Les foulards de la discorde

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission Laïcité, que de cris on émet en ton nom ! / Blocage en Israël / n°112, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Les foulards de la discorde

Marc-Olivier Padis

"C’est un collectif de jeunes historiens qui ont travaillé sur les archives d’organisations politiques et syndicales, pour revenir sur la manière dont cette première affaire du voile a profondément divisé l’ensemble des sensibilités et des groupes. Le livre les parcourt un par un : le parti socialiste, les communistes, l’Eglise, les associations musulmanes, les féministes, les organisations laïques. Tous ont été fracturés, parce qu’ils manquaient de doctrine, la laïcité était évoquée de manière mécanique, mais sans réflexion de fond. Ils ont été pris de court, c’est une des leçons de cet ouvrage très instructif, mais aussi un peu décourageant en raison de l’aspect répétitif de ces débats."


Les autres brèves de l'émission :

Le traître (Il traditore)

Philippe Meyer

"Ce qui me permet d’évoquer le film de Marco Bellocchio, qui à 80 ans, nous raconte dans « le Traître », l’histoire de Tommaso Buschetta, mafieux repenti, qui refuse d’ailleurs de se faire appeler « repenti », car il dit s’être conduit en fonction du code d’honneur de la mafia. Il reste un homme d’honneur, même en ayant fait tomber Totò Riina, (qui lui, est à proprement parler un monstre) et même si ses dénonciations ont abouti à cet extraordinaire procès (pour lequel il a fallu construire une salle) qui a fini par aboutir à une condamnation, grâce à l’habileté et l’entêtement de quelques juges. Tommaso Buschetta est admirablement joué par Pierfrancesco Favino, absolument méconnaissable."


River of time : mémoires de la guerre du Vietnam et du Cambodge

François Bujon de L’Estang

"Je vous emmène jusqu’au Vietnam et au Cambodge, pour vous recommander la lecture d’un livre publié cet été seulement , aux éditions de l’Equateur. Il est de Jon Swain, journaliste britannique qui fut le correspondant du Sunday Times, et il est intitulé « River of time : mémoires de la guerre du Vietnam et du Cambodge ». C’est un livre tout à fait remarquable, qui fait vivre aux premières loges, non seulement la guerre du Vietnam, mais la prise de Phnom Penh, l’arrivée des Khmers Rouges, l’installation de ce régime dont personne n’avait soupçonné la cruauté. Le livre est extraordinairement vivant, il avait d’ailleurs déjà été publié en Grande-Bretagne en 1995. "


Nous n’avons pas vu passer les jours

Richard Werly

"Ce livre que je recommande a à voir avec le destin d’Israël : nous n’avons pas vu passer les jours, de Simone Schwarz-Bart et Yann Plougastel, dans lequel Simone Schwarz-Bart raconte sa vie de couple avec André Schwarz-Bart, l’auteur du dernier des justes, qui a obtenu le prix Goncourt à la surprise générale, après la guerre. Je voudrais vous lire une petite phrase de cet extraordinaire livre de mémoires, où Simone Schwarz-Bart, guadeloupéenne, qui a vécu aux Antilles avec son mari dit : « lui, le Juif survivant, le jeune ouvrier, il voulait rendre hommage à une civilisation partie en fumée dans la cheminée des crématoires, es malentendus, les interprétations enthousiastes mais étrangères à ses intentions, les remarques assassines, les polémiques à rebondissements, l’effarèrent tout autant que sa notoriété soudaine »"


Dictionnaire amoureux de la diplomatie

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais reprendre et prolonger la présentation qu’avait faite François de l’excellent livre de Daniel Jouanneau : le dictionnaire amoureux de la diplomatie. Rentrer dans la diplomatie, c’est toujours assez difficile, et là, le mécanisme du dictionnaire fait qu’on picore agréablement, on apprendénorméement de choses, c’est bourré d’anecdotes, j’ai notamment appris que la citation que je croyais être de Clémenceau était en fait de Philippe Berthelot, à propos d’Aristide Briand : « Poincaré sait tout mais ne comprend rien, Briand ne sait rien mais comprend tout ». Je ne résiste pas au plaisir de citer la lettre par laquelle Louis XV a congédié le duc de Choiseul : « mon cousin, le mécontentement que me causent vos services me force à vous exiler à Chanteloup, où vous vous rendrez dans 24 heures. Je vous aurais envoyé beaucoup plus loin, si ce n’était l’estime particulière que j’ai pour Madame la duchesse de Choiseul, dont la santé m’est fort intéressante. Prenez garde que votre conduite ne me fasse prendre un autre parti. Sur ce, je prie Dieu, mon cousin, qu’il vous aie en sa sainte garde » "