Les brèves

Hommage à Bassma Kodmani

Nicole Gnesotto, créée le 12-03-2023

"Je voudrais profiter de cette brève pour rendre hommage à une collègue et amie qui vient de nous quitter, Bassma Kodmani. Elle était un très grand chercheur, je l’ai connue à l’IFRI et ces dernières années elle était à l’Institut Montaigne. C’était surtout une grande dame de la politique syrienne, elle s’était battue pour la démocratie en Syrie, allant courageusement jusqu’à être la porte-parole de l’opposition démocratique à l’époque où il y avait encore des négociations. Je crois que la revue Esprit compte publier prochainement quelques-uns de ses papiers et un portrait, mais beaucoup de ses articles se trouvent sur Internet. "


Une semaine aux Etats-Unis

Philippe Meyer, créée le 12-03-2023

"La seconde, une semaine aux Etats-Unis, est rédigée par Guy Hervier, dont je ne sais rien, sinon qu'il est un auditeur du Nouvel Esprit public et un Chargé de cours sur les Etats-Unis à l’Institut de relations internationales et stratégiques. Depuis qu'il a créé cette lettre, c'est à dire depuis 10 semaines, il a pris l'heureuse habitude de me la faire parvenir. La dernière lettre, enrichie, comme les précédentes de diverses vidéos, expose l'évolution de la Californie, marquée par un commencement d’exode de sa population, examine la situation des GAFAS, sous le coup de plusieurs procédures anti-monopole, et donne les dernières nouvelles de certains complotistes, telle Marjorie Taylor Green, élue de Géorgie à la Chambre des représentants, soutien de QAnon. Elle fit bénir sa candidature par un pasteur qui affirma que l’Ouragan Katrina s’était abattu sur la Nouvelle Orléans parce que la ville avait autorisé une gay pride et que Dieu avait envoyé Hitler sur la Terre pour créer Israël."


Vers Compostelle Regard contemporain sur les chemins de Saint-Jacques

Béatrice Giblin, créée le 12-03-2023

"Je vous recommande la publication de ce colloque qui s’est tenu en 2018. Il s’agit bien évidemment d’une approche pluridisciplinaire, on y trouvera des spécialistes du patrimoine, de l’Histoire de l’art, des géographes, des historiens, des sociologues, des anthropologues à propos de cette réactivation des itinéraires de Compostelle. A ma grande surprise j’ai découvert qu’en 1970 l’office de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle n’avait délivré que 68 certificats de pèlerins ayant fait au moins cent kilomètres. En 2021, on est à plus de 300000. Les Français en constituent évidemment une part importante, mais c’est le monde entier, et pas seulement catholique, qui vient faire ce chemin. On prend également conscience de la façon dont ces chemins mobilisent les populations locales, pour remettre en état et s’approprier le patrimoine, comme avec le village d’Estaing par exemple. En ces temps un peu tristes, cette lecture devrait faire beaucoup de bien."



Le monde, en passant

François Bujon de L’Estang, créée le 12-03-2023

"J’ai toujours considéré qu’il était très recommandable de joindre le futile à l’agréable, c’est pourquoi je vous conseille ce recueil de Pierre Loti, qui vient d’être publié par Calmann-Levy, l’éditeur historique de Loti. Il s’agit de reportages effectués entre 1872 et 1917. Parfois très brefs, et parfois signés Julien Viaud (son vrai nom). Ces récits de voyage se lisent avec un plaisir qui ne se dément pas, cette écriture très fluide et souvent teintée d’ironie vous fera voyager de l’Ile de Pâques à l’Océan Indien, en passant par sa chère Turquie ou par Londres, par l’Espagne … J’en profite pour passer un appel à nos amis de Gallimard : à quand Pierre Loti dans la Pléïade ?"


Emmanuel Berl Le temps, les idées et les hommes

Philippe Meyer, créée le 05-03-2023

"Je voudrais recommander le volume paru aux éditions Bouquins et consacré à Emmanuel Berl. Le regretté Bernard de Fallois, qui signe la préface, observe qu’un obstacle majeur s’est interposé entre Berl et la gloire : il « ne s'admire pas. Il sait parfaitement qu'il vit dans une époque où la célébrité s'attache à la personne plutôt qu'à l'œuvre, où la plus-value biographique, déjà importante au dix-neuvième siècle, est devenue prépondérante. Rien n'y fait : il ne sculptera pas sa statue. Faiblesse suprême, le succès des autres ne lui cause aucun déplaisir ». Après cette préface, il me semble qu’il faut lire la soixantaine de pages dans lesquelles Bernard Morlino, admirable architecte de cet ensemble de textes, brosse la biographie de Berl. Ensuite chacun voguera dans ce volume au gré de ses propres curiosités. Ici, des portraits de Camus, de Chamfort, de Voltaire, de Proust ou de Cocteau. Là, des réflexions sur la Justice, ailleurs une plongée perplexe autour de la politique du général de Gaulle. Histoire de l’art, biologie, psychanalyse, autant de sujets qui mettent en mouvement cette intelligence d’une exceptionnelle probité et cette plume d’une exceptionnelle clarté."


Senghor et les Arts

Lionel Zinsou, créée le 05-03-2023

"Je propose à nos auditeurs d’aller au Musée Jacques Chirac voir cette exposition. Pour tous ceux qui s’intéressent au soft power français, Senghor est incontournable. Il avait l’habitude de dire que la politique commençait et finissait toujours par la Culture. Il l’a prouvé, non seulement en étant un grand poète et un grand écrivain, mais aussi en créant de grandes manufactures de tapisseries (projet qui n’était pas sans rappeler celui de Colbert) et en soutenant toutes les formes de créations artistiques contemporaines, ainsi que toutes les formes de recherche sur les arts et la culture africaine. Cela avait d’ailleurs été très contesté, puisqu’il avait déclaré que « l’émotion est à l’Afrique ce que la raison est à l’Europe » ; sa théorie de la négritude a elle aussi rencontré de fortes oppositions. A travers les textes et les œuvres présentés dans cette exposition, il y a quelque chose qui aide à comprendre pourquoi aujourd’hui dans le pouvoir français en Afrique, la Culture est un élément si central : restitutions des œuvres, Alliances françaises pleines et très nombreuses. Ces succès là sont bien plus grands que les succès économiques ou militaires. C’est un sentiment que Senghor a travaillé à rendre moins français et plus universel."


Cahiers de l’Herne : Jankélévitch

François Bujon de L’Estang, créée le 05-03-2023

"Je salue la publication par les Cahiers de L’Herne d’un numéro consacré au philosophe Vladimir Jankélévitch. Il est très bien fait, comme toujours dans les Cahiers on y trouve des documents inédits, des portraits, des interviews, des critiques … Jankélévitch est l’un de nos grands philosophes, il a traversé tout le XXème siècle (il est né en 1903), enseigna à La Sorbonne pendant plus de 20 ans. Je me souviens avec émotion que du temps où j’y étudiais moi-même, je quittai certains cours pour aller écouter ceux de Jankélévitch deux étages plus haut. Il s’est essentiellement consacré à la morale et à la métaphysique, il a publié plusieurs ouvrages célèbres, dont le fameux « le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien » au titre si accrocheur. Il était à la poursuite de l’insaisissable, non seulement en philosophie mais aussi en musique, puisqu’il a consacré plusieurs ouvrages à cet art. Son livre sur Gabriel Fauré est par exemple tout à fait remarquable. Très grand penseur, formidable enseignant, moraliste qui n’était sûr de rien, Jankélévitch a beaucoup à nous offrir. "


Géopolitique de l’Indo-Pacifique

Béatrice Giblin, créée le 05-03-2023

"Nous avions consacré une émission thématique à l’Indo-Pacifique (n°205, en août 2021, accessible gratuitement sur notre site) avec Isabelle Saint-Mézard. C’est elle qui signe cet ouvrage extrêmment intéressant. Rappelons que depuis une dizaine d’années, le concept « d’Indo-Pacifique » a remplacé celui « d’Asie Pacifique ». C’est la montée en puissance de la Chine et de l’Inde qui a provoqué ce changement de vocable. Désormais l’Indo-Pacifique est la nouvelle représentation de ces rapports de force mondiaux. Indiens, Chinois, Américains, Européens (et notamment Français), tous participent aux enjeux de cette région. Le livre en donne une présentation claire et remarquablement bien faite."


The Fabelmans

Marc-Olivier Padis, créée le 05-03-2023

"Je suis allé voir le film de Steven Spielberg, qui n’a peut-être pas besoin de publicité mais que j’ai beaucoup aimé. La démarche autobiographique est très intéressante, et elle me fait penser à celle de James Gray qui avait sorti « Armageddon time » à l’automne dernier. Deux grands cinéastes américains qui reviennent sur leur enfance pour expliquer comment leur vocation pour le cinéma est née. Interrogations personnelles, hommage à la naissance du cinéma, et récits familiaux dans lesquels la dépression maternelle prend une place importante. Deux films qu’il serait intéressant d’étudier en parallèle un jour, et qui se laissent voir avec beaucoup de plaisir. "


Quel avenir pour la dissuasion nucléaire ?

Nicole Gnesotto, créée le 26-02-2023

"Mon conseil de lecture concerne la dissuasion nucléaire, un aspect très particulier de la guerre en Ukraine, à propos duquel on se rend compte que les gens sont souvent très mal informés. On entend des choses un peu surréalistes sur ce qu’est la dissuasion nucléaire, ou sur ce que pourrait être l’emploi de l’arme atomique. C’est pourquoi ce tout petit ouvrage sera si précieux. Il est paru en octobre dernier, et il est signé de Bruno Tertrais, le meilleur spécialiste français (voire européen) de la dissuasion nucléaire. C’est un très long article, ou un livre très court, qui est accessible gratuitement en ligne. Tout y est : les différents concepts, l’historique, les débats et surtout les questions pour l’avenir. En particulier celle de la moralité de la dissuasion ou de l’emploi de l’arme nucléaire, mais aussi la prolifération iranienne comparée à celle d’Israël, la spécificité de l’arme nucléaire française, l’échec de la dissuasion en Ukraine. Une lecture extrêmement pédagogique et très éclairante. "


The Fabelmans

Nicolas Baverez, créée le 26-02-2023

"J’ai trouvé le dernier film de Steven Spielberg très réussi. Il est très personnel puisqu’il raconte l’enfance d’un futur cinéaste. Comment sa passion et sa curiosité sont inspirés par une scène de film qu’il s’efforce de reproduire chez lui (un accident ferroviaire), et aussi par sa vie familiale, avec la séparation de ses parents. Spielberg parvient à nous montrer comment le cinéma peut parfois être plus vrai que la réalité. "