a pesé le plus lourd dans l’accès au logement à Paris ? La politique de l’Etat ? Les décisions du conseil municipal ? Ou le développement d’AirBnB ? Quelles sont les régulations possibles ? Quelles initiatives permettent de faire remonter de la population des innovations, des outils (en dehors des périodes où elle est invitée à élire ses représentants) ? C’est autour de ce thème que nous réunissons Cécile Maisonneuve, qui dirige la Fabrique de la Cité, Alexandre Mussche, de l’agence d’urbanisme Vraimentvraiment, Marc-Olivier Padis de Terra Nova et notre amie Lucile Schmid. "


La Dame blanche

Marc-Olivier Padis, créée le 23-02-2020

"Je voudrais recommander un opéra que j’ai pu voir cette semaine : la Dame Blanche, de François-Adrien Boieldieu, à l’Opéra-Comique jusqu’au début mars. Cet opéra fut l’un des plus populaires parmi les opéras français du XIXème siècle. Si vous aimez l’Ecosse des landes, les châteaux hantés, les revenants, les histoires d’enfants enlevés par les corsaires, c’est absolument charmant. Il y a un très beau rapport entre le retour de la mémoire et le passage par la musique."


Le cas Richard Jewell

Jean-Louis Bourlanges, créée le 23-02-2020

"Je veux saluer l’œuvre d’un très grand représentant de l’ancien monde : Clint Eastwood, en recommandant son dernier film. Il est absolument parfait. Les acteurs, dont la formidable Kathy Bates, et surtout Paul Walter Hauser, obèse de 35 ans jouant un vigile un peu simplet très dévoué à l’intérêt général, et victime d’une espèce de complot du FBI. C’est un formidable film sur la machine à broyer l’héroïsme ordinaire, sous la double pression de la presse et du gouvernement. Sur le FBI, il faut saluer ce film, le premier qui n’a pas l’air écrit par quelqu’un qui y travaille. L’agence n’en sort pas grandie."


Le manchot magnifique

Philippe Meyer, créée le 16-02-2020

"Sylvie Bermann : Si on veut s’intéresser à la Russie pendant les prémisses de la révolution, je recommande le livre de Guillemette de Sairigné. C’est l’histoire de Zinovi Pechkoff, fils adoptif de Gorki, né à Nijni-Novgorod, et qui montre bien d’ailleurs que Gorki n’est pas seulement celui qui a collaboré avec le régime (qu’on accuse parfois de lâcheté), mais aussi quelqu’un qui défendait les Juifs, et les révolutionnaires. En 1914, Pechkoff a voulu s’engager dans la Légion étrangère, où il a combattu. Il est devenu général, et même ambassadeur du général de Gaulle auprès de Tchang Kaï-Chek. C’est une vie extraordinaire, et une histoire passionnante qui couvre tous les continents. "



Nous autres réfugiés

Béatrice Giblin, créée le 16-02-2020

"Je vais vous parler d’un tout petit livre d’Hannah Arendt. C’est un très beau texte, dont je vous citerai cette phrase : « les « réfugiés » sont désormais ceux d’entre nous qui ont connu un malheur et ont dû émigrer, sans ressources, dans un autre pays et trouver de l’aide auprès de comités de réfugiés. Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne, nous avons perdu notre travail, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde, nous avons perdu notre langue, c’est-à-dire le naturel de nos réactions, la simplicité de nos gestes, l’expression spontanée de nos sentiments. Nous avons abandonné nos parents et nos meilleurs amis ont péri, ce qui signifie que notre vie privée a été brisée. » Qu’on s’en souvienne vis-à-vis des réfugiés qu’on a du mal à accueillir."


Moscou Au cœur de la création contemporaine

Philippe Meyer, créée le 16-02-2020

"Je signale la publication aux ateliers Henry Dougier des éditions Payot d’un ouvrage consacré à Moscou par un journaliste français, Étienne Bouche. Il y est question de la création contemporaine dans plusieurs domaines. Il comprend des entretiens avec des artistes, qui vont de pianistes à des metteurs en scène ou des photographes, ainsi qu’un guide géographique des lieux de la création contemporaine dans la capitale russe."


L’alerte démocratique

Jean-Louis Bourlanges, créée le 16-02-2020

"Je profite du fait que nous faisons une émission sans Nicolas Baverez pour recommander son dernier livre. C’est une analyse de la crise des valeurs que nous vivons. Il y analyse très bien les rapports avec les années 1930, les différences, la montée du populisme, et propose des solutions, qui sont classiques. Mais deux choses me paraissent importantes : d’abord il sonne le tocsin, et nous fait comprendre que le populisme n’est pas qu’une protestation lointaine mais une menace réelle et très présente. Ensuite, il insiste sur quelque chose qui me paraît très vrai, à savoir que le fond de l’affaire est le ressort moral. Il cite Périclès : « se reposer ou être libre, il faut choisir ». J’ai l’impression que le repos est une tentation forte. Nicolas Baverez place tout son livre sous le patronage de Ionesco et du monologue final de Rhinocéros, dans lequel Bérenger finit par déclarer : « je suis le dernier homme »."