Les brèves

La longue nuit syrienne

Nicolas Baverez, créée le 09-06-2019

"Au moment où l’on commémore le 75ème anniversaire du débarquement cela vaut la peine de réfléchir aux guerres du XXIème siècle notamment les guerres sans fin. Il est vrai que la Syrie fait partie de cette catégorie là et je voulais donc recommander l’ouvrage de Michel Duclos, ancien ambassadeur à Damas : La longue nuit syrienne. C’est une plongée clinique dans le fonctionnement du régime d’Assad et ça montre extrêmement bien comment cette guerre civile est devenue une guerre civile globalisée. Cela montre combien la violence est sortie de toutes ses chaines et comment elle est mise au service des régimes autoritaires. Enfin, cela montre malheureusement le danger de l’impuissance de l’Occident puisque c’est un certain nombre d’erreurs commises par les Etats-Unis et notamment Barack Obama qui explique la dérive du conflit syrien et l’espace qui a été laissé à ces régimes autoritaires. "


Philippe Meyer, créée le 09-06-2019

" Le 6 juin1944, le visage en sueur de Bill Millin était d’un vert sensiblement plus pâle que celui de son kilt aux couleurs du clan Fraser, et quant à détailler les soubresauts, les spasmes et les nœuds de ses tripes et de ses boyaux, la décence m’en empêche absolument. Vous savez ce que c’est que le mal de mer : d’abord on pense en mourir, mais, très vite, on se sent tellement mal que l’on espère en mourir. Aussi, lorsque Bill Millin vit qu’il pouvait sauter de sa fichue péniche de débarquement, il ne se soucia pas un instant de ce qui l’attendait sur la rive de cette plage de Ouistreham rebaptisée Sword, Il sauta, et tandis que son kilt flottait en corolle autour de ses reins, il attrapa sa cornemuse et entama Hieland Laddie, une vieille chanson jacobite au 18ème siècle qui servit d’hymne aux partisans de Charles Edward Stuart, le fameux Bonnie prince Charlie. Elle dit : Où étais-tu tout ce temps ?  Fier garçon de nos montagnes J’étais à Culloden 
  Affronter William Duc de Cumberland et ses hommes 
  
   Là nos ennemis après avoir occis et brûlé 
  
   Ont enfin eut ce qu’ils méritaient 
   Fier garçon de nos montagnes. Arrivé sur la plage, Bill Millin, debout, continua la chanson. Quand sa cornemuse eut achevé Hieland Laddie, Millin reconnut la voix qui lui criait « une autre ! ». C’était celle de Simon Fraser, 24ème chef du clan Fraser, 15ème Lord Lovat, commandant des Lovat scouts et de la première brigade du spécial service dans laquelle combattaient 177 fusiliers marins français aux ordres du commandant Kieffer. Bill Millin entama The Road to the Isles, chanson populaire, pastorale et mélancolique où l’on célèbre la beauté des paysages de l’ouest des Hautes Terres que traversent les hommes qui se rendent aux Iles. « C’était comme si on nous rappelait pourquoi nous nous battions », devait se souvenir Tom Duncan, des Lovat’s scouts. L’un des Français des commandos, Maurice Chauvet, jurait, des années plus tard, qu’en entendant The Road to the Isles, les Allemands s’étaient arrêté de tirer pendant quelques instants. Quelques éléments avancés de la brigade s ‘emparent du pont de Bénouville, rebaptisé Pegasus Bridge. Vers 1 h de l’après-midi, Lord Lovat vient à la tête de ses troupes faire jonction avec la poignée d’hommes qui tiennent le pont sous le feu allemand. Devant lui marche Bill Millin, au pas, soufflant dans sa cornemuse All the Blue Bonnets are over the border, autre chanson jacobite incitant les Ecossais à se saisir de n’importe quoi qui puisse servir d’arme et à voler au secours de leur cause. Lord Lovat suggère à Bill Millin que, vu le nombre de snipers allemands qui leur tirent dessus, il aurait meilleur temps à presser le pas pour traverser le pont, et même à courir. Bill Millin n’en fait rien et conserve la même allure. J’ai rencontré Bill Millin une trentaine d’années après ces événements. Il avait nettement meilleure mine qu’au matin du 6 juin 1944 : son teint était même plutôt de brique. Je me suis enhardi à lui demander à quoi il pensait en soufflant Blue Bonnets sur le pont de Bénouville tandis qu’on lui tirait dessus. « A ne pas jouer faux », me répondit-il. La sagesse populaire britannique prétend qu’un gentleman est un homme qui sait jouer de la cornemuse et qui s’en abstient. La sagesse populaire va avoir à se débrouiller avec la mémoire de Bill Millin. Souhaitons-lui bonne chance."


Démocraties sous tension

Lionel Zinsou, créée le 02-06-2019

" Je voudrais montrer combien les think tank sont importants dans la réflexion et signaler que Fondapol a sorti un document intitulé : « Démocraties sous tension » qui étudie les opinions publiques et la démocratie dans 42 pays. C’est très intéressant de voir cette mondialisation des idées démocratiques. C’est assez positif au sens où l’on voit que la démocratie représentative est plébiscitée sur tous les continents. On y voit aussi des tendances conservatrices universelles ainsi qu’une idée de la mondialisation qui y est plutôt positive. "


Books

Philippe Meyer, créée le 02-06-2019

"Je voudrais signaler un magazine qui m’est cher et s’appelle Books. Le dernier numéro s’intitule : « Ce que ressentent les animaux » et possède un dossier tout à fait remarquable sur la psychiatrie, la prison et les asiles; sujet sur lequel nous sommes extraordinairement silencieux alors que je voudrais rappeler à nos auditeurs qu’il y a tout de même deux millions de français qui sont pris en charge par la psychiatrie dans des conditions de plus en plus mauvaises. "



La compagnie du Palazzeto Bru Zane

Nicole Gnesotto, créée le 02-06-2019

" Je vais vous ramener à la légèreté et au plaisir en vous recommandant d’aller voir un des spectacles que vous propose dans toute la France la compagnie du Palazzeto Bru Zane qui est une fondation à Venise qui défend la musique romantique française. Il y a notamment à Paris des spectacles de cette compagnie au mois de juin : aux bouffes du nord, à l’opéra comique et au théatre Marigny; un spectacle dont j’avais déjà parlé et que je vous recommande chaudement car cela fait oublier tous les soucis. "


Jean-Louis Bourlanges, créée le 02-06-2019

"Je voudrais signaler mon profond désarroi sur les deux décisions qui viennent d’être prises par le Conseil constitutionnel sur la proposition de référendum sur la privatisation de l’aéroport de Paris et sur la loi PACTE. Je vous épargnerais le détail juridique mais il me parait absolument clair que ces deux décisions vont complètement à l’encontre de l’article 11 de la Constitution. La révision prévoyait très clairement qu’il ne fallait pas organiser la concurrence entre le pouvoir parlementaire et le pouvoir référendaire. la question de la privatisation devrait relever du Conseil constitutionnel et non du référendaire. "


Le Vercors oublié

Marc-Olivier Padis, créée le 02-06-2019

"Je recommande le roman de Francis Ginsbourger, « Le Vercors oublié » qui porte sur la Résistance des habitants de Saint Martin aux éditions de l’atelier. C’est un livre assez singulier car il est personnel au sens où il raconte l’histoire du village qui a caché sa famille pendant la guerre et c’est en même temps un livre collectif puisqu’il fait l’histoire de ce village. Le lien entre cette histoire personnelle et familiale mais également collective est particulièrement bien exprimé dans cet ouvrage. "


Les marches

Philippe Meyer, créée le 02-06-2019

"Je souhaiterais signaler un livre tout à fait étrange de quelqu’un qui a été secrétaire d’état aux prisons en Grande-Bretagne, député conservateur de l’Ecosse et qui est maintenant candidat à la succession de Madame May avec autant de chance que moi d’être président de la banque européenne. Ce député européen, Rory Stewart et son père qui est un écossais ayant travaillé dans les services secrets de sa majesté marchent le long du mur d’Hadrien. C’est un grand marcheur et son livre a eu un grand succès dans les pays anglophones et vient d’être traduit par Gallimard. C’est un ouvrage curieux fait de bric et de broc avec des partages de points de vue différents entre le père et le fils. C’est un des moyens d’un peu mieux comprendre la Grande-Bretagne."


Dans la tête de Viktor Orbán

Lucile Schmid, créée le 26-05-2019

"Je voulais recommander un livre d’Amelie Poinssot qui est dans la collection « dans la tête de … » d’Actes sud. C’est un livre qui était paru en mars 2019 : « Dans la tête de Viktor Orban ». C’est remarquable car Amélie Poinssot connait la Pologne, la Hongrie de par son passé de correspondante média dans ces pays et en parle la langue. Elle décrit la trajectoire de ce jeune étudiant libéral qui dès 1990 se présente aux élections à partir du moment où il y a cette libéralisation de toute l’Europe de l’Est et qui en 1998 à 33 ans a été le plus jeune chef de gouvernement auprès de l’UE. C’est notre Erdogan européen. Il y a quelque chose de la façon dont on s’en remet à un homme fort mais un homme fort politicien professionnel et très bon orateur. "


Démocraties sous tensions

Jean-Louis Bourlanges, créée le 26-05-2019

"Je voudrais recommander l’étude de la Fondapol : Démocraties sous tensions. C’est une étude de tous les problèmes démocratiques qui affectent les pays occidentaux. C’est un exercice conduit par Dominique Reynié avec sa fondation qui est remarquable. Ce qui est notamment très inquiétant ce sont les problèmes de rapport entre les générations. On voit bien que derrière la crise de démocratie il y a un problème de capacité des personnes de ma génération à transmettre les valeurs avec lesquelles ils ont vécu. Je n’aurais jamais cru cela possible mais Dominique Renié l’explique. "


Les grands textes qui ont inspiré l’Europe

Michaela Wiegel, créée le 26-05-2019

"Je voudrais recommander un livre qui a été publié en deux langues : en français et en allemand et qui a pour titre : Les grands textes qui ont inspiré l’Europe. C’est très éclairant de relire ces textes. J’ai été notamment par un texte qu’a écrit Stephan Zweig en 1932 : « La désintoxication morale de l’Europe » qu’il devait prononcer lors d’un congrès européen à l’Académie de Rome. Il ne l’a jamais prononcé car Herman Goering était également annoncé comme intervenant. C’est un texte très fort qui montre qu’on a retrouvé ce besoin de désintoxication moral aujourd’hui."