Les brèves

River of time : mémoires de la guerre du Vietnam et du Cambodge

François Bujon de L’Estang, créée le 27-10-2019

"Je vous emmène jusqu’au Vietnam et au Cambodge, pour vous recommander la lecture d’un livre publié cet été seulement , aux éditions de l’Equateur. Il est de Jon Swain, journaliste britannique qui fut le correspondant du Sunday Times, et il est intitulé « River of time : mémoires de la guerre du Vietnam et du Cambodge ». C’est un livre tout à fait remarquable, qui fait vivre aux premières loges, non seulement la guerre du Vietnam, mais la prise de Phnom Penh, l’arrivée des Khmers Rouges, l’installation de ce régime dont personne n’avait soupçonné la cruauté. Le livre est extraordinairement vivant, il avait d’ailleurs déjà été publié en Grande-Bretagne en 1995. "


Le traître (Il traditore)

Philippe Meyer, créée le 27-10-2019

"Ce qui me permet d’évoquer le film de Marco Bellocchio, qui à 80 ans, nous raconte dans « le Traître », l’histoire de Tommaso Buschetta, mafieux repenti, qui refuse d’ailleurs de se faire appeler « repenti », car il dit s’être conduit en fonction du code d’honneur de la mafia. Il reste un homme d’honneur, même en ayant fait tomber Totò Riina, (qui lui, est à proprement parler un monstre) et même si ses dénonciations ont abouti à cet extraordinaire procès (pour lequel il a fallu construire une salle) qui a fini par aboutir à une condamnation, grâce à l’habileté et l’entêtement de quelques juges. Tommaso Buschetta est admirablement joué par Pierfrancesco Favino, absolument méconnaissable."



Dictionnaire amoureux de la diplomatie

Jean-Louis Bourlanges, créée le 27-10-2019

"Je voudrais reprendre et prolonger la présentation qu’avait faite François de l’excellent livre de Daniel Jouanneau : le dictionnaire amoureux de la diplomatie. Rentrer dans la diplomatie, c’est toujours assez difficile, et là, le mécanisme du dictionnaire fait qu’on picore agréablement, on apprendénorméement de choses, c’est bourré d’anecdotes, j’ai notamment appris que la citation que je croyais être de Clémenceau était en fait de Philippe Berthelot, à propos d’Aristide Briand : « Poincaré sait tout mais ne comprend rien, Briand ne sait rien mais comprend tout ». Je ne résiste pas au plaisir de citer la lettre par laquelle Louis XV a congédié le duc de Choiseul : « mon cousin, le mécontentement que me causent vos services me force à vous exiler à Chanteloup, où vous vous rendrez dans 24 heures. Je vous aurais envoyé beaucoup plus loin, si ce n’était l’estime particulière que j’ai pour Madame la duchesse de Choiseul, dont la santé m’est fort intéressante. Prenez garde que votre conduite ne me fasse prendre un autre parti. Sur ce, je prie Dieu, mon cousin, qu’il vous aie en sa sainte garde » "


Nos vies contre l’oubli

Philippe Meyer, créée le 20-10-2019

"Ce sont des entretiens avec Laurent Greilsamer. Je m’arrête simplement sur la question du traitement en France des Juifs pendant la guerre. Les Klarsfeld, qui ne sont pas seulement activistes mais aussi historiens, établissent que contrairement à la légende, il y a eu très peu de dénonciations. Elles ont lieu jusqu’en 1942, et viennent de gens précis qui travaillent avec les gens qu’ils dénoncent, souvent pour obtenir, d’une manière commode bien qu’infecte, une meilleure position professionnelle. Pour les Klarsfeld, c’est essentiellement le recensement qui a permis les arrestations, c’est à dire la confiance que les Juifs de France et d’Europe centrale réfugiés en France ont placé dans le système français. Autre chose qui va à l’encontre des « vérités » fabriquées par les paresseux ou les réseaux sociaux : l’importance du rôle des Églises, catholiques et protestantes. Pour les Klarsfeld, ce sont les églises et la population qui ont permis de sauver 75% des Juifs, une population marquée par la charité chrétienne et les valeurs républicaines inculquées par le curé et l’instituteur."


Passeport diplomatique -Quarante ans au Quai d’Orsay-

Nicole Gnesotto, créée le 20-10-2019

"Gérard Araud était l’auteur de ce tweet devenu célèbre : « Après le Brexit, l’élection de Trump. Un monde s’effondre. Vertige. ». Ce livre est intéressant parce qu’il y a trois lectures possibles. La première est une réflexion sur la fin de l’ordre néo-libéral (l’auteur est arrivé sous Reagan), une deuxième est un récit de 40 ans de vie diplomatique, aussi intéressant qu’on peut l’imaginer, et enfin c’est une plongée dans le métier concret d’ambassadeur, c’est à dire à la fois maître d’hôtel, porte-serviettes de ministres, avant de voyages de chefs d’état ... C’est aussi une espèce de Machiavel chargé de dénouer des situations très problématiques. Il prend l’exemple de la négociation avec l’Iran et la non-prolifération nucléaire. Cette plongée dans le concret est absolument passionnante."


Girl

Béatrice Giblin, créée le 20-10-2019

"Dans une fiction d’un réalisme absolument prenant, Edna O’Brien raconte l’histoire d’une des collégiennes kidnappées par Boko Haram. L’auteur a 80 ans, elle est allée faire une enquête sur place au Nigéria pour écrire ce roman, qui décrit le parcours d’une très jeune femme, qui sera violée et aura un bébé (ce qu’il fait qu’elle sera rejetée par toute sa famille quand elle s’en sera sortie). C’est un récit absolument remarquable, d’une très grande force."



Aristide Briand

Jean-Louis Bourlanges, créée le 20-10-2019

"Briand est un libéral au sens plein du terme, c’est à dire venant de la gauche, qui n’a jamais opposé le libéralisme à la gauche, qui a conçu la loi de 1905 sur la laïcité. L’Europe, la paix, la civilisation ... tout cela finira tragiquement, puisque Briand meurt à peu près au moment où Hitler arrive au pouvoir, mais c’était une personnalité extrêmement attachante, politiquement très savoureuse. Il passait pour ne rien connaître et tout comprendre, et il disait de lui-même : « je suis d’une ignorance encyclopédique »."



Toutes fenêtres ouvertes

Jean-Louis Bourlanges, créée le 13-10-2019

"Je voudrais évoquer la disparition d’une amie, fidèle de cette émission, Georgette Elgey. Je voudrais saluer en elle plusieurs choses. Une mémoire exceptionnelle tout d’abord, qu’elle mit au service de son travail de journaliste et d’historienne. Sa monumentale histoire de la IVème République est fantastique, et formidablement éclairante. Sa bienveillance et sa tendresse méritent également d’être saluées, ainsi qu’un exploit, qu’elle raconte dans ses mémoires : quand elle fut menacée de ne pas pouvoir franchir la ligne de démarcation, avec toute sa famille, elle réussit, d’une façon qu’il serait trop long de raconter ici, à ne pas être déportée, mais aussi à déporter tout le régiment qui aurait dû la déporter. "