"Ma Brève sera consacrée à une bonne nouvelle : à partir de janvier, Michel Winock rejoindra notre équipe. Tous ceux qui se désolent et s’inquiètent de la raréfaction de l’Histoire dans l’enseignement et de sa méconnaissance dans les analyses comme dans les proclamations politiques ne pourront que se réjouir qu’un historien de ce calibre ait une nouvelle occasion de faire entendre sa voix. Je profite de cette bonne nouvelle pour signaler l’existence en poche, dans la collection Tempus, de la biographie que Michel Winock a consacré à Clemenceau, « homme de gauche maudit par la gauche du moment que celle-ci s'est affirmée révolutionnaire ». « Son histoire nous rappelle écrit Winock qu'il a existé une autre gauche : la gauche républicaine. L'homme, ses convictions, ses combats sont sans doute d'une époque révolue mais ils s'inscrivent dans une tradition, dans une famille politique issue de la révolution de 1789 et ils illustrent un certain nombre de valeurs qui ne sont pas hors de saison : l'esprit démocratique, l'impératif laïque, l'amour de la patrie, l'individualisme philosophique doublé du réformisme social. » A propos de la célèbre formule de Clemenceau, « la révolution est un bloc », Winock rappelle dans quelles conditions elle fut prononcée. Celles d’un débat à la Chambre autour de l’interdiction d’une pièce, Thermidor, de Victorien Sardou auteur qui prenait avec l’histoire autant de libertés que Ridley Scott, et qui prétendait réduire la Révolution à la Terreur. « Depuis 3 jours écrit Clemenceau tous nos monarchistes revendiquent à l'envi la succession de Danton ; quelles que soient vicissitudes, péripéties, injustices qui ont émaillé la décennie révolutionnaire il faut considérer son héritage comme un tout : la révolution est un bloc. » On voit par-là que l’on a raison de se méfier des petites phrases et de ceux qui les sortent de leur contexte."