"J’aimerais évoquer la mémoire de Mario Vargas Llosa. Pour le coup, c’était un vrai Latino-Américain, mais qui a été sans doute le plus européen des Latino-Américains. Un homme qui croyait en l’écriture, qui croyait en la vie et qui croyait en la liberté. Il était le dernier représentant de cette génération incroyable d’auteurs latino-américains : Cortázar, Fuentes, évidemment son ami García Márquez, avec lequel il s’est brouillé. Son œuvre continue à nous éclairer sur ce qu’est le populisme — La fête au bouc, sur la fin de Trujillo, c’est un livre magnifique — mais ça montre bien ce mélange de mensonges et de peur qui est en train de gagner les États-Unis d’aujourd’hui. Et on peut rappeler aussi qu’il a fait une autobiographie intellectuelle et politique, qui s’appelle L’appel de la tribu, dans laquelle il résume les sept auteurs qui l’ont converti du communisme au libéralisme. On trouve José Ortega y Gasset, bon Hayek, Karl Popper, Isaiah Berlin, et deux Français : Raymond Aron et Jean-François Revel. Cette éthique, cette politique de la liberté est vraiment importante dans ce moment d’âge des empires, d’âge des prédateurs et des hommes forts."