Les brèves

Dé mem brer

Nicole Gnesotto, créée le 06-09-2020

"Une recommandation littéraire pour moi cette semaine avec le dernier livre de Joyce Carol Oates, l’écrivain le plus prolixe de sa génération puisqu’elle publie un livre par an à plus de 80 ans. Ici, c’est un recueil de nouvelles, qui est comme toujours chez elle une histoire de femmes. C’est à la limite du fantastique et de l’angoisse, sans jamais vraiment basculer dans la peur. On le lit avec un plaisir un peu obsédant, il y a un art de l’ellipse vraiment époustouflant. Les nouvelles sont assez courtes, c’est l’idéal pour les files d’attente devant les laboratoires. "


Philosophie magazine n°142 (Septembre 2020)

Philippe Meyer, créée le 06-09-2020

"Au delà du thème général, « comment avoir confiance ? », deux articles m’ont particulièrement intéressé. L’un est groupement d’hommages à Bernard Stiegler, qui est mort il y a peu. Je n’ai jamais eu le plaisir de le rencontrer, mais le lire en donnait très envie. L’autre est un article de Michel Eltchaninoff, qui avait inauguré la série « Dans la tête de ... » avec Vladimir Poutine. Ici, il s’agit de Didier Raoult. Etant donnés le sérieux et sens de la mesure de l’auteur, cet article donne une idée que je crois assez juste de qui est Didier Raoult."


L’Europe, par delà le Covid-19

Michaela Wiegel, créée le 06-09-2020

"Nous nous sommes souvent interrogés à ce micro sur les fondements idéologiques du macronisme, nous moquant parfois des tentatives de ses conseillers de le définir comme un progressisme. C’est pourquoi j’aimerais saluer l’excellent essai de Clément Beaune, le premier vraiment sérieux, où sont étudiées les bases de la politique européenne d’Emmanuel Macron. J’ai l’impression qu’il y a là ce pilier du macronisme que nous nous sommes évertués à chercher. Lisez-le, c’est un très long papier mais une excellente analyse de ce qui constitue l’exception de Macron."



Le Prince

Philippe Meyer, créée le 05-07-2020

"« Celui qui devient prince par la faveur du peuple doit travailler à conserver son amitié, ce qui est facile, puisque le peuple ne demande rien de plus que de n’être point opprimé. Quant à celui qui le devient par la faveur des grands, contre la volonté du peuple, il doit, avant toutes choses, chercher à se l’attacher, et cela est facile encore, puisqu’il lui suffit de le prendre sous sa protection. Alors même le peuple lui deviendra plus soumis et plus dévoué que si la principauté avait été obtenue par sa faveur ; car, lorsque les hommes reçoivent quelque bien de la part de celui dont ils n’attendaient que du mal, ils en sont beaucoup plus reconnaissants. Du reste, le prince a plusieurs moyens de gagner l’affection du peuple ; mais, comme ces moyens varient suivant les circonstances, je ne m’y arrêterai point ici : je répéterai seulement qu’il est d’une absolue nécessité qu’un prince possède l’amitié de son peuple, et que, s’il ne l’a pas, toute ressource lui manque dans l’adversité. » Tiré du chapitre 9."


La cravate

Marc-Olivier Padis, créée le 05-07-2020

"Je voudrais recommander ce film sorti juste avant le confinement, qui n’est plus en salles mais dont le DVD est disponible. Il s’agit d’un documentaire suivant pendant deux ans un militant du Rassemblement National dans le nord de la France. Les documentaristes suivent l’implication dans la campagne présidentielle de 2017. Le portrait d’une résonne d’extrême droite est un exercice délicat, notamment dans la bonne distance à trouver avec le sujet qu’on observe. Ici le dispositif est original : un récit à la troisième personne, comme dans un roman balzacien, lu par le sujet lui-même, qui commente ce texte qu’on lui fait lire. Cela donne un travail très original, qui donne un aperçu très pénétrant et original sur le Rassemblement National."


Retour de service

Nicolas Baverez, créée le 05-07-2020

"Aucun été n’est réussi sans un bon roman policier, et cette année singulière voit la publication d’un livre formidable, le 25ème roman de John Le Carré. Le récit mêle des vétérans et des nostalgiques de la guerre froide, le Brexit et surtout le jeu de badminton, dont l’intrigue prend la forme. Ici, le volant est une métaphore de services secrets, avec ses chausse-trappes. On y trouve à la fois de l’humour, de la férocité sur Boris Johnson et le Brexit, et surtout un très grand auteur. "


Mister K

Richard Werly, créée le 05-07-2020

"Le coronavirus a été vous le savez à la fois une bonne et une nouvelle pour la presse écrite. Bonne coté audience. mauvaise coté publicité et diffusion. Pourquoi, alors, investir dans les journaux ? je me suis plongé dans le livre que Jerome Leffiliatre a consacré voici quelques mois à Daniel Kretinsky, alias Mister K, l'homme qui voudrait bien conquérir Le Monde. C'est trés interessant car Kretinsky est, en plus, un milliardaire du charbon et de l'énergie pas tres propre. En tant qu'observateur des médias francais et des jeux qui se déroulent autour d'eux, j'ai beaucoup appris."


La société écologique et ses ennemis

Lucile Schmid, créée le 05-07-2020

"Je vous recommande la lecture de cet ouvrage que j’ai adoré, signé de l’historien des idées Serge Audier. On réalise en le lisant à quel point la question écologique était inscrite dans l’histoire des idées françaises, notamment avec la question du fourriérisme. Le sous-titre du livre est : « pour une histoire alternative de l’émancipation ». Il y a un aller-retour entre une pensée de gauche dominante et productiviste décrite dans le livre, les ennemis, et puis cet espèce de fourriérisme, ce communautarisme, cette capacité à organiser une alternative. Je pense que des choses que nous vivons aujourd’hui, comme la convention citoyenne par exemple, prennent un autre sens quand on réalise qu’il existe un enracinement historique dans les territoires, mais aussi dans l’utopie ..."



L’immeuble Yacoubian

Philippe Meyer, créée le 28-06-2020

"J’ai découvert, grâce à Matthias Fekl, l’écrivain égyptien Alaa el Aswany. J’ai commencé avec « L’immeuble Yacoubian », un roman tissé d’une foule de petites histoires qui auraient été observées avec clairvoyance et précision par un successeur de l’étudiant Cléofas, à qui Asmodée, le diable boîteux, permit de soulever les toits des maisons. Alaa el Aswany voit tout de ce qui se passe dans l’immeuble Yacoubian, il superpose toutes les vies qu’il abrite, celle des puissants, celle des corrompus, souvent les mêmes, celles pour qui le pays ne se remettra jamais de la prise du pouvoir par Nasser, celles à qui l’on vient d’enlever l’espoir d’un avenir, celles qui se jettent dans les bras des islamistes, celles qui essaient de trouver chaque jour les moyens d’atteindre le jour suivant. Toutes ces vies, et c’est le talent d’El Aswani, nous deviennent en quelques lignes familières, nous nous soucions d’elles, nous attendons de leurs nouvelles, nous espérons leur réussite, nous nous réjouissons de leurs amours, nous souhaitons leur châtiment. Je me suis derechef plongé dans un autre roman d’El Aswany, « Automobile club d’Égypte » et, là aussi, je me délecte de son réalisme magique. "


Virus ennemi

Richard Werly, créée le 28-06-2020

"Tirer les leçons de la crise sanitaire qui nous occupe toujours est aussi une oeuvre historique. Nous venons de parler de la disparition de Marc Fumaroli, et bien un autre historien français vient de nous proposer une belle mise en perspective dans son opus «Virus ennemi» dans la collection Tracts de Gallimard. Jeanneney montre combien les déclarations durant la crise furent presque les mêmes que d'autres déclarations, lors des guerres et crises que dut affronter la France. "