Les brèves

Souvenirs dormants

Philippe Meyer, créée le 21-12-2017

"Éric Fottorino : Un homme errant, je vais vous citer Patrick Modiano et ses Souvenirs dormants, j’ai eu une hygiène depuis plus de 20 ans c’est que dès qu’un Modiano sort, je l’achète le jour même et je le lis le jour même. L’avantage quand on a lu Modiano tout petit c’est qu’on comprend que chaque livre est une petite pièce de puzzle et que lorsqu’on les ajoute les unes aux autres on commence à avoir la grand panorama. Ce livre de Modiano a une particularité, il n’y a pas marqué roman, il y a écrit récit, mais on croit qu’on est dans un roman de Modiano, donc on comprend tout, on comprend à quel point il a entremêlé le vrai et le faux et ses ombres errantes dans Paris ne nous quittent pas même par une matinée ensoleillée comme aujourd’hui."


Homère, biographie

Marc-Olivier Padis, créée le 17-12-2017

"Une lecture cette semaine que je vous recommande, c’est un livre directement en poche chez Folio de Pierre Judet de La Combe, qui est un philologue et traducteur du grec, on lui a demandé d’écrire une biographie de Homère, il a fait remarquer à son éditeur que Homère n’avait peut-être pas existé mais que ce n’était pas une raison pour ne pas écrire une biographie après tout. C’est ce qu’il fait avec beaucoup de brio en menant l’enquête pour savoir mais qui est cet Homère, cet homme errant sans père, sans patrie, aveugle et dont le surnom veut dire l’assembleur, parce qu’il a assemblé différents morceaux de grands chants épiques qui existaient avant lui et qu’il a mis ensemble. C’est vraiment une très belle enquête et une très belle occasion de revenir à de la poésie antique."


L’Etat ou La Grande Illusion

Nicolas Baverez, créée le 21-12-2017

"Je voudrais recommander la lecture d’extraits de Frédéric Bastiat, cela s’appelle L’Etat ou La Grande Illusion, et c’est publié dans la collection Faute à Voltaire chez Arfuyen. Pourquoi est-ce que je recommande Bastiat ? Parce que c’est toujours un bonheur, je vous cite juste ce passage sur les impôts: « Ainsi, dans le public des espérances, dans le gouvernement deux promesses: beaucoup de bienfaits et pas d'impôts. Espérances et promesses qui, étant contradictoires, ne se réalisent jamais. Il suffit aux courtisans de popularité de crier aux oreilles du peuple: « Le pouvoir te trompe; si nous étions à sa place, nous te comblerions de bienfaits et t'affranchirions de taxes. » Et le peuple croit, et le peuple espère, et le peuple fait une révolution. » C’est d’abord un livre formidable, on y trouve aussi la pétition des fabricants de chandelles, bougies et lampes qui est extraordinaire puisqu’elle fustige l’intolérable concurrence d’un rival étranger qui est le soleil, et elle appelle à la fermeture de toutes les ouvertures qui laissent rentrer la lumière ce qui permettrait de relancer la consommation d’un côté et d’alimenter l’offre national de l’autre (et la démographie en plus, dit Jean-Louis). C’est extrêmement jubilatoire, et l’autre raison qui est une raison aussi importante est qu’on oublie toujours que la France est un des grands pays du libéralisme et aussi sur le plan économique donc on se souvient quand même un peu aujourd’hui davantage de Constant et de Tocqueville au plan politique, mais Jean-Baptiste Say, Bastiat et Léon Walras qui a été obligé de s’exporter en Belgique tellement il était mal compris en France : il y a une grande tradition économique du libéralisme français du XIXème siècle qui mérite toujours d’être rappelée et reconnue."


La roue rouge

Nicolas Baverez, créée le 15-12-2017

"Nous sommes encore au mois d’octobre, c’est le centenaire de la révolution bolchévique, et je voudrais rappeler La roue rouge de Soljenitsyne, c’est un livre prodigieux qui montre que la vérité littéraire peut être supérieure à la vérité scientifique puisque selon moi je ne pense pas qu’il y ait un livre d’histoire qui arrive à ce degré de pénétration et de compréhension de ce qu’a pu être la révolution de 1917."


Concours Long-Thibaud-Crespin

François Bujon de L’Estang, créée le 17-12-2017

"Une petite excursion dans le domaine de la musique, je voudrais saluer ce que j’espère être la renaissance du concours Marguerite-Long-Jacques-Thibaud qui a connu des années difficiles et qui n’a pas pu être organisé plusieurs années de suite mais qui a organisé cette semaine un gala auquel ont joué plusieurs lauréats, et dans lequel ont été annoncé que le concours de violon Jacques Thibaud sera organisé de nouveau en 2018 avec un jury très prestigieux que présidera Renaud Capuçon et j’espère de tout cœur que c’est la renaissance d’un des grands concours musicaux français, qui tient une place éminente sur la scène internationale."


LES FOURBERIES DE SCAPIN de Molière à la Comédie Française

Philippe Meyer, créée le 15-12-2017

"Je voudrais recommander les représentations à la Comédie Française des Fourberies de Scapin. Les Fourberies de Scapin sont une pièce énormément jouée, ce n’est pas la pièce la plus chargée d’un message de Molière mais c’est une pièce d’acteurs, tout particulièrement pour Scapin. C’est donc une pièce difficile à jouer puisqu’il faut faire oublier les Scapins qui vous ont précédé et Dieu sait si à la Comédie Française il y en a eu au moins deux, Robert Hirsch pour les plus anciens qui était une espèce de Scapin bondissant et puis Philippe Torreton qui était lui plutôt côté chat de gouttière, chat sauvage, chat écorché. Et là c’est Benjamin Lavernhe, et Benjamin Lavernhe a trouvé quelque chose qui pour moi est un mélange du comédien italien d’Otto glorieux notamment à travers le pigeon, du brave soldat Chvéïk c’est-à-dire quelqu’un qui sait parfaitement ce qu’il fait mais qui fait l’imbécile avec énormément de succès, et aussi du Grand Duduche, ajoutez à cela un peu de Charlie Chaplin et cela donne un Scapin que j’ai trouvé particulièrement remarquable. Petite remarque latérale, il montre son derrière. La Comédie Française devient une sorte de pépinière de derrières, on se demande si bientôt cela va faire partie du règlement de la Comédie Français que tous les comédiens et peut-être aussi l’administrateur, et au guichet quand on ira acheter son billet, il y aura un vendeur ou une vendeuse sur deux qui sera… "


La maison rouge, exposition

Philippe Meyer, créée le 17-12-2017

"François Sureau : Je voudrais recommander à tout le monde d’aller à La maison rouge, qui est le musée personnel d’Antoine de Galbert qui est 10 boulevard de la Bastille, avant qu’il ne ferme puisqu’Antoine de Galbert qui a été un mécène remarquable va fermer la maison rouge et faire don d’une très grande partie de ses collections à un musée situé à Lyon et c’est une chose suffisamment rare pour être relevée, s’agissant d’un mécène privé qui n’a jamais rien demandé à personne. A la maison rouge en ce moment il y a une exposition de photographies notamment de Marin Karmitz, le producteur de cinéma, cela s’appelle Etranger résident et c’est une collection absolument extraordinaire, qui est une véritable traversée du siècle, les photos de Hine sur les classes populaires et les Noirs dans les Amériques dans les années 20 ou 30, les photos de kibboutz en Hongrie en 1937, les photos de l’époque des années 60. Des photographes absolument extraordinaires, c’est un magnifique voyage dans le XXème siècle."


Les boîtes à idées de Marianne: état expertise et relations internationales en France

Jean-Louis Bourlanges, créée le 14-12-2017

"Je voudrais recommander un livre tiré d’un important travail universitaire, un livre de Sabine Jansen qui enseigne au CNAM comme Nicole Gnesotto et qui a écrit Les boîtes à idées de Marianne, état expertise et relations internationales en France. Sabine Jansen nous avait donné une importante thèse sur Pierre Cotte et là elle analyse le think tank à la française qui est non seulement l’IFRI animée par le sympathique Thierry de Montbrial, mais antérieurement l’enracinement dans lequel l’IFRI a pris naissance c’est-à-dire notamment le CEPE et ça remonte à la crise des années 30. C’est une analyse extrêmement fouillée il y a 800 pages c’est extrêmement sérieux comme travail universitaire, et c’est une analyse qui permet de mesurer deux choses qui sont très intéressantes : d’une part le rapport spécifique en France de l’expertise à l’Etat puisque nous sommes dans un pays où l’expertise est très largement contrôlée par l’Etat et où les think tanks ont eu du mal à émerger et là on voit bien cette relation d’ailleurs ambigüe, intelligemment négociée par Thierry de Montbrial entre l’Etat et l’indépendance. Et deuxièmement c’est un reflet des rapports entre la réflexion indépendante sur la politique étrangères et l’histoire des régimes. On voit bien trois périodes très différentes : les années 30 où le CEPE naît en réalité de la crise des années 30 et de la réaction des milieux internationaux pacifiques face à la menace hitlérienne, ensuite l’acclimatation difficile sous la 4ème République et le passage de la 4ème à la 5ème République du CEPE, et ensuite le virage opéré avec l’arrivée de Valérie Giscard d’Estaing et le passage à une conception assez différente, plus européenne et plus anglo-saxonne, sous la houlette de Thierry de Montbrial, c’est un reflet de l’histoire diplomatique française."


Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay

François Bujon de L’Estang, créée le 14-12-2017

"Je voudrais me féliciter du fait que le quai d’Orsay, le ministère des Affaires Etrangères, continue à exploiter de façon intelligente les archives diplomatiques, et à les ouvrir davantage au public. Il vient de publier si j’ose dire aux éditions de l’Iconoclaste, un nouveau volume qui s’appelle Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay. Le mot secrètes est un peu racoleur on aurait pu s’en passer. Il porte cette fois ci sur la période 1945-2001, donc sur un histoire très contemporaine avec donc des archives déclassifiées de manières prématurées par la commission de déclassification. Dans les archives du Quai d’Orsay l’engagement de la France dans le monde sous la direction scientifique de Maurice Vaïsse et d’Hervé Magro qui est le directeur des archives, découpe l’histoire de ces années en une vingtaine de chapitres : Diên Biên Phu, la crise de Suez, la chute du Shah, la crise des missiles à Cuba, etc. en publiant à chaque fois des télégrammes, des textes de commentaires par un historien, ou un commentateur et des photographies très frappantes. Je crois que c’est un travail très utile que M. Le Drian souhaite encourager."


RAMSES 2018. La guerre de l'information aura-t-elle lieu ?

Nicole Gnesotto, créée le 14-12-2017

"Sans aucune consultation préalable avec Jean-Louis, je vais également parler de l’IFRI pour vanter les mérites d’un ouvrage qui revient tous les automnes pour la 35ème fois, qui est le RAMSES, le Rapport Annuel Mondial sur le Système Economique et les Stratégies, RAMSES 2018 sous la direction de Thierry de Montbrial le directeur de l’IFRI et de Dominique David. C’est un volume attendu depuis maintenant 35 ans qui cette année cible trois questions importantes : le désordre du système international, la stratégie et l’ambition de la Russie, et les guerres de l’information. C’est à la fois très pédagogique car il y a énormément de cartes, d’annexes, de chiffres, … et très problématique et je trouve que cette édition de 2018 est excellente."


On manque de beurre

Philippe Meyer, créée le 14-12-2017

"Éric Le Boucher : Je voudrais vous faire part d’une très grave inquiétude : si je comprends bien c’est au moment où on va retrouver des riches qu’on va manquer de beurre. On manque de beurre en France, en Europe à cause de mauvaises récoltes, c’est à dire la sécheresse, à cause de la fin des politiques de quota de Bruxelles et à cause du gout pour le beurre qui se développe mondialement et notamment en Asie. Les Français consomment encore beaucoup de beurre mais le prix est passé de 2,800€ la tonne à 7,000€ la tonne."


Faire l'Europe dans un monde de brutes

Nicole Gnesotto, créée le 14-12-2017

"(Déjà proposé par jean-Louis dans une émission précédente mais pas développée alors). Moi je voudrais parler d’un livre qui s’appelle faire l’Europe dans un monde de brutes paru chez Fayard et qui est une conversation entre Enrico Letta qui est un ancien premier ministre italien aujourd’hui président de l’institut Delors et Sébastien Maillard, ancien journaliste spécialiste de l’Europe à La Croix. C’est un livre formidable car c’est un livre à la fois de passion, et plein d’idées concrètes et l’idée simple c’est : il ne faut pas laisser la critique de l’Europe aux anti-européens. C’est un livre qui est vraiment très dur sur l’état de la construction européenne aujourd’hui, qui est presque violent sur ce qu’il faut abolir, la débruxellisation de l’Europe, l’obsession de la norme, mais il le fait de façon constructive car son idée est qu’il faut ensuite reconstruire l’Europe non pas comme une puissance économique, non pas non plus comme une puissance politique mais il a une expression que j’aime beaucoup qui dit une puissance de valeurs. Et je crois que c’est tout l’intérêt de ce livre : remettre des valeurs humanistes dans la construction très technocratique de l’Europe."