Louise Lannes duchesse de Montebello et Comment naquit la guerre de 14

Brève proposée par Jean-Louis Bourlanges dans l'émission #21 - Macron, chef des armées & Kurdes, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Louise Lannes duchesse de Montebello et Comment naquit la guerre de 14

Jean-Louis Bourlanges

"Moi j’ai profité des moments dits de ‘trêve des confiseurs’ pour reprendre quelques livres d’Histoire. D’abord, j’ai lu une biographie qui était fondée sur un fond d’archives familiales, qui est la biographie de Louise Lannes, duchesse de Montebello, qui faisait partie de ces maréchales éternelles. Les maréchaux meurent et les vrais maréchaux ce sont les femmes des maréchaux, qui restent éternellement. Un livre qui est du à la plume de Régis de Crépy et l’épopée napoléonienne côté femme. Louise Lannes est intéressante puisqu’elle représente ce lien qui est très compliqué à analyser mais fondamental dans notre histoire politique, entre le bonapartisme, l’épopée impériale, et elle a été très profondément libérale, elle a contribué à la création du Globe comme le général Foy, c’est comme un ensemble de gens qui ont glissé du bonapartisme au libéralisme et pour moi, pour nous, en tout cas, il y a une incompatibilité profonde entre le jacobinisme militaire de Napoléon et le libéralisme à la Benjamin Constant, même si Benjamin Constant a écrit L’acte additionnel aux constitutions de l’empire mais on voit bien ces transitions et donc c’est une personne, de ce point de vue là, intéressante.
Le deuxième livre que j’ai lu c’est un livre d’Alfred Fabre-Luce Comment naquit la guerre de 14 ? qui est la reprise des grands ouvrages qu’avaient écrit Fabre-Luce dès les années 20, de remise en cause de l’interprétation officielle de la première guerre mondiale. C’est soutenu par une préface extrêmement documentée de Georges-Henry Soutou, c’est remarquablement écrit, remarquablement intelligent, c’était une prise de position extrêmement courageuse de la part d’Alfred Fabre-Luce. Je ne suis pas entièrement d’accord avec lui. Je crois qu’il a raison de souligner les responsabilités russes dans le déclenchement de la première guerre mondiale, je pense malgré toute et toujours, la littérature qui entoure aujourd’hui la Première Guerre mondiale qui remet un peu en cause la vision à la Renouvin, que la responsabilité de l’état major allemand et de la politique allemande est décisif quand ils envoient le télégramme, quand ils rédigent quasiment le télégramme d’ultimatum des autrichiens, je pense que les allemands sont déterminés à faire la guerre alors que les autres sont prêts à faire la guerre. J’ai une incertitude sur les russes. Mais enfin malgré tout c’est une remise en cause de tous les bobards officiels, de toutes les déformations et c’est magnifiquement écrit, je crois que c’est un livre qui mérite d’être lu."


Les autres brèves de l'émission :

Où atterrir : Comment s’orienter en politique ?

Béatrice Giblin

"Moi c’est un petit livre qui est sorti aux éditions La découverte qui est écrit par Bruno Latour. Bruno Latour est quelqu’un qui se préoccupe beaucoup de la question écologique, je dirai que c’est un philosophe avec une sensibilité très forte et très ancienne sur ces questions là. Ca s’appelle Où atterrir : Comment s’orienter en politique ? et son hypothèse est de dire qu’en fait il y a un lien entre la dérégulation qu’on connaît depuis les années 90 et qui va s’accélérant, entre l’augmentation des inégalités et l’importance de ces inégalités qui se creusent avec les risques que cela peut faire poser. Un troisième élément qui est la montée des populismes où au fond on essaye de se protéger en revenant à un petit chez soi face à une dérégulation du monde et que tout ceci est lié à ce qu’il appelle : le Nouveau Climat. Et pas seulement « climat » au sens géographique du terme. Un climat avec un sens beaucoup plus large, un environnement dans lequel évolue désormais les sociétés. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il y a à l’intérieur de la réflexion de Bruno Latour mais je pense quand même que c’est un ouvrage qui peut permettre de réfléchir et de débattre sur des questions essentielles"


Phantom et Quobuz

Philippe Meyer

"Il se trouve que pour Noël j’ai reçu un Phantom, le Phantom c’est quelque chose qui est fabriqué par la maison Devialet, qui est une enceinte qui se branche sur des ordinateurs ou des smartphones et dont la qualité sonore est absolument extraordinaire, le tout sur un tout petit volume. Grosso modo je ne comprends pas grand chose à la technique mais c’est la puissance du numérique avec la qualité, la finesse de l’analogique. Ce Phantom, que j’ai transporté dans ma maison dans le Massif central, a été la joie de mes vacances de Noël.
Il a été deux fois, la joie de mes vacances de Noël parce que j’ai découvert un site de musique de streaming qui s’appelle Quobuz et je l’ai trouvé infiniment meilleur que tout les autres que j’avais essayé parce que la qualité sonore, parce que la diversité de l’offre est considérable parce qu’en plus la plupart des enregistrements qu’on peut entendre est accompagnée de livrets qui vont avec et que donc on trouve des tas de renseignements. On est pas voué à une consommation passive et un peu bêtasse. Ces deux outils sont pour moi source d’une volupté considérable. Ca n’est pas donné ni dans un cas ni dans l’autre mais enfin le jour où on décide de casser sa tirelire soit pour soi-même soit pour faire un cadeau, on en est absolument récompensé."


D'Annunzio le magnifique

François Bujon de L’Estang

"Et bien puisque nous remontons le courant de l’Histoire en direction de la guerre de 14 et à travers la bataille d’Essling. Moi je m’arrête un peu à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème pour vous recommander une biographie de Gabriele d’Annunzio, intitulée Gabriele d’Annunzio, le magnifique, publiée aux éditions Grasset par notre ami Maurizio Serra qui fut l’ambassadeur de l’Italie à l’UNESCO et à qui nous devons déjà un certain nombre de livres et notamment deux autres grandes biographies sur des hommes de plume italiens qui ont marqué le 20ème siècle. Son livre sur D’Annunzio clôture une trilogie qu’il avait commencée avec une biographie sur Malaparte, continuée avec une très intéressante biographie sur Italo Svevo et qui se conclue maintenant par cette grosse mais très lisible biographie sur Gabriele D’Annunzio. Personnage baroque, outré et invraisemblable, le dernier Don Juan qui enjambe le 19ème et le 20ème siècle, on oublie qu’il avait déjà 50 ans au moment de l’Affaire de Fiume, par exemple. Cet aviateur poète séducteur s’est ensuite effacé pendant le fascisme mais sa germanophobie l’a rendu un peu fréquentable aux yeux de Mussolini, il est mort en 1938 mais sa vie est un roman et Maurizio Serra la décrit avec beaucoup de verve et de façon très intéressante."