Les brèves

L'Histoire de la France

Nicolas Baverez, créée le 20-02-2018

"Je souhaitais signaler la publication par Jean-Christian Petitfils de L’histoire de la France. Alors on a eu récemment la vision communautariste avec Patrick Boucheron et Les indigènes de l’Histoire, on a de l’autre côté la « commémonation » avec les anges et les démons et finalement entre les deux peu d’historiens qui sachent à la fois construire un récit et avoir un peu d’émotions. Le livre de Jean-Christian Petitfils fait cela. Marc Bloch qui écrivait « y’a deux catégories de français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refuse de vibrer au souvenir du Sacre de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la fédération ». Pour tout ceux qui vibrent au souvenir du sacre de Reims et tout ceux qui lisent avec émotion la fête de la Fédération et bien il faut lire Jean-Christian Petitfils."


Les clés retrouvées

Lucile Schmid, créée le 20-02-2018

"Je voulais recommander un livre qui n’est pas sorti ces derniers mois mais en 2015 qui s’appelle Les clés retrouvées de Benjamin Stora. Et qui est sans doute son livre le plus personnel parce qu’il raconte qu’en 2000 il a retrouvé les clés de la maison de Constantine où il vivait avec ses parents et à partir de là il trace une sorte de généalogie familiale et c’est très intéressant par rapport à la question de l’Islam et de la judéité. Parce qu’au fond ce qu’il raconte c’est l’histoire de ses deux familles les Stora et les Zaoui, les Stora étaient des juifs attirés par la France et les Zaoui étaient proche des arabes. En fait il montre bien à partir de là cette question algérienne qui m’est chère et qui travaille énormément la société française aujourd’hui. Il montre bien comment, d’une certaine façon, être juif pour lui c’est à la fois être juif, arabe et surtout être resté attaché à ce qu’était la vie en Algérie. C’est à dire, bon d’abord, une vie quotidienne mais aussi un espace, une beauté, une esthétique et une vision de la France à travers une diversité culturelle. Un livre très émouvant par rapport à ce qu’on vit aujourd’hui."


La ruée vers l'Europe

Lionel Zinsou, créée le 16-02-2018

"Je vais recommander un livre que je n’aime pas mais je pense qu’il est important de lire les points de vue qui s’expriment. Un livre de Stephen Smith qui est un journaliste américain de culture francophone, après avoir écrit un livre qui était très dépréciatif sur la situation de l’Afrique et qui accusait les amis de l’Afrique d’être ceux qui l’enterrait qui s’appelait ‘Negrologie’, il refait un livre qui s’appelle ‘Ruée vers l’Europe’ et qui est un peu l’expression quintessenciée de cette espèce de nouveau péril jaune, qui serait la ruée possible à cause de problèmes démographiques insurmontés de toute la misère de l’Afrique vers l’Europe demain. Une analyse démographique dont on sent qu’elle n’est pas faite par un démographe mais un homme qui connaît bien l’Afrique qui l’a beaucoup parcouru et qui donc est un maître des apparences sur l’Afrique. La ruée sur l’Europe pour le caractère sain du débat public voir peut-être ce qu’il y a de plus ignorant de l’Afrique de demain mais qui est en même temps une très très bonne quintessence des préjugés sur ce continent."


La fonte des glaces

Lucile Schmid, créée le 16-02-2018

"Je vais recommander deux livres mais très rapidement. Deux romans. D’abord parce que comme je travaille sur les questions écologiques, j’ai lu un roman formidable qui s’appelle ‘La fonte des glaces’ qui est paru chez l’éditeur POL qui raconte l’histoire loufoque d’un ancien charcutier à la retraite qui tombe amoureux d’un manchot empereur empaillé et qui du coup fait le tour du monde qui va dans l’Antarctique et dans l’Arctique et qui finit en espèce de trader d’eau issue de la fonte des glaces et je trouve que c’est une manière excellente de comprendre le réchauffement climatique en s’amusant, ça je pense que c’est un truc important.
La deuxième chose c’est le livre d’un auteur, d’un jeune auteur mais néanmoins pas si jeune par l’âge car on peut écrire à tout âge qui s’appelle Camille Guichart, un livre intitulé Pique-Nique et qui en fait revient sur l’année 62. Emmanuel Macron avait été ennuyé pendant sa campagne concernant l’Algérie. Qui revient sur cette année si fondamentale pour la France, De Gaulle termine la guerre d’Algérie. Elle raconte ça à partir des émois d’un adolescent dans une forêt."


Jean-Claude Lattès

Philippe Meyer, créée le 16-02-2018

"Jean-Claude Lattès était un grand éditeur, je veux dire par là que c’était d’abord quelqu’un qui avait le courage de créer. Il avait créé sa propre maison d’édition et avait eu le courage d’avoir du succès ce qui lui a été constamment reproché d’avoir publié des best-sellers. Chacun sait que les grands éditeurs, ceux qui sont des éditeurs historiques répugnent à l’idée de vendre leurs livres et sont absolument dégoutés dès qu’un livre dépasse les 300 exemplaires dans les librairies. Jean-Claude Lattès était aussi un éditeur exigent, d’abord parce qu’il ne publiait pas n’importe quelle littérature populaire et puis aussi parce que c’est ce qui l’avait fait connaître. Il avait publié nombre de livres érudits et savants et il était devenu lui-même un érudit et un savant en plus d’être un homme extrêmement simple, attentif et chaleureux. "


La démocratie représentative est-elle en crise?

Jean-Louis Bourlanges, créée le 16-02-2018

"Je voudrais recommander le livre que vient de publier le CEVIPOF, Sciences Po, sur ce qu’ils appellent le vote disruptif c’est à dire sur ces épisodes électoraux de l’année dernière, qui nous permet d’avoir un jugement extrêmement éclairé, nourri, documenté sur ces évènements colossaux qui ont abouti en moins de quelques semaines à une modification totale de notre système politique et à un renouvellement encore incertain mais tout à fait fondamental de notre vie démocratique et de l’exercice du pouvoir"


L'Islam, une religion française

Nicolas Baverez, créée le 16-02-2018

"On a parlé de l’agenda 2018 très chargé alors il est d’autant plus chargé qu’il y a un autre dossier qui est celui de l’Islam qui devrait occuper les pouvoirs publics français. Et je voulais recommander un livre qui inspire largement ce qui devrait être fait et c’est le livre de Hakim El Karoui « L’Islam : une religion française » publié par Le Débat Gallimard. On y trouve trois choses donc d’abord une étude sur la communauté musulmane en France parce qu’on sait qu’il y a beaucoup de fantasmes qui sont véhiculés là-dessus donc sur le fait qu’elle compte à peu près 5 millions de membre et qu’elle est en fait extrêmement diverse. Egalement, une analyse sur les causes et les conséquences de la montée de l’islamisme et des propositions pour essayer de l’endiguer avec la création d’une fondation et la création d’un Islam de France et ce livre a l’intérêt aussi d’inspirer l’Elysée et plus particulièrement celui qui est à sa tête, Emmanuel Macron ‘Jupiter’"


Le Grand Jeu

François Bujon de L’Estang, créée le 12-02-2018

"On parle beaucoup d’Asie Centrale et nous venons à propos de Davos de parler de la Route de la soie, par exemple, où l’Afghanistan est au centre des préoccupations internationales. Moi je voudrais vous recommander de lire un livre qui est tout à fait passionnant qui s’appelle Le Grand Jeu qui est écrit par un britannique qui s’appelle Peter Hopkirk, un ancien journaliste du Time qui a du travailler aussi pour d’autres employeurs, j’imagine et qui s’est énormément promené en Asie Centrale. Son livre The Great Game en anglais a finalement été traduit en français, ça a mis très longtemps. Ca a été publié par un petit éditeur belge qui s’appelle Nevicata. C’est un gros livre que vous dévorez vraiment en vous couchant très très tard le soir parce qu’on ne peut pas le terminer, il est passionnant, il raconte la rivalité des russes et des anglais pour contrôler, justement, l’Afghanistan et les abords de l’Empire des Indes tout au long du XIXe siècle. Il s’arrête en 1905 avec la guerre russo-japonaise et ses conséquences géopolitiques. Mais le livre est formidable et vous pouvez parfaitement rapporter tout ce que vous y apprenez et que vous lisez comme du Kipling à l’actualité aujourd’hui en Afghanistan, au Pakistan et en Inde et aux pourtours de ce qui étaient jadis l’Empire des Indes sur lequel le soleil ne se couchait jamais comme chacun sait."


Les origines de la France contemporaine

Jean-Louis Bourlanges, créée le 12-02-2018

"On m’a offert pour Noël et je me suis replongé avec délice dans : Les origines de la France contemporaine de Taine. Et je dois dire que Taine fait partie de ces auteurs sur la Révolution Française dont le grand historien Georges Lefebvre, grand historien de gauche de la Révolution et de l’Empire, disait avec cette hypocrisie fondamentale qui caractérise l’historiographie révolutionnaire. Il le disait d’Augustin Cochin, mais il aurait pu le dire de Taine : « Il faut le lire mais il ne faut pas le dire » et effectivement c’est formidable.
Raymond Aron a été en fait à l’origine de la résurrection dans l’opinion publique après la seconde guerre mondiale de Tocqueville, il a imposé Tocqueville. Furet aurait pu faire sur Taine, il s’est manifestement beaucoup inspiré de Taine mais Taine n’a pas encore acquis, retrouvé l’audience malgré le fait qu’il soit édité en bouquin. Moi j’ai eu une édition très ancienne et très sympathique mais c’est formidable, il faut rendre hommage à tous ces grands érudits du XIXe siècle qui ont fait un travail de rigueur d’intelligence absolument incroyable et dont nous devons utiliser beaucoup plus les fruits qu’on ne le fait, savourer les fruits."


Questions Internationales

Nicole Gnesotto, créée le 12-02-2018

"Moi je vais à l’autre extrême, je vais parler, non pas d’ouvrage savant, mais d’une revue de vulgarisation mais d’excellente vulgarisation sur les questions internationales qui s’appelle justement Questions internationales qui est publié depuis 10 ans par la Documentation française avec comme rédacteur en chef à la fois un diplomate et un professeur d’université Gilles Andréani et Serge Sur. Et c’est une revue formidable je trouve parce que tous les mois elle réunit des articles avec un certain sérieux académique et le plaisir de l’écriture. Le dernier numéro qui vient de sortir c’est sur l’Arabie Saoudite, transformation ou illusion. Il y avait le mois dernier un numéro sur l’avenir de l’Europe, sur Cuba, le numéro sur le désordre mondial du mois d’août. Donc c’est une excellente revue qu’on trouve dans les kiosques et dans les librairies."


Zone de Mort

Philippe Meyer, créée le 12-02-2018

"J’ouvrirai cette séquence des brèves en recommandant un ouvrage de feu Paul Yonnet, le regretté Paul Yonnet. Livre qui s’intitule Zone de mort et qui est préfacé par Jean-Pierre Le Goff. Cela fait 7 ans maintenant que Paul Yonnet, spécialiste des pratiques populaires, du jeu par exemple et du sport, est mort. Un sociologue tout à fait atypique très original, non pas par goût de l’originalité mais par capacité à penser par lui-même. Il y a donc 7 ans que Paul Yonnet est mort et c’est sur la période dans laquelle il a su qu’il allait devoir affronter la mort pour la seconde fois de sa vie mais cette fois-ci la bonne ou la mauvaise comme on voudra que comme l’écrit Jean-Pierre Le Goff : « Paul Yonnet l’expérience limite d’un individu avec sa propre histoire et son rapport au monde ». Mais par delà ce parcours unique et tragique, il dévoile une vérité abrupte qui s’adresse à tous, celle de l’individu confronté à la souffrance et à la mort et d’une société qui fait tout pour les mettre à distance. Ce texte, l’écrit Jean-Pierre Le Goff, est un coup de poing contre ce monde aseptisé, l’envers du décor de l’optimise enjoué des bien-pensants de la postmodernité et des partisans doucereux du suicide assisté. Et c’est édité aux éditions Stock dans la collection Les Essais."


Solitude volontaire

Marc-Olivier Padis, créée le 12-02-2018

"J’ai lu cette semaine un essai de philosophie extrêmement bien écrit de Olivier Remaud, ça s’appelle Solitude volontaire chez Albin Michel. L’originalité de cet essai c’est que ce n’est pas un essai conceptuel ou spéculatif sur la solitude et le rapport à la société mais c’est une réflexion sur des exemples de personne qui ont choisi la solitude. Des exemples aussi variés que les explorateurs des pôles mais aussi Glenn Gould, le pianiste qui était un reclus. Et donc en passant d’un exemple à l’autre, il développe toute sa réflexion et il montre que la solitude est une manière de faire société avec les autres."