Les brèves

Appel aux auditeurs

Philippe Meyer, créée le 07-04-2024

"Il est probable que Le Nouvel Esprit public auquel vous êtes attaché(e)s depuis 7 ans ne continuera pas à la rentrée de septembre. Pourquoi ? Pour des raisons financières, bien sûr. Parce que tout augmente, les frais de studio, les frais de post-production, les frais de diffusion, les frais généraux et les charges sociales. Mais aussi et même surtout à cause d’un paradoxe sur lequel a mis le doigt notre commissaire aux comptes : nous ne cessons de gagner des auditeurs et de perdre des contributeurs. Comment est-ce possible ? Notre budget repose sur deux types de contributions, les mensuelles et les ponctuelles. Les mensuelles représentent 40% de nos ressources. Celles et ceux qui ont choisi ce mode de soutien se montrent fidèles et restent à nos côtés après leur premier versement. Ceux qui nous soutiennent par une contribution ponctuelle, (60% de nos ressources) quel que soit son montant, ne la renouvellent que par intermittence, quand la mémoire leur revient, qu’ils se rappellent que nous comptons sur eux et qu’ils ne négligent pas de joindre le geste à ce souvenir. Quelquefois, tout en nous conservant leur écoute et leur estime, ils oublient définitivement de renouveler leur soutien. La raison en est simple : nos conversations et nos badas hebdomadaires continuent à leur arriver régulièrement, notre compendium est à leur disposition chaque semaine et rien ne leur rappelle que leur soutien est indispensable sauf les phrases que je prononce rituellement chaque dimanche et que des amis de notre podcast m'ont reproché de prononcer sur un ton trop léger. Je vais donc être clair, lourd et même relou : si vous souhaitez continuer à recevoir chaque semaine les enregistrements et le compendium de nos conversations hebdomadaires sur l'actualité nationale et internationale, si vous souhaitez recevoir chaque semaine l'enregistrement d'un des badas de la série si c'est pour la culture on a déjà donné, sachez que nous avons besoin du plus grand nombre possible de contributions régulières, modestes ou fastueuses. Si vous ne nous avez encore jamais envoyé de contribution faites-le et faites-le en mode mensuel. Si vous nous avez envoyé un soutien ponctuel sous forme de chèque ou de virement merci d'envisager de transformer votre contribution en un don mensuel."


M. François-Xavier Bellamy et le secret de l’isoloir

Jean-Louis Bourlanges, créée le 07-04-2024

"Cela fait 60 ans que je fais de la politique, et je croyais un peu naïvement avoir tout vu. J’ai été détrompé il y a quelques jours en entendant une interview de François-Xavier Bellamy, au cours de laquelle il refuse de dire pour qui il a voté au deuxième tour de la dernière élection présidentielle, en invoquant « le secret de l’isoloir ». Les bras m’en tombent. Comment un leader politique peut-il se présenter devant le peuple, en reconduisant une liste déjà défendue il y a cinq ans, mais en refusant de dire ce qu’il a fait entre temps, ou de reconnaître pour (et contre) qui il vote. Le secret de l’isoloir n’a pour but que de protéger les gens de manipulations, de s’assurer qu’ils ne sont pas contraints par qui que ce soit de glisser tel ou tel nom dans l’urne. Il n’a pas été fait pour permettre à un leader politique de dissimuler à ses électeurs ses orientations fondamentales. J’ai désormais tout vu."


Mes carnets noirs

Richard Werly, créée le 07-04-2024

"Je suis sûr que le Nouvel esprit public a des auditeurs en Afrique, et après l’appel aux dons qu’a lancé Philippe, je me dis qu’il arrivera peut-être à notre peau de caste quelque chose de comparable à ce que Colette Braeckman raconte dans ses Carnets noirs. Cette journaliste belge nous raconte sa passion pour l’Afrique, dont cette anecdote que je ne résiste pas à partager. Alors que Louis Michel, ancien commissaire européen, est en tournée en Afrique, il est pris d’un grave malaise, il a des hémorragies gastriques. Le lendemain, la délégation belge trouve à la porte de l’hôtel une équipe de guérisseurs congolais, venus proposer leurs services à M. Michel (qui avait entre temps été rapatrié en Belgique), ce représentant de l’ancienne puissance coloniale. Puissent les meilleurs guérisseurs venir au chevet de notre émission !"




Hommage à Jean-Marie Borzeix

Philippe Meyer, créée le 24-03-2024

"Jean-Marie Borzeix, qui fut directeur et rénovateur de France Culture de 1984 à 1997 est mort dimanche dernier. C’est à lui que je dois d’être entré dans cette maison. Sa façon d’incarner ce dont il se réclamait, convictions personnelles ou conceptions du métier suffisait à asseoir son autorité. De tous ceux sous la responsabilité de qui j’ai eu à travailler, il est le seul que j’appelais « patron ». Comme les comédiens du TNP le faisaient avec Vilar. Comme les acteurs de sa troupe le faisaient avec Jouvet. Comme je, comme nous, qui étions la troupe qu’il avait réunie, en plus de reconnaître et de partager sa vision de notre métier, en plus de nous retrouver dans son idée du service public, qui était de prendre le risque de proposer à nos auditeurs des émissions dont ils ne savaient pas qu’ils pourraient les aimer, en plus de comprendre qu’il offrait à France Culture l’avenir dont elle avait besoin, nous ressentions une affection et une admiration immarcescibles pour l’élégance avec laquelle il nous dirigeait. Élégant est une épithète qui lui allait, qui lui va pour toujours. Jean-Marie Borzeix était l’élégance faite homme. Adieu patron, merci, Jean-Marie."


L’Arménie et les Arméniens en 100 questions : les clés d’une survie

Jean-Louis Bourlanges, créée le 24-03-2024

"François Mitterrand avait dit « l’Algérie, c’est la France », et on le lui avait beaucoup reproché. Il avait cependant sans doute un peu raison, dans la mesure où la relation entre les deux pays est si singulière. J’en vois une autre, un peu comparable : l’Arménie. L’Arménie, c’est la France. Il y a entre Arméniens et Français une relation qui n’est pas d’extériorité mais d’intimité, extrêmement profonde, et d’autant plus tragique que nous sommes absolument incapables d’apporter à ce pays la sécurité dont il a besoin. C’est pourquoi je vous recommande ce livre de Michel Marian, un intellectuel de grande qualité. Il répond à des questions aussi élémentaires que fondamentales : l’Arménie a-t-elle été le premier Etat chrétien ? pourquoi le gouvernement turc continue-t-il à nier le génocide ? Les Arméniens sont-ils à jamais dans à main des Russes ? Nous avons le devoir de comprendre ces gens qui nous sont si proches."


Erri De Luca

Nicolas Baverez, créée le 24-03-2024

"J’ai déjà recommandé à ce micro la lecture d’Erri De Luca, cet auteur napolitain qui fut engagé dans l’extrême-gauche, à la fois alpiniste, écologiste, participant à plusieurs convois humanitaires vers l’Ukraine … C’est donc un homme engagé mais aussi et surtout un grand écrivain. Gallimard, dans sa collection Quarto, a eu la bonne idée de réunir un certain nombre de ses romans, récits, poèmes et pièces de théâtre. De Luca explore les relations père-fils, depuis la vagabonds napolitains à Abraham et Isaac, en passant par la génération 68."


L’Europe face à l’Ukraine

Béatrice Giblin, créée le 24-03-2024

"Je vous conseille ce livre de Sylvain Kahn, un universitaire passionné par l’Europe. Ce petit ouvrage insiste sur les métamorphoses de l’Europe, entraînées par les chocs qui se succèdent depuis 2005. Après l’échec du référendum sur la Constitution, on pouvait craindre que tout n’aille à vau l’eau, et pourtant elle a su se ressaisir face à des crises sévères. Le Brexit, la Covid, la guerre en Ukraine … L’auteur analyse les vulnérabilités et la robustesse de l’Europe, à travers plusieurs scénarios très pertinents."



La fascination russe

François Bujon de L’Estang, créée le 10-03-2024

"Je vous recommande le livre d’Elsa Vidal, une journaliste que vous avez certainement eu l’occasion de voir à la télévision. Elle est responsable du monde russophone sur RFI, parle elle-même le russe et a vécu en Russie. Mais cet excellent livre a pour sujet la France. Elle analyse la politique française, et sa complaisance à l’égard de la Russie. Elle montre au fil de son récit comment nous avons accumulé les idées reçues, les erreurs de jugement, et mélangé une fascination (justifiée) pour la culture et la civilisation russe, et une admiration tout à fait inconsidérée pour les dirigeants russes. Beaucoup des nôtres ont commis l’erreur de faire preuve de complaisance à l’égard de la Russie. On pense par exemple au président Sarkozy et à François Fillon, qui étaient à eux seuls un lobby pro-russe à Paris, ou au président Giscard d’Estaing. Elsa Vidal nous montre que nous avons été victimes d’un mirage, c’est une leçon de lucidité très utile à un moment où il nous faut revoir toutes nos idées reçues sur la Russie. "


Les yeux de Mona

Nicole Gnesotto, créée le 10-03-2024

"Le livre dont je vais vous parler a été à la fois une déception et un plaisir. Le fait que ce soit un best-seller mondial alors que cela parle de tableaux m’a beaucoup intriguée, c’est pourquoi je l’ai lu, d’autant que Thomas Schlesser est un historien de l’art tout à fait recommandable. La déception, c’est parce que la trame du roman n’est qu’un prétexte pour l’analyse de 52 chef-d’œuvres se trouvant à Paris. L’intrigue est tirée par les cheveux, et franchement pas intéressante, il y a des pages qu’on peut tout à fait sauter. Mais je comprends que si le livre n’avait été que des fiches sur tel et tel tableau, il se serait bien moins vendu … Et pourtant, c’est cette description des tableaux qui est passionnante. En principe, voir un tableau est d’abord un choc de formes et de couleurs. Ici, l’auteur nous les décrit, phrase par phrase, avec un talent tel qu’on voit l’œuvre surgir sous nos yeux. On apprend beaucoup, et c’est cela le vrai plaisir. "