La revue des deux mondes de juin 2019

Brève proposée par Richard Werly dans l'émission Déconfinement : l’archipel français / Relance économique et urgence climatique / n°139, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.


Les autres brèves de l'émission :


Appia

Béatrice Giblin

"Pour ma part je recommande un livre pour voyager en Italie en ce temps de confinement : Appia de Paolo Rumiz, aux éditions Arthaud. L'auteur est allé à pied accompagné de quelques amis  de Rome à Brindisi (plus de 600 km tout de même en 29 jours)  à la recherche des traces de cette première et illustre grande voie romaine. C'est un livre de colère contre le mépris que ce pays a pour tout ce qui est au sud de Rome, l'incurie de l'Etat qui laise le champ libre aux mafias. Mais c'est aussi un livre chaleureux pour les portraits des personnes rencontrées, c'est  un livre d'amour pour les paysages même défigurés qu'il nous donne à voir, et pour le prestigieux passé romain. Un regret : l'absence de carte pour que nous puissions suivre les 29 étapes de ce voyage."


Le choc démographique

Marc-Olivier Padis

"Je recommande ce livre de Bruno Tertrais sorti en librairie peu avant le confinement. Spécialiste des relations internationales, Bruno Tertrais fait le point sur les grandes tendances de la démographie mondiale, en refusant aussi bien l’angélisme que le catastrophisme. Y aura-t-il assez de ressources naturelles, que devient la physionomie de la population européenne ? Que devient l’Afrique ? Et quels sont les effets sur les tendances populistes de nos régimes ? Quels effets sur la hiérarchie des puissances ? Une analyse lucide et dépassionnée d’un sujet explosif.  "


Chronique des années égarées

Lucile Schmid

"Je voulais recommander de lire ou relire Serge Moscovici grand penseur de l’écologie et de la psychologie sociale mais aussi grand européen, anthropologue, témoin de l’histoire de notre continent au XXe siècle. Notamment sa trilogie « Essai sur l’histoire humaine de la nature. », « la société contre nature » et « hommes domestiques et hommes sauvages », ouvrages importants en ces temps où l’écologie est partout débattue. Mais je crois avoir préféré entre tous ses livres la « Chronique des années égarées » cette autobiographie qui nous fait ressentir la beauté des plaines de Bessarabie dont venait le jeune Serge, qui ressuscite ce moment où la Roumanie bascule dans le fascisme et qui illustre à travers son choix de tout faire pour venir à Paris la façon dont la créativité et la fécondité de la recherche en France doivent tant à des esprits venus d’ailleurs. "


Éloge funèbre de Marc-René d’Argenson

Philippe Meyer

"En 1721, à l’enterrement du deuxième Lieutenant de Police de Paris, Marc-René d’Argenson, c’est Fontenelle qui fut chargé de l’éloge funèbre de cet ancêtre du Préfet de police Voici dans quels termes il s’acquitta de cette tâche : « Tenir les abus nécessaires dans les bornes précises de la nécessité qu’ils sont toujours prêts à franchir, les renfermer dans l’obscurité à laquelle ils doivent être condamnés et ne les en retirer pas même par des châtiments trop éclatants ; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer et ne punir que rarement et utilement ; pénétrer par des conduits souterrains dans l’intérieur des familles et leur garder les secrets qu’elles n’ont pas confiés tant qu’il n’est pas nécessaire d’en faire usage ; être présent partout sans être vu ; enfin, mouvoir et arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse et être l’âme toujours agissante et presque inconnue de ce corps, voilà quelles sont, en général, les fonctions du magistrat de la Police. » "