Les brèves

Confiance, coopération et autonomie : pour une école du XXIème siècle

Marc-Olivier Padis, créée le 19-11-2018

"Je recommande une note du Conseil d’analyse économique (CAE) écrite par Yann Algan, Élise Huillery et Corinne Prost sur l’école (Confiance, coopération et autonomie : pour une école du XXIème siècle). Le CAE est un organisme qui conseil le gouvernement sur les matières économiques, ils ont fait une note très originale que l’on peut trouver sur leur site qui parle de tous les aspects liant la performance scolaire des élèves à la confiance en soi et à la capacité de coopérer avec d’autres. On fait des comparaisons internationales sur le résultat des élèves en comparant les résultats élèves en maths, en français etc. Ce dont on oublie de parler c’est que les écarts les plus spectaculaires pour la France concernent tout ce qui dépend de la confiance en soi, l’autonomie, la capacité à l’auto-discipline et à surmonter des obstacles, résoudre les problèmes, avoir un sentiment d’estime de soi. C’est sur toutes ces questions que les élèves français, qui sont beaucoup plus stressés par l’école et qui ont le sentiment d’être beaucoup moins soutenus par l’institution que dans d’autres pays, sont en très grande difficulté. Je trouve que cette note raconte très bien cette difficulté dans laquelle nous sommes. "


L'été en enfer. Napoléon III dans la débâcle

Jean-Louis Bourlanges, créée le 13-11-2018

"Je voudrais proposer un livre de Nicolas Chaudun, L’été en enfer. Napoléon III dans la débâcle, qui est triplement décalé : premièrement parce qu’il date de 2011 et que je viens de le lire, deuxièmement parce qu’il parle de la guerre de 1870 alors que l’on parle de la guerre de 14, enfin troisièmement parce qu’en général on parle pendant la guerre de 70 de la défense républicaine, de ce qui s’est passé après le 4 septembre, de l’affrontement entre Gambetta et Thiers mais là Chaudun s’intéresse à l’extrême fin de règne de Napoléon III. Il montre quelque chose qui échappe aux historiens : que Napoléon III a été victime d’un quasi coup d’État familial pendant cette période et qu’il a été totalement marginalisé du pouvoir à partir du moment où cela a tourné mal pour les armées françaises. C’est un livre magnifiquement écrit, sur la grande oubliée de notre histoire : la guerre de 1870. "


Destined for war

Nicolas Baverez, créée le 13-11-2018

"Les guerres mondiales du 20ème siècle ont souvent été comparées aux guerres du Péloponnèse, par des gens comme Élie Halévy dès l’entre-deux-guerres. Et justement aux États-Unis Graham Allison a consacré un livre au piège de Thucydide entre les États-Unis et la Chine (Destined for war). Le piège de Thucydide c’est que la grande puissance montante et la grande puissance déclinante finissent par se faire la guerre. Le débat sur le piège de Thucydide me semble particulièrement intéressant au moment où l’on commémore la fin de la Grande Guerre. "


Ce que n'est pas l'identité

Béatrice Giblin, créée le 13-11-2018

"Un petit livre de la grande sociologue Nathalie Heinich qui s’intitule Ce que n’est pas l’identité. Dans ces temps où le nationalisme identitaire se porte trop bien à mon goût, il est important d’avoir cette réflexion qui est brève mais qui est très bien menée en disant que l’identité n’a pas à choisir son camp à droite ou à gauche. Elle récuse le fait que les partisans de l’identité consubstantielle seraient de droite et ceux qui contesteraient l’identité seraient de gauche. Il n’y a pas une identité mais plusieurs. La lecture de ce petit livre peut donner des arguments lorsque l’on a autour de nous des gens qui nous fatiguent avec l’identité nationale en danger. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’identité nationale. "


Écoliers en guerre : 1914-1918

Philippe Meyer, créée le 13-11-2018

"Je voudrais signaler une exposition et un livre qui en est le catalogue : Écoliers en guerre 1914-1918. L’exposition rassemble la collection graphique de l’École alsacienne c’est-à-dire les dessins faits par les enfants parmi lesquels certains étaient appelés à devenir illustre comme Théodore Monod ou Jean Bruller qui est devenu par la suite l’écrivain Vercors et le fondateur des éditions de Minuit. L’exposition a lieu à la mairie du 6ème arrondissement et le catalogue, fait en partie par les élèves d’aujourd’hui et par Florence Lacombe, Emmanuelle Crosnier et Emmanuel Larroche, reprend les dessins et les remet dans la perspective historique de l’époque. Les dessins sont étonnement beaux et notamment chez certains dessinateurs de 8 ans qui maîtrisent le dessin et les couleurs d’une manière étonnante. En même temps ils permettent de suivre comment la guerre est vécue de l’intérieur par des enfants qui croient d’abord comme tout le monde que c’est une affaire de quelques semaines et qui vont d’apercevoir que c’est loin d’être le cas. "


Les médiateurs du Pacifique

Lucile Schmid, créée le 13-11-2018

"Je voulais vous recommander un film assez ancien qui parle de la Nouvelle Calédonie parce que j’ai un attachement particulier à ce territoire et parce qu’il y a eu ce référendum le 4 novembre. Il faut voir Les médiateurs du Pacifique qui est un film qui date de 1997 et qui assez pro-rocardien puisqu’Olivier Duhamel en était le coscénariste. C’est un film documentaire qui reconstitue un moment très particulier de l’histoire de ce territoire quand Michel Rocard (qui joue son propre rôle) devient premier ministre et qu’il envoie pendant 3 semaines 7 médiateurs comme les 7 samouraïs en Nouvelle Calédonie au premier rang desquels Christian Blanc avec son gros cigare pour aller rencontrer les différentes parties prenantes. Parmi les médiateurs il y a des représentants de chaque communauté : un représentant des protestants, un représentant des catholiques, un représentant des francs maçons. Ce film montre comment une médiation peut aboutir et c’est quelque chose d’assez passionnant vis-à-vis d’une situation minée. Il y a des moments très drôles en plus lorsque certaines personnalités jouent leur propre rôle. En outre le film est disponible via le lien suivant : https://charlesbelmont.blogspot.com/2018/11/les-mediateurs-du-pacifique-en-acces.html. "


Souvenirs d’un chasseur de trésors littéraires

Philippe Meyer, créée le 04-11-2018

"Le livre de Jean-Claude Zylberstein peint une période pendant laquelle les éditeurs étaient d’une richesse humaine, intellectuelle remarquable. On voit ce qu’était l’édition avant que les conditions de température et de pression ne la mettent entre les mains de spécialistes du marketing. On est content de partager avec l’auteur la richesse et la diversité des rencontres qu’il a su faire. "


L’heureux stratagème

Nicole Gnesotto, créée le 04-11-2018

"Ma brève est à double tranchant : d’abord un 20/20 pour la pièce de Marivaux présentée au Vieux Colombier L’heureux stratagème avec des acteurs du Français formidable dont Laurent Lafitte. La maison de Molière est presque devenue la maison de Marivaux : tous les ans ils proposent un nouveau texte peu connu de Marivaux après Le petit maître corrigé l’année dernière. Mais un zéro pointé pour la mise en scène d’Emmanuel Daumas qui oublie que la mise en scène doit servir la pièce plutôt que le metteur en scène. La scène est située au milieu du public est lorsque vous avez le malheur d’être placé au 8ème rang, vous entendez un mot sur deux ce qui est un narcissisme théâtral scandaleux pour la Comédie française. "


Freedom

Lucile Schmid, créée le 04-11-2018

"Je ne sais pas si beaucoup ont lu Freedom qui est roman magnifique de Jonathan Franzen paru en 2011. Il réussi à décrire à travers la vie d’un couple, Patty et Walter, les contradictions de la société américaine que nous avons évoquées ce matin. C’est un grand roman d’écologie car Walter adore la paruline azurée qui est un petit oiseau en voie de disparition. Ceci nous renvoie aux contradictions de la société américaine qui n’est pas seulement pro ou anti Trump, c’est aussi une société profondément démocratique, profondément névrotique. J’observe que Donald Trump n’a pas évoqué ce terme de freedom dans les enjeux de la campagne, à mon avis il faut que la société américaine se libère de Donald Trump. "


Quand l’Europe improvise

Marc-Olivier Padis, créée le 04-11-2018

"Je voudrais recommander le livre de Luuk van Middelaar sur l’Europe chez Gallimard dans la collection Le Débat. Luuk van Middelaar est un historien et un jeune universitaire qui avait déjà publié un très bon livre qui s’intitulait Le passage à l’Europe. Il a ensuite été recruté par Herman Von Rompuy pour l’aider à rédiger ses discours. En tant que plume du premier président permanent du Conseil européen il a vécu les dix années de crise après 2008. C’est un témoin de première source et en même temps un analyste qui connaît très bien l’histoire de l’Europe et de ses institutions. "


Suzanne

Philippe Meyer, créée le 04-11-2018

"Suzanne est un livre signé Frédéric Pommier sur sa grand-mère. Le livre fait des va-et-vient entre la vie de cette femme, les rêves de cette femme, les amours de cette femme, les engagements de cette femme et sa vie d’aujourd’hui où elle est dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes) dans lequel elle est traitée sans affection, ce qui serait beaucoup demandée, mais sans même de respect et ce pour beaucoup de raisons dont certaines tiennent à l’absence des moyens nécessaire et d’autres au fait qu’il y a des gens d’une moins bonne composition que d’autre. C’est un livre composé avec beaucoup d’intelligence par Frédéric Pommier qui avait écrit une belle pièce de théâtre donnée au Bouffes du Nord. "


Cold War

François Bujon de L’Estang, créée le 04-11-2018

"En ma double qualité d’amateur de géopolitique et d’amateur de romanesque je voudrais recommander chaleureusement à ceux de nos auditeurs qui ne l’ont pas encore vu de se précipiter dans leur cinéma pour y voir le film qui s’appel Cold War. C’est un film du réalisateur Pawel Pawlikowski qui était l’auteur du magnifique film Ida. Ce film a eu le prix spécial du jury à Cannes et le mérite amplement. C’est un film magnifique, bref à une époque où beaucoup de réalisateurs tendent à ne pas savoir s’en tenir à l’heure et demie. Il raconte de façon extraordinairement efficace et par bonds successifs une histoire compliquée, de façon très cursive, très taciturne, très peu bavarde, avec des images magnifique et deux acteurs sublimes : Joanna Kulig et Tomasz Kot. C’est un film qui dépeint l’atmosphère de la guerre froide et l’implication de la guerre froide dans des vies individuelles par des touches légères et efficaces. "