Gilets Jaunes acte 4 (#66)

Gilets Jaunes acte 4

Introduction

Samedi 8, les gilets jaunes appelaient à manifester pour la 4ème fois. De 300.000 manifestants le 17 novembre dernier, ils seraient passés à 125.000. A Paris, à Toulouse, à Lyon et à Bordeaux, la journée a été émaillée de nouveaux affrontements entre les forces de l’ordre dont 89.000 fonctionnaires étaient mobilisés et des manifestants liés ou non aux gilets jaunes. Selon le ministère de l’intérieur, il y a eu plus de 1.400 interpellations au niveau national et 974 personnes ont été placées en garde à vue. Lundi, les partis d’opposition ont tous été reçus à Matignon. Jeudi, la France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste annonçaient le dépôt demain d’une motion de censure conjointe. Mardi, dans une première tentative de désamorcer le mouvement, le Premier ministre a annoncé la suspension pour 6 mois de la hausse de la taxe sur le carburant, suspension commuée le lendemain par le Président de la République en annulation pure et simple, bien que les mesures annoncées par le Premier ministre aient été adoptées à l’assemblée nationale par 358 voix contre 194. Le ministre des comptes publics a estimé à 4 milliards d’euros le coût de cette annulation. Mercredi, Emmanuel Macron a demandé aux autorités politiques, syndicales et patronales de lancer un appel au calme « clair et explicite » pour éviter les débordements samedi. Si plusieurs syndicats de salariés et du patronat ont débattu avec la ministre du travail vendredi de mesures bénéfiques au pouvoir d’achat des salariés, la CGT a refusé la concertation et lancé un appel à la grève des routiers, appel annulé après l’acceptation par le patronat des revendications des camionneurs. La FNSEA a appelé à la mobilisation la semaine prochaine. Une manifestation étudiante a réuni plus de 1.000 manifestants vendredi, plusieurs centaines de lycées ont été bloqués au cours de la semaine. Les images de l’intervention des forces de l’ordre à Mantes la Jolie ont provoqué un déluge de commentaires sur les réseaux sociaux, et le dévoilement des affinités, voire des affiliations, politiques de certains porte-parole des gilets jaunes a soulevé de nombreuses questions. Vendredi soir, les commentaires de ceux des gilets jaunes reçus par le Premier ministre avaient, pour la première fois, une tonalité confiante. Le Président de la République, qui ne s’est pas exprimé publiquement sur depuis la présentation de la stratégie énergétique de la France le 27 novembre dernier prendra la parole mardi.

Les brèves

Mam'zelle Nitouche

Nicole Gnesotto

"Je conseille un vaudeville-opérette : Mam’zelle Nitouche qui a été écrit et composé par Hervé qui est le créateur du genre et dont Offenbach s’est beaucoup inspiré après 1883. C’est une opérette absolument jubilatoire avec notamment Olivier Py qui joue trois rôles dont deux formidables : il est à la fois la mère supérieure d’un couvent dont ne sait pas trop si c’est une mère maquerelle et une cocotte qui reçoit le major de l’armée présente en garnison. La production repassera à Paris en juin, au Théâtre Marigny, réservez déjà vos tablettes. "

Pierre Hassner

Marc-Olivier Padis

"Jean-Louis Bourlanges avait évoqué la semaine dernière le colloque consacré à Pierre Hassner. Ce qui était intéressant dans les réflexions de Pierre Hassner c’est qu’il ne séparait jamais les questions de système international des institutions politiques et des mouvements qui traversent la société. En particulier les passions politique : c’est peut être l’un des seuls spécialistes des relations internationales qui savait parler des passions politiques, un sujet abandonné par la science politique. C’est une lecture que je recommande vivement. "

Pupille

Philippe Meyer

"Je voudrais juste conseiller d’aller voir le film de Jeanne Herry qui s’appel Pupille qui est l’histoire d’une adoption. C’est un film à voir pour les acteurs quand on aime les acteurs : il y a une telle flopée d’acteurs y compris pour les rôles minuscules. Par ailleurs, chose qui n’est pas fréquente et dont j’ai fait l’expérience comme d’autres à qui j’ai posé la question, certains acteurs que l’on aime pas du tout et qui sont dans ce film sont aimables dans ce film. "

La revanche des passions : métamorphoses de la violence et crises du politique

Nicolas Baverez

"Je voulais rendre hommage à Pierre Hassner qui nous a quitté cette année et vous inciter à lire son dernier livre qui est La revanche des passions. J’ajouterai que la marque de Pierre Hassner est qu’il donnait un éclairage philosophique à la politique et au système international. Ce dont nous parlons aujourd’hui et ce qu’il analyse c’est la fin de ce que nous avons cru être le monde de Kant et de Locke à partir de la chute de l’Union soviétique et au début du 21ème siècle et le retour à un monde qui est le monde de Hobbes, celui des États, le monde de Nietzsche, celui des identités, le monde de Marx, celui de la lutte des classes et enfin le monde de Weber, celui de la guerre des dieux. C’est un monde qui est dominé par la peur et comme le disait Roosevelt dans son discours du New Deal : « la seule chose dont nous devrions avoir peur c’est la peur elle-même ». "

L'Europe. Encyclopédie historique

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrai recommander un dictionnaire sur l’Europe qui est paru chez Actes sud : L’Europe, encyclopédie historique. C’est un dictionnaire établi sous la direction de deux très grands historiens : Christophe Charles et Daniel Roche. Je crois que c’est intéressant car je ne suis pas à mon premier dictionnaire sur l’Europe et le plus souvent on y trouve « subsidiarité », « commission », « directive » etc. Là pas du tout : on a le passé charnel, l’Europe est une terre charnelle et Daniel Roche est un grand historien de la vie quotidienne, des vêtements etc. Si l’on veut retrouver ce qu’est l’Europe et notre bien commun je pense qu’il est très intéressant de se ressourcer dans cette encyclopédie historique plutôt que dans le 90ème sommet de la dernière chance. "

La Nouvelle revue française

Philippe Meyer

"En faisant tomber quelque chose de ma bibliothèque tout l’étage dédié aux numéros de la NRF est tombé et du coup je me suis assis et j’ai commencé à les feuilleter à nouveau. Toutes les revues sont intéressantes et si nous passions à lire les revues le quart du temps que nous passons à regarder les télévisions d’information directe nous serions beaucoup moins bêtes et peut être même plus intelligent. Je dois dire que la NRF qui a été réformée récemment par Michel Crépu est vraiment une revue formidable. La littérature y est prise par tous les bouts pour raconter le monde d’aujourd’hui, le monde d’avant et le monde d’après. La NRF est une revue particulièrement recommandable. "