Les brèves

Une certaine idée de l’Europe

Michaela Wiegel, créée le 05-04-2020

"Retour à l’Europe pour ma part. J’ai relu ce petit essai de Georges Steiner, disparu juste avant la crise du Covid-19. Quand on s’y replonge, on voit bien tout ce que cette crise a suspendu. Sa grande idée est de dire que ce sont les cafés qui font l’Europe. Dessinez la carte des cafés, vous obtiendrez l’un des jalons essentiels de la notion d’Europe. Il écrit : « la dignité de l’Homme, c’est la découverte de la sagesse, la quête d’un savoir désintéressé, la création de beauté. Gagner de l’argent et inonder nos vies de biens matériels de plus en plus dénués d’intérêt est une passion profondément vulgaire et dévastatrice ». "


Deux remarques ...

Jean-Louis Bourlanges, créée le 29-03-2020

"Je ne peux pas m’empêcher, en entendant évoquer Pierre Hassner, de repenser au cadeau de mariage qu’il m’avait fait : une gravure tirée de Monsieur Prudhomme où figurait la formule célèbre et tout à fait d’actualité : « le char de l’état navigue sur un volcan ». Enfin, à propos de Somerset Maugham, j’aimerais rappeler son admirable définition du roman. « Un bon roman doit comporter de la religion, du mystère, du sexe et de l’aristocratie. L’exemple même de la phrase romanesque est : Ciel ! dit la Comtesse. Je suis enceinte ! Mais de qui ? »"


Revue de la Défense Nationale n°827

Marc-Olivier Padis, créée le 29-03-2020

"Je voudrais recommander une revue dont on a rarement l’occasion de parler, celle de la Défense Nationale, qui a eu la bonne idée de consacrer un numéro spécial à Pierre Hassner, philosophe et spécialiste des relations internationales, qui avait régulièrement écrit pour la revue, qui publie ici une anthologie de ces articles, des années 1970 aux années 2010. La vision qu’avait Pierre Hassner des relations internationales impliquait les sociétés civiles, et les mouvements transversaux de société à société. Il fait partie des rares penseurs qui n’en restaient pas au niveau de la confrontation des Etats. Il aurait pu éclairer la situation actuelle. Ce volume commence par un portrait très réussi d’Hassner, sous le titre irrévérencieux mais affectueux de « Maître Yoda ». "


Le chant des bêtes

Lucile Schmid, créée le 29-03-2020

"Un ouvrage passionnant et original de Jean-François Lattarico, qui porte sur la présence de l’animal à l’opéra. Peut-être certains d’entre vous avaient-ils lu le silence des bêtes, d’Elisabeth de Fontenay, . Il y a une certaine résonance avec ce livre-ci, qui raconte comment la scène lyrique regorge d’animaux : perroquets, rossignols, bulldog d’Offenbach ou grenouilles de Rameau. Dans ce moment où la question du langage est bouleversé, ce livre donne à voir comment, à travers les questions du chant, de l’aboiement, du cri, nous trouvons d’autres manières de nous parler. À la fois érudit, très émouvant et passionnant."


Mr Ashenden agent secret

Nicole Gnesotto, créée le 29-03-2020

"De la pure littérature ensuite. Comme je n’ai pas d’autre voyage possible que le tour de ma bibliothèque, j’en ai sorti un livre que je n’avais jamais lu. Il est fait pour l’évasion, c’est un divertissement pur, sans aucune prétention, mais il est formidable. C’est un recueil de nouvelles de Somerset Maugham. C’est très bien écrit, cela se passe pendant la seconde guerre mondiale, et je vous recommande en particulier la nouvelle intitulée « son excellence », un vrai bijou. "






Rouge vif L’idéal communiste chinois

Béatrice Giblin, créée le 22-03-2020

"Pour rester dans le champ abordé ce matin, je vous recommande l’ouvrage d’Alice Ekman, publié aux éditions de l’Observatoire. C’est un livre très clair, d’une excellente spécialiste qui montre que le communisme n’a absolument pas disparu de Chine et qu’au contraire la conviction est très forte qu’il s’agit de la meilleure des idéologies, et qu’elle est promise à un grand avenir. Ce livre nous aide à sortir de cette représentation selon laquelle nous étions arrivés à la fin du communisme. Rien n’est moins vrai. "


Le choc démographique

Nicolas Baverez, créée le 22-03-2020

"Bruno Tertrais nous montre que ce sont les problèmes humains (vieillissement, naissances, urbanisation) qui sont au cœur des problèmes du monde d’aujourd’hui, mais aussi qu’il n’y a pas de choc démographique des civilisations, ce qui est tout à fait positif, puisqu’il est donc possible d’avoir une politique raisonnable en matière de démographie. C’est la chance d’aller vers un monde plus pacifique, et elle est bienvenue par les temps qui courent. "


Le hussard sur le toit

Nicolas Baverez, créée le 22-03-2020

"Sans doute l’un des plus beaux livres de Jean Giono. Le roman se passe en 1832 pendant la crise du choléra. Le héros, Angelo Pardi, est d’une certaine manière le fils spirituel du Fabrice del Dongo de Stendhal, et il affronte l‘épidémie de choléra en Provence. Giono disait de son livre : « le choléra est un révélateur, un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus nobles ». Je pense qu’il en va de même aujourd’hui avec le coronavirus. "