Les brèves

Le Rocardisme: Devoir d'inventaire

Marc-Olivier Padis, créée le 20-05-2018

"Je vais passer à tout à fait autre chose. J’ai lu cette semaine avec beaucoup d’intérêt un livre consacré au Rocardisme écrit par Alain Bergounioux qui est un grand historien du socialisme français et Jean-François Merle aux éditions du Seuil. Ce n’est pas une biographie de Michel Rocard même si on suit l’ensemble de son parcours, sa formation, ses premières années de travail ministériel, sa réflexion. C’est plutôt un travail historique sur « y’a-t-il une doctrine rocardienne » qui met en avant et sur laquelle il faudrait continuer à réfléchir aujourd’hui le fait que pour transformer un pays en profondeur, il faut mener des réformes lentes concertées et qui ne passent pas nécessairement par une multiplication de lois expéditives mais plutôt par des transformations qui accompagnent la société d’elle-même."


Aventures d’un géographe de Yves Lacoste

Béatrice Giblin, créée le 20-05-2018

"Je vais parler d’un livre d’une personnalité et ami qui m’est chère Yves Lacoste, qui sort ses mémoires dans Aventures d’un géographe. C’est un livre extrêmement touchant et qui montre bien la liberté de penser, la liberté d’individu que représente Lacoste. Il a beaucoup fait pour développer la géopolitique en France et la réflexion en créant Hérodote, dont il m’a confié la direction il y a 10 années de cela. Il retrace sa naissance au Maroc, ce qu’ont représenté ses premières années au Maroc et ensuite tout ce qui fait qu’il est profondément géographe. Il y a vraiment des récits qu’il faut relire."


Ch. Maurras, L'Avenir de l'intelligence et autres textes (coll. Bouquins)

Philippe Meyer, créée le 20-05-2018

"Vous êtes beaucoup à vous inquiéter de l’absence de notre amie Michaela Wiegel. Soyez rassurés, Michaela Wiegel va bien et elle est fortement occupée. J’en ai eu la preuve directement avec la sortie de son livre Emmanuel Macron : Ein Visionär für Europa – eine Herausforderung für Deutschland qui doit vouloir dire en français Un visionnaire pour l’Europe, un défi pour l’Allemagne. Ensuite, récemment une éditrice devenue ministre, Françoise Nyssen, a décidé que la biographie de Charles Maurras serait retirée du volume annuel des commémorations nationales ce qui a d’ailleurs provoqué la démission de Jean-Noël Jeanneney. C’est inquiétant qu’une éditrice puisse faire une chose pareille et ensuite, c’est très inquiétant que la rumeur suffise à imposer ou à renverser des décisions de cette nature. La réponse est venue des éditions Bouquins de Robert Laffont puisqu’elles publient un volume qui a été préfacé par Charles Maurras, un volume de Jean-Christophe Buisson et qui a été annoté par Martin Motte. Ce livre a donné lieu à un article dans le Monde qui discute les choix qui ont été faits. Il y a d’ailleurs un peu de la poésie de Maurras qui ne devrait pas porter à beaucoup de contestations ou à quelconque bagarre. En tout cas, ce qui est extrêmement positif à ce volume c’est qu’on peut enfin discuter. On peut lire, on peut contester l’édition, aucune des horreurs de Maurras ne sont absentes de ce livre."


Le fils de Florian Zeller

Nicole Gnesotto, créée le 20-05-2018

"Alors moi au départ, je voulais vous parler d’un écrivain que je viens de découvrir à ma grande honte qui est Emmanuel Bove dont le roman Le Piège est exceptionnel. Il se trouve que j’ai aussi vu une pièce de théâtre. C’est une pièce sur les relations Père Fils, c’est donc intitulé Le fils de Florian Zeller à La Comédie des Champs-Elysées et qui se joue jusqu’en juillet de cette année. Alors, j’ai pas été époustouflé par la mise en scène ni par Yvan Attal qui joue le rôle du père. Mais, ce comédien Rod Paradot, qui a d’ailleurs eu le prix en 2016 du meilleur espoir masculin pour le film La tête haute avec Catherine Denevue, est absolument extraordinaire dans le rôle d’un adolescent qui n’a tout simplement pas envie de vivre. Je trouve le texte dur, dérangeant et déroutant et l’interprétation et l’interprétation de Rod Paradot mérite qu’on aille la voir. "


Le rapport d'Oxfam sur le partage des richesses

Jean-Louis Bourlanges, créée le 20-05-2018

"Je voulais saluer le fait que Madame Duflot ait décidé d’arrêter la politique et de rejoindre Oxfam juste au moment où Oxfam sort une analyse qui me paraît conforter l’engagement de Duflot puisque c’est une ânerie absolue sur le plan économique, Oxfam produit une étude disant que l’augmentation de la part des dividendes distribués par rapport aux dividendes réinvestis était un signe de la détérioration du niveau de vie des salariés. Je crois que c’est une erreur économique élémentaire, le partage de la valeur ajoutée c’est ça qui compte et il se fait d’un côté par les salaires et de l’autre côté par les bénéfices qui sont soit distribués soit réinvestis. Et ce choix entre réinvestissement ou redistribution c’est simplement un choix entre remettre de l’argent dans l’entreprise ou donner la possibilité aux actionnaires de le mettre dans d’autres entreprises ce qui est conforme puisqu’un actionnaire c’est celui qui engage son capital et cela correspond évidemment à une logique économique. Il y a des entreprises qui ont besoin d’investir d’autres qui n’ont pas besoin et quand on distribue ses dividendes il faut réfléchir à ça. Donc il faudrait arrêter, en France, de se poser des questions techniquement et économiquement absurdes si on veut faire une vraie politique sociale."


Histoire du Portugal contemporain, de 1890 à nos jours par Yves Léonard

Philippe Meyer, créée le 13-05-2018

"L’histoire contemporaine du Portugal reste encore trop méconnue en France, alors que des flux croissants de touristes français découvrent le pays, parfois pour s’y installer l’heure de la retraite venue. Mais clichés et préjugés continuent d’avoir la vie dure, du « bon émigré portugais » à la trilogie des trois F – Fado, Fátima et Football. Sans compter le prisme réducteur des agences de notation, si prégnant ces dernières années. Pourtant, le Portugal a le plus souvent reflété, voire précédé, l’histoire européenne, du renversement de la monarchie et de l’implantation précoce de la République en octobre 1910, à la longue dictature salazariste et aux tourments coloniaux, ponctués par le rétablissement de la démocratie avec la singulière Révolution des œillets, le 25 avril 1974, avant de vivre pleinement à l’heure européenne, non sans tourment. Yves Léonard propose ici une synthèse – la première de ce type en France –, nourrie des apports récents de la recherche et des débats historiographiques, mettant en lumière la complexité et la richesse d’une histoire du Portugal contemporain loin des idées reçues."


Revue Commentaire: article de Georges Walden

Philippe Meyer, créée le 08-05-2018

"Je citerai un article de la revue Commentaire celui de Georges Walden. Il a été diplomate et député conservateur de la circonscription de Buckingham. Il a été secrétaire d’état à l’enseignement supérieur du gouvernement de Mme Thatcher puis ensuite de celui de Major. Il écrit à propos de son parti un article d’une sévérité et d’une cruauté remarquable qui n’a d’égal que la cruauté et la sévérité qu’il eut à l’égard du parti travailliste et plus précisément à propos de Jeremy Corbyn. Voilà donc un très bon article pour les 40 ans de la revue Commentaire."


Rapport Robert Schuman sur l'état de l'UE

Jean-Louis Bourlanges, créée le 08-05-2018

"Je voudrais recommander comme je le fais régulièrement le rapport publié par la fondation Robert Schuman sur l’état de l’Union Européenne en 2018. Chaque année, Jean-Dominique Giuliani, Michel Foucher, Thierry Chopin etc. proposent ce rapport, je crois que pour tout ceux qui s’intéressent à l’Europe c’est quelque chose de tout à fait précieux que d’avoir la collection et de suivre pas à pas ces analyses extrêmement bien renseignées, extrêmement bien documentées et je dois dire que pour les gens qui participent au Nouvel Esprit Public, ils auront là l’occasion de lire un très bon article de Nicole Gnesotto, publicité gratuite !"


L'héritage des espions de John Le Carré

Nicole Gnesotto, créée le 08-05-2018

"Alors moi, je vais rester dans la littérature et recommander très chaleureusement le dernier roman de John Le Carre intitulé L’héritage des espions paru au seuil, c’est un immense plaisir. C’est du grand Le Carre, c’est celui qu’on préfère, celui de la Guerre Froide et du grand jeu Est-Ouest avec des maîtres espions solitaires et désabusés des deux côtés du rideau de fer. Donc évidemment, ce sont les gens de Smiley que l’on retrouve aujourd’hui en 2018. L’histoire est très complexe, je ne vais pas la raconter, c’est simplement la suite et la fin de son premier roman qui était L’espion qui venait du froid. C’est donc une espèce de réflexion très mélancolique sur la vanité de l’Histoire, sur la volatilité du Bien et du Mal, est-ce qu’on a le droit de faire le mal pour un Bien qu’on juge supérieur ? C’est absolument magistral."


Israël, l'obsession du territoire de Julieta Fuentes-Carrera

Béatrice Giblin, créée le 08-05-2018

"C’est un livre qui va sortir et que j’ai lu grâce aux services de presse. Il s’appelle Israël : l’obsession du territoire, écrit par Julieta Fuentes-Carrera, une mexicaine qui a fait sa thèse à l’Institut français géopolitique et qui met en valeur la stratégie d’aménagement du territoire absolument continue depuis les premières implantations juives dans la plaine marécageuse qui est toujours la zone la plus densément peuplée même si elle n’est plus marécageuse. Avec cette stratégie d’implantation par tête de ponts qui continue aujourd’hui avec cette stratégie des colonies, on avance, on renforce et à partir de là on a un point fort et on continue à avancer. C’est stratégie implacable, extrêmement bien pensée et adaptée au fil du temps qu’il faut prendre en compte et qu’il faut regarder de très près."


La famille Belhoumi de Stéphane Beaud

Marc-Olivier Padis, créée le 08-05-2018

"J’ai lu cette semaine un livre de sociologie écrit par Stéphane Beaud intitulé La France des Belhoumi. C’est une sorte de portrait de famille de 1977 à 2017 aux éditions de La Découverte, c’est un livre très original et que je recommande pour trois raisons.
La première c’est que Stéphane Beaud est un sociologue qui écrit agréablement, il n’y a jamais de jargon même s’il est très rigoureux et très précis.
La deuxième c’est que c’est une démarche original, c’est une étude de cas, c’est une famille, les Belhoumi, qui sont en France depuis l’arrivée des parents depuis 1977 et on y décrit l’itinéraire notamment des enfants.
Et troisième raison, ce qui est intéressant c’est qu’il montre qu’il n’y a pas un seul modèle d’intégration, d’abord, l’intégration fonctionne, il y a 8 enfants dans cette famille, ils sont tous en emploi, ils ont tous fondé une famille avec les aléas d’aujourd’hui. Le modèle des filles n’est pas celui des garçons, le modèle des aînés n’est pas celui des cadettes et que néanmoins tout ça arrive tout de même à rejoindre le courant central."


Mister Everywhere

Philippe Meyer, créée le 29-04-2018

"Je vais recommander un livre coédité par Acte Sud et l’institut Lumière qui a deux préfaces l’une de Clint Eastwood et l’autre de Bertrand Tavernier. Le livre s’intitule Mister Everywhere et ce sont des entretiens de Pierre Rissient avec Samuel Blumenfeld, journaliste du Monde. Pierre Rissient est un personnage tout à fait étonnant, atypique, je n’en connais aucun autre, c’est l’homme le plus anticlérical que je connaisse, non pas au sens d’être contre les prêtres d’une religion quelconque mais contre les clercs en général, contre la façon de penser en bande, en groupe, en banc comme les poissons. C’est un homme qui se fait ses opinions lui-même et qui est tout à fait capable d’avoir des opinions qui varient avec les années ou en voyant un film ou en revoyant un autre. Vous aurez compris que c’est un cinéphile majeur, tout à fait reconnu à travers le monde et notamment aux Etats-Unis et ce parcours de cinéphile qu’il raconte dans ses entretiens est extrêmement intéressant. D’autant plus intéressant qu’il ne mâche pas ses mots et qu’il exprime ses opinions avec une très nette fermeté. "