Le monde en 2040 vu par la CIA

Brève proposée par Nicolas Baverez dans l'émission Biden en Europe : changement et continuité / La France au Sahel : partir revenir / n°198 / 20 juin 2021, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Le monde en 2040 vu par la CIA

Nicolas Baverez

"Il est de tradition qu’à chaque nouveau président, la CIA fasse un rapport sur la situation du monde et surtout sur les scénarios d’avenir. Il se trouve que ce rapport a été traduit, il est extrêmement sombre mais très intéressant, sur le monde post-Covid et ses incertitudes, les grandes dynamiques, les grandes divisions des sociétés, les fragilisations des États, la conflictualité du système international … Cela se termine par cinq scénarios : l’un est favorable et voit une renaissance des démocraties, d’autres sont très sombres , et le dernier est celui d’une grande catastrophe écologique qui force les États à prendre des mesures extrêmement autoritaires et des atteintes très fortes aux libertés. Pas très réconfortant mais passionnant."


Les autres brèves de l'émission :

Nomadland

Richard Werly

"J’ai eu un coup de cœur cinématographique pour ce film beaucoup commenté et récompensé. La réalisatrice Chloé Zhao raconte cette population américaine qui vit dans des camping-cars, dans une errance ponctuée de boulots journaliers. On récolte des betteraves un jour, on travaille chez Amazon un autre … L’arrière-plan est très triste mais elle en fait un film lumineux, comme le livre dont il s’inspire. Dans la lignée du Sur la route de Kerouac, avec Frances McDormand, oscarisée pour ce rôle. Un beau moment de cinéma."


Le nouvel âge progressiste de la mondialisation

Lionel Zinsou

"Je vous recommande cette semaine une lecture assez brève : les 27 pages d’une note de Pascal Canfin publiée par Terra Nova. Elle a été très bien relayée dans la presse, et propose un concept intéressant contre la démondialisation proposée par les populismes, à savoir une mondialisation progressiste sur des valeurs européennes, très centrée sur la transition énergétique, et toutes les capacités d’innovation, de création d’emploi, de rebond de la richesse. C’est intéressant, car c’est une théorie assez nouvelle, il s’agit de repositiver la mondialisation, avec des contenus assez différents, dans le monde d’après. Pascal Canfin est je crois une ressource de la vie politique française. Il anime la commission pour l’environnement et la santé publique du Parlement européen. Il y a ici un travail de fond important, et une création conceptuelle qui devrait être importante pour la campagne présidentielle."


Ce grand dérangement l’immigration en face

Béatrice Giblin

"Dans le débat d’aujourd’hui sur la sécurité, toujours lié à l’immigration grâce au savoir-faire du Rassemblement National, j’aimerais aussi renvoyer nos auditeurs à l’excellent petit ouvrage de Didier Leschi. L’auteur a été préfet de la Seine-Saint-Denis, il est aujourd’hui à la tête de l’organisation française pour l’immigration et l’intégration. C’est extrêmement clair, précis, et très éclairant. A lire et à discuter avec son entourage."


Une guerre perdue la France au Sahel

Béatrice Giblin

"Je vous recommande de nouveau ce livre dont j’avais déjà parlé ici, mais compte tenu du sujet que nous venons de traiter, sa lecture me paraît plus nécessaire que jamais. Il était sorti en décembre 2019, après en avoir publié un premier suite à l’intervention de 2013, qui interrogeait déjà fortement le bien-fondé de cette opération. D’autre part, l’auteur sera l’invité d’une de nos thématiques d’été consacrée au Nigéria."


Billy Wilder et moi

Philippe Meyer

"Je vous recommande un livre délicieux du romancier britannique Jonathan Coe. L’héroïne est une gréco-britannique de 20 ans qui, alors qu’elle est en voyage aux Etats-Unis, se retrouve à la table de Billy Wilder dans un restaurant. Commence alors une longue relation à la fois paternelle et de travail, puisqu’elle sera amenée à être l’interprète de Billy Wilder lors de son dernier tournage en Grèce, pour le film Fédora. Jonathan Coe a trouvé le moyen de déployer une infinie tendresse admirative pour Wilder par le biais de cette narratrice, qu’on ne peut que partager. On se réjouit qu’elle soit si bien exprimée. Un grand bol d’air."