Les brèves

Le prix de la démocratie.

Marc-Olivier Padis, créée le 04-12-2018

"Julia Cagé publie un livre chez Fayard : Le prix de la démocratie. C’est la première étude systématique sur le financement de la vie politique et ses effets en termes d’influence par les gens qui ont les moyens de financer la vie politique. Évidemment nous ne sommes pas dans la situation très particulière des États-Unis où l’argent pèse d’un poids extraordinaire sur les choix politiques (surtout depuis que la Cour suprême a fait sauter les plafonds de financement) mais on voit bien dans le mouvement des gilets jaunes qu’il y a ce type de tentation de dire que la démocratie coûte trop chère : les députés coûtent trop cher, il faut supprimer cela etc. C’est une étude qui va au fond des choses et surtout qui fait des propositions pour que les citoyens aient une voix véritablement égale dans les choix politiques. "


Quand le Sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse

Nicole Gnesotto, créée le 04-12-2018

"Je voudrai parler du dernier livre de Bertrand Badie : Quand le sud réinvente le monde. Essai sur la puissance de la faiblesse (La Découverte). Bertrand Badie est un personnage controversé en France, c’est un grand professeur de sciences politiques aujourd’hui émérite à Sciences po. Il est spécialiste des relations internationales et a une pensée différentes, presque hérétique par rapport à la doxa officielle, occidentale, qui est spécialisé sur ce qu’il appel la réinvention du sud. J’avais eu je crois déjà l’occasion de son précédant ouvrage, Nous ne sommes plus seuls au monde. Il met en valeur deux points très importants : 1/ que l’Occident n’est plus en capacité de maîtrise monopolistique de l’évolution du monde et qu’il y a l’irruption du sud avec une conception différente du système international ; 2/ l’importance des questions sociales dans les relations internationales. Cela fait longtemps qu’il mène ses recherches et aujourd’hui on voit très bien que la démographie, les réfugiés, les migrations, les inégalités sont les thèmes majeurs de conflictualité. "


Le général de Castelnau

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je pense que l’on aurait pu aussi honorer le général de Castelnau qui aurait du selon Lyautey et selon Gallieni être le responsable suprême des armées françaises mais qui ne l’a pas été car il était catholique et très engagé dans l’Église catholique et parce que les radicaux socialistes ne lui ont pas pardonné d’avoir soutenu la loi des trois ans et que Clémenceau ne lui a pas pardonné son catholicisme affiché. Le général de Castelnau était quelqu’un qui allait au feu, qui était extrêmement soucieux des conditions de vie de ses soldats, il était sur ce plan l’anti Joffre. Le général de Castelnau était donc souvent célébré par ses anciens soldats qui lui prêtaient la formule : « Je vais aux obus ». Alors qu’il était le numéro 2 de l’armée française, trois de ses fils sont morts au front. Aujourd’hui où beaucoup de gens confient à des proches des emplois fictifs peut être il était utile de donner en exemple quelqu’un qui ne se servait pas mais servait. Une autre chose m’enchante chez le général de Castelnau est qu’il a planqué des armes pour la Résistance en 40, il a été immédiatement hostile à l’armistice et ne s’est pas gêné pour l’exprimer. Quand le cardinal Gerlier, d’horrible mémoire, lui a envoyé un émissaire pour lui dire qu’il devrait parler moins en mal du maréchal, le général de Castelnau, du haut de ses 90 ans lui a répondu : « Ah il a une langue votre cardinal, je croyait qu’il l’avait usé à lécher le cul de Pétain ». Pour toutes ces raisons je pense que nous pourrions faire du général de Castelnau un maréchal de France à titre posthume. "


Raboliot

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je commencerai par rappeler que va entrer au Panthéon l’auteur de Raboliot, Maurice Genevoix, tant mieux si cela permet d’attirer vers son œuvre de nouveaux lecteurs, Raboliot est un livre magnifique qui était interdit au collège où j’étais quoiqu’il eût reçu le prix Nobel car ce braconnier qui n’aimait que le désordre et qui avait l’amour du jeu contre les autorités aurait pu nous donner de mauvaises idées. D’ailleurs à propos de collège Maurice Genevoix a écrit un roman de jeunesse qui s’appel L’aventure est en nous dans lequel il décrit de manière impitoyable et précise comme il le fit après dans Ceux de 14 les conditions de vie. "


Le foisonnement fiscal, une maladie française

Jean-Louis Bourlanges, créée le 27-11-2018

"Je signale un article paru dans Étvdes en décembre 2017 mais extrêmement utile à la compréhension de ce qui se passe actuellement. L’article est du à madame Véronique Bied-Charreton et s’appel « Le foisonnement fiscal, une maladie française ». Elle analyse parfaitement la pathologie fiscale dont nous souffrons : elle montre de façon très claire que la tentation fiscale est la tentation la plus simple et la plus constante qui assaille nos gouvernants. "


La citoyenneté. Être (un) citoyen aujourd'hui.

Marc-Olivier Padis, créée le 27-11-2018

"Je recommande la lecture de l’étude annuelle 2018 du Conseil d’État sur la citoyenneté. Le Conseil d’État fait comme chacun sait des rapports sur les politiques publiques et remet chaque année un rapport sur un sujet d’intérêt général. On voit dans ce rapport qu’il existe des formes rénovées de citoyenneté avec une recherche de fraternité qui fait de la citoyenneté un projet de société, qui vise un citoyen actif. On voit bien que c’est cela qui nous manque dans l’épisode des gilets jaunes. Ce volume fait très bien le point, on le trouve sur le site du Conseil d’État. Il y a en annexe une série de comparaisons avec les autres pays de l’UE qui est très utile. "


Le temps de s'en apercevoir

François Bujon de L’Estang, créée le 27-11-2018

"Emmanuel de Waresquiel qui est un de nos meilleurs historiens a consigné dans un petit livre sympathique, Le temps de s’en apercevoir, un certain nombre de réflexions que lui ont inspiré son étude de l’histoire et la contemplation du temps présent. Il a souvent du mal, comme souvent ceux qui aiment l’histoire, à rattacher le temps présent à l’histoire. Il en tire un grand nombre de remarques absolument pertinentes, souvent humoristiques et toujours très bien venues. Je vous en recommande vivement la lecture pour remédier à la morosité actuelle. "


Carnets de Louis Barthas

Philippe Meyer, créée le 27-11-2018

"Je regrette que le Président de la République ait une nouvelle fois regardé exclusivement vers le haut c’est-à-dire vers quelqu’un qui a été reconnu et secrétaire perpétuel de l’Académie française et qu’il n’ait pas pensé à Louis Barthas, le fameux auteur des carnets. Louis Barthas est ce tonnelier qui a fait toute la guerre de septembre 1914 à avril 1918 et dont un professeur de Toulouse a retrouvé tardivement 1 800 pages de carnet écrites à l’encre violette avec une encre de certificat d’étude et qui non seulement donne un aperçu de ce qui a été la vie des poilus et qui est d’une grande sévérité, mais d’une sévérité précise et documentée sur les méthodes de commandement. "


Lobbytomie

Lucile Schmid, créée le 19-11-2018

"Je vous recommande un livre document d’un journaliste qui s’appelle Stéphane Aurel dont le titre assez drôle est Lobbytomie. Ca commence en expliquant qu’être lobbytomisé c’est être lobotomisé par un lobby. C’est une enquête passionnante au cœur de l’Union européenne, je vous recommande particulièrement le chapitre 9 : docteur poumon et professeur diesel. Ca vous donne une idée de la manière dont c’est écrit et dont ça rend palpitant des sujets sérieux et parfois graves. "


Leurs enfants après eux

Philippe Meyer, créée le 19-11-2018

"L’attribution du prix Goncourt au livre de Nicolas Mathieu Leurs enfants après eux montre qu’il y a eu d’une certaine façon une anticipation du mouvement social parce qu’après des années de mise en avant de livres consacrés à l’introspection la plus intime de leurs auteurs et de leur auteur-es, voilà un livre qui décrit dans la Lorraine la fin d’une civilisation ouvrière sûre d’elle-même extrêmement organisée. À travers quatre adolescents dont l’évolution est racontée dans ce livre, le livre raconte cette France qui a cessé d’appartenir à la communauté nationale ou qui lui appartient de moins en moins et je me demande si cette attribution du Goncourt à ce roman social n’est pas le signe que nous commençons à nous intéresser à nous-même plutôt que chacun à lui-même. "


Des animaux et des hommes

Jean-Louis Bourlanges, créée le 19-11-2018

"Je recommande la lecture du livre collectif que notre ami Alain Finkielkraut vient de consacrer à Des animaux et des hommes. Cela fait très longtemps que je pense comme Finkielkraut notamment après la lecture de textes extrêmement magnifiques de Kundera. Je suis tout à fait sensible à la cause animale, à la souffrance animale, et en même temps à la contradiction profonde dans laquelle nous sommes vis-à-vis des animaux. Contradiction très bien résumée par Finkielkraut qui montre que nous sommes à la fois dans une relation de compassion de plus en plus forte (dont Mme de Fontenay avait montré qu’elle était un effet indirect de la déportation) et en même temps nous n’avons jamais appliqué avec une détermination aussi féroce le concept au combien contestable d’animaux machines de Descartes qui fait que au nom du fait que nous sommes « maitres et possesseurs de la nature » (ce qui se discute) on considère que les animaux sont des objets que l’on peut martyriser impunément, ce que l’on ne se prive pas de faire. Le grand avantage de l’analyse de Finkielkraut est qu’elle ouvre le débat sans nous enfermer dans un dogmatisme : dire que notre rapport aux animaux doit changer ne signifie pas que l’on doit se faire vegan car cela ne résout rien du tout d’idolâtrer simplement la vie animale sans organiser notre rapport, nous humains, avec la gent animale. "


La Locandiera

Béatrice Giblin, créée le 19-11-2018

"La Comédie français accueille un très beau spectacle avec la Locandiera de Goldoni. À cette période où les femmes ont encore à se battre, cette tenancière d’hôtel garni qui joue de sa séduction avec un comte nouveau riche et un aristocrate désargenté se trouve confronté à un chevalier qui la traite pour ce qu’elle est : un servante, ce qu’elle ne supporte pas. Elle décide de lui faire payer et cet homme qui refuse les femmes, elle va le séduire et se mettre elle en danger parce qu’elle est aussi séduite par ce cavalier qui veut la consommer le plus vite et ensuite s’en aller. Elle se trouve obligée de se sortir ce mauvais pas. C’est une situation du 18ème siècle que l’on peut regarder aujourd’hui avec beaucoup d’intérêt. "