Les brèves

1939 : l’alliance soviéto-nazie aux origines de la fracture européenne

Béatrice Giblin, créée le 24-11-2019

"Je vous conseille la brochure de la fondation pour l’innovation politique, écrite par Stéphane Courtois : 1939 : l’alliance soviéto-nazie aux origines de la fracture européenne. C’est extrêmement intéressant pour montrer l’ampleur des liens qu’il y a eus entre 1939 et 1941 entre les deux régimes. C’est très éclairant, notamment sur le rôle de Staline dans cette affaire. C’est très important pour comprendre pourquoi les Polonais et plus largement les pays d’Europe de l’Est ont aujourd’hui cette méfiance viscérale vis-à-vis de la Russie."


La laïcité : histoire d’une singularité française

Jean-Louis Bourlanges, créée le 24-11-2019

"Philippe Raynaud vient de recevoir le prix jeanzé, qui récompense les ouvrages porteurs de valeurs républicaines. Les gens ne se précipitent pas pour lire des lives de ce genre, mais ils ont tort. Je ne suis pas entièrement d’accord avec tout ce que dit l’auteur, je trouve qu’il sous-estime la matrice chrétienne de la laïcité, mais il montre quelque chose de tout à fait essentiel : le lien entre l’établissement du pouvoir absolu à partir d’Henri IV et la laïcité, c’est à dire ce moment où le pouvoir politique s’affranchit de toute tutelle religieuse, pour devenir lui-même l’ordonnateur du jeu politique, à la place de l’Eglise. C’est une histoire très intéressante, qui aboutit aux grandes polémiques d’aujourd’hui. Vu l’importance centrale des problèmes liés à la laïcité dans notre pays, c’est un livre que tout le monde devrait lire."



J’accuse

Philippe Meyer, créée le 24-11-2019

"Un mot aussi sur le film de Polanski. Il est remarquablement joué, par des acteurs qui ne se laissent tenter par le surjeu à aucun moment, et Dieu sait si c’est facile quand on joue les bons ou les méchants. Sur l’aspect historique, on sait de quelle « novélisation » le film repose. Il en a les mêmes défauts : n’avoir pas bien compris ce que c’était que Picquart, et pour quelle raison Picquart a fait ce qu’il a fait. Il en a fait une sorte de bon samaritain héroïque. Ce film m’a fait le même effet qu’Amadeus. J’étais sorti furieux de la représentation de Mozart en punk hennissant dans ce film, et en même temps ébloui par l’intelligence du film, sa construction, sa splendeur, et toute l’envie qu’il pouvait donner d’écouter la musique. Je pense la même chose de J’accuse."


Disparition de Fred Mella

Philippe Meyer, créée le 17-11-2019

"On a appris ce matin la mort de Fred Mella. C’est un nom qui ne dit rien à beaucoup d’entre vous, mais Fred Mella était le soliste des Compagnons de la Chanson, c’était le meilleur ami de Charles Aznavour, c’était aussi un très bon photographe, comme l’était Paul Tourenne des Frères Jacques, et Pierre Jamet des Quatre Barbus. Fred Mella était le dernier de cette tradition des groupes qui étaient nés au moment du Front Populaire, avec « tourisme et travail ». Il y eut énormément de choses développées avant ou après la guerre, comme le cabaret la Rose Rouge, la compagnie Grenier-Hussenot, le grenier de Toulouse ... C’était un moment où l’on a découvert dans les milieux populaires que la culture est quelque chose qui permet d’élargir sa propre existence, et de sortir de ce qu’Hannah Arendt appelait « la prison que chacun d’entre nous est pour lui-même ». "


Une des dernières soirées de carnaval

Philippe Meyer, créée le 17-11-2019

"Un spectacle qui se donne actuellement au théâtre des Bouffes du Nord. C’est la dernière pièce que Goldoni écrit à Venise, avant de trouver refuge à Paris, par désespoir de ne pas pouvoir faire changer les traditions théatrâles vénitiennes, marquées par un essoufflement de la Commedia dell’Arte. Il y a d’ailleurs un très joli hommage continu à Venise tout le long du spectacle. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger est comme d’habitude extrêmement intelligente et sensible. "


Amazonia

Lucile Schmid, créée le 17-11-2019

"C’est un roman de Patrick Deville, qui fait partie de son grand projet « abracadabra ». L’auteur veut écrire des romans sans fiction, et se donne une contrainte précise : il va dans un lieu (il a auparavant écrit « Kampuchéa » et « Equatoria »), collecte toutes les informations sur les faits historiques qui sont arrivés après 1860, et mélange à ce récit des faits historiques quelque chose qui relève de l’histoire personnelle. Ce qui est très intéressant dans Amazonia, c’est qu’on y croise non seulement Aguirre et Humboldt, mais aussi Patrick Deville et son fils de 30 ans, qui font une remontée de l’Amazone ; il mêle ce lien intime et affectif avec son fils et notre histoire universelle et cette région dont nous entendons tous parler."


La science de la richesse

Nicolas Baverez, créée le 17-11-2019

"Je voulais recommander la lecture du livre de Jacques Mistral, c’est une histoire de la construction de la pensée économique, qui montre à la fois la dite construction et les alternances, et pour la partie la plus récente, l’avènement des marchés, le krach de 1929, Keynes, le renouveau des marchés à partir des années 1970, le krach de 2008 et le retour de Keynes. C’est extrêmement bien expliqué, il s’agit d’une pensée lumineuse qui réconcilie l’économie et l’Histoire. "


Le prince républicain

Béatrice Giblin, créée le 17-11-2019

"Un livre de Cédric Léwandowski qui a été directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian sous François Hollande, et qui a occupé pendant cinq ans au ministère de la défense le bureau de Lucien Bonaparte. Ayant désormais certainement plus de temps, il a écrit une très belle biographie de son lointain prédécesseur, intitulée « le Prince Républicain ». Les relations entre les deux frères (Lucien avait six ans de moins que son aîné) ont été plus que difficiles. Vous y lirez le rôle de Lucien au moment du coup d’état du 18 Brumaire, et le rôle très important qu’il a joué le lendemain, le 19. Napoléon n’a jamais voulu qu’on parle du 19, et c’est à son frère qu’il doit de s’en être bien sorti. "


Décret paru au Journal Officiel

Lionel Zinsou, créée le 17-11-2019

"Je vous suggère de lire le Journal Officiel de mardi dernier, qui publie le décret de la reconnaissance d’utilité publique pour la fondation pour la mémoire de l’esclavage. C’était une idée de Jacques Chirac, abandonnée entre 2007 et 2012, que François Hollande avait relancée, appuyé par tous les intellectuels des départements d’Outre-mer, ainsi qu’un rapport important d’un grand écrivain Edouard Glissant, etc. On a mis deux ou trois ans à collecter les fonds nécessaires, mais il y aura désormais un monument reconnaissant la résistance à l’esclavage aux Tuileries, il y aura dans l’Hôtel de la Marine et des colonies, siège de cette fondation, de nombreuses manifestations culturelles. C’est une façon, de Jacques Chirac à Emmanuel Macron, de reconnaître cette réalité fondamentale, reconnue comme un crime contre l’humanité depuis la loi Taubira, de ce qu’a été pendant trois siècles l’esclavage, et de rendre aux Afro-descendants de la République une partie de leur mémoire. "



Guerres de business

Philippe Meyer, créée le 10-11-2019

"J’ai le plaisir de vous dire que nous sommes soutenus aujourd’hui par un autre podcast, ou plus précisément par un producteur étasunien de podcasts, Wondery, qui lance la version française de l’une de ses séries à succès : Business Wars. Sous le titre « guerres de business », Wondery propose un premier épisode consacré à la rivalité sans fin et quinquagénaire entre Adidas et Nike. Cela ressemble à Capital en mode Game of Thrones, on nous y raconte les compétitions de l’hypermarketing, les opérations des influenceurs, les défis des bureaux de tendance, l’investissement des marchés de niche, la course aux stars (pour en faire les égéries des marques), les risques de l’innovation et les ruses de la communication. On y découvre aussi comment organiser la rareté pour faire exploser les ventes. Comme cette guerre est incessante, les rebondissements succèdent aux rebondissements, il y aura un nouvel épisode chaque lundi, et vous pouvez vous rendre sur le site de Wondery, où vous trouverez le premier en français. "