Penser comme un iceberg

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission Comment lutter pour nos valeurs sans mettre en cause nos libertés ? / n°164 (25 octobre 2020), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Penser comme un iceberg

Marc-Olivier Padis

"Quand on traverse l’Atlantique, on peut croiser un iceberg ... Admirez ma transition vers ma recommandation de cette semaine, un livre de philosophie signé d’Olivier Remaud. L’objet peut paraître surprenant pour un philosophe, mais l’iceberg est ici une image de la solitude, de la désolation. Il y a également beaucoup de réflexions aujourd’hui sur le réchauffement et la fonte de cette glace, notre rapport à la nature, aux paysages, sur cet objet un peu insaisissable, compact, entouré de brume, avec une partie sous-marine énorme et en réalité pleine de vie ... C’est une très belle réflexion sur un paysage qui disparaît sous nos yeux."


Les autres brèves de l'émission :

Trump ou Biden

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais recommander l’étude de Michel Duclos publiée par l’Institut Montaigne en début de semaine. A quelques jours de l’élection américaine, cet état des lieux des possibilités de la relation transatlantique est très intéressant. L’étude est très fine et nuancée, elle montre qu’il ne faut pas se faire d’illusion sur un « coup de rein » de l’Europe si Trump est réélu. Si c’était le cas, plus aucune des mauvaises tendances de Trump ne serait contenue. Quant à Biden, il ne représenterait pas un changement si drastique (à part dans la forme, évidemment) ; globalement les intérêts du parti Démocrate ne conduiront pas à des relations très faciles. Michel Duclos propose quelques solutions pour donner au débat euro-Atlantique une dimension nouvelle et des enjeux différents. "


Lettres d’Amérique

François Bujon de L’Estang

"Je change de terrain et traverse l’Atlantique pour attirer votre attention sur la publication des Lettres d’Amérique de Georges Clémenceau. Le jeune Clémenceau âgé de 24 ans s’est rendu aux Etats-Unis en 1865. Il y est resté jusqu’en 1869, et il a observé la vie politique américaine, en correspondant pour le journal Le Temps. Les lettres publiées font état de la reconstruction au lendemain de la guerre civile, une période particulièrement difficile, et de la lutte entre Andrew Johnson, le président qui succéda à Lincoln et était pour une réintégration rapide des États sudistes dans l’Union, et les radicaux, favorables à des sanctions bien plus dures (qui accèderaient ensuite à la Maison Blanche avec Ulysses Grant). Les sympathies de Clémenceau allaient aux radicaux. Il a assisté à tout cela, à la tentative d’impeachment contre Johnson, qui échoua de justesse. A propos de l’élection présidentielle américaine, Clémenceau écrit : « ce carnaval américain, ce dévergondage général des esprits qu’est l’élection présidentielle, durant laquelle prévaut la liberté absolue de parler et d’écrire, de se moquer, d’insulter, de médire, d’inciter à la haine et au mépris de qui et de quoi que ce soit ». Et Trump n’était pas encore né."


La plaque honorant la mémoire d’Arnaud Beltrame

Philippe Meyer

"Je voudrais dire un mot de l’affaire de la plaque déposée à Paris à la mémoire du Colonel Beltrame. Cette plaque dit « Jardin Arnaud Beltrame 1973-2018 Colonel de Gendarmerie Assassiné lors de l’attentat du 23 mars 2018 à Trèbes (Aude) Victime de son héroïsme ». Il y a plusieurs interprétations , mais la plus probable me paraît être la faute de français : dans cette formulation, l’héroïsme est une maladie. Arnaud Beltrame est victime de ses assassins. Mais ce n’est pas ce qui m’interpelle le plus. Quand il s’agit d’honorer quelqu’un, il faut le faire de manière plus explicite. On aurait dû je crois dire que le colonel Beltrame s’est porté volontaire pour remplacer une otage, et qu’il a par la suite été assassiné par un terroriste. Qu’on sache la nature de son acte héroïque. J’en appelle aux municipalités, pour que les héros soient honorés explicitement, et non pas pour que nous-mêmes nous donnions l’air d’avoir fait notre devoir."