"À l’approche des fêtes, je recommande un beau livre, celui de Maryvonne de Saint-Pulgent, Les musiciens et le pouvoir en France, qui prouve qu’un livre peut être à la fois érudit et splendide. L’autrice, déjà connue pour son admirable histoire de Notre-Dame, y analyse avec une précision remarquable la relation entre la musique, le mécénat et l’État. Elle y met en lumière les différentes formes de patronage, du mécénat de Lully à celui de Boulez, et montre comment les régimes politiques influencent la création artistique. C’est une thèse fascinante : ce sont souvent les régimes autoritaires qui soutiennent le plus vigoureusement la musique. Mais quelle que soit le régime politique, il oriente la composition vers deux directions — une vocation élitiste, incarnée par Pierre Boulez et appuyée par plusieurs présidents successifs, et une vocation sociale, dans la lignée de Blum, Malraux ou Jack Lang, aujourd’hui dominante. Cette évolution, note-t-elle, a contribué à marginaliser la musique contemporaine. Ce lien entre le mode de mécénat et le contenu même de l’œuvre musicale est, à mes yeux, l’un des aspects les plus stimulants et originaux de ce livre remarquable."