L'armistice cent ans après ; Demi-victoire ou demi-défaire pour le président Trump ? (#62)

L'armistice cent ans après

Introduction

Cent ans après la signature de l’armistice qui a mis fin à la Grande Guerre le 11 novembre 1918, le Président de République reçoit aujourd’hui à Paris une soixantaine de chefs d’État pour une cérémonie de commémoration ainsi que l’ouverture d’un Forum international de la paix qui se tiendra dans les Halles de la Villette jusqu’au mardi 13 novembre. La cérémonie d’aujourd’hui vient clôturer une série d’hommages et de célébrations organisée depuis 2014 et plus particulièrement cette semaine lors d’un voyage présidentiel dans 11 départements de l’est et du nord de la France qualifié par l’Élysée d’itinérance mémorielle. Commencée à Strasbourg dimanche dernier en présence du président de la république fédérale d’Allemagne Frank-Walter Steinmeier, achevée hier lors d’une cérémonie à Compiègne avec la Chancelière Angela Merkel, cette itinérance a été marquée par la volonté présidentielle de rendre hommage aux soldats ordinaires de la Grande Guerre. À ce titre, Emmanuel Macron a annoncé mardi lors d’un discours prononcé sur le lieu de la bataille des Éparges l’entrée prochaine de l’écrivain Maurice Genevoix au Panthéon. En outre, la semaine de commémoration a fait une place particulière aux troupes coloniales qui ont été célébrées par une cérémonie spéciale qui s’est tenu à Reims en présence du président de la république du Mali Ibrahim Boubacar Keïta tandis que la première ministre britannique Theresa May a été accueillie vendredi par le Président de la République dans la Somme. Pour autant, le parcours mémoriel du Président qui s’achève aujourd’hui a été en partie marqué par une tentative de l’opposition de renvoyer le gouvernement à ses difficultés actuelles et par une polémique sur la place à accorder dans la commémoration au maréchal Pétain dont le nom a été finalement retiré de la liste des maréchaux commémorés ce dimanche.

Demi-victoire ou demi-défaire pour le président Trump ?

Introduction

Mercredi 7 novembre, le président des États-Unis Donald Trump a salué les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis comme étant un « immense succès » pour son camp. Pour autant, le scrutin de mercredi reflète une image nuancée de l’électorat américain qui a conforté la majorité du parti Républicain au Sénat de 2 sièges tout en privant ce même parti Républicain de la majorité à la Chambre des représentants qui bascule vers une majorité Démocrate pour la première fois depuis 8 ans. Face au président Trump, l’élue Démocrate et probable candidate au poste de speaker de la Chambre des représentants Nancy Pelosi s’est elle aussi félicitée des résultats de mercredi. À l’issue du scrutin, elle a affirmé que son parti allait permettre de « rétablir l’équilibre des pouvoirs » aux États-Unis. Pour ce faire, le parti Démocrate devra s’appuyer sur les prérogatives exclusives dont dispose la Chambre en matières fiscale, budgétaire et de politique commerciale tout en évitant qu’un blocage avec l’exécutif n’affaiblisse son crédit auprès de l’opinion. En effet si le président Trump a annoncé qu’il s’accommodait de cette cohabitation et que son administration était prête à collaborer avec la nouvelle Chambre, cette campagne électorale a notamment marqué son emprise renforcée sur l’appareil du parti Républicain avec lequel il entretenait des relations compliquées depuis sa victoire à la primaire de 2016. La normalisation électorale que représente paradoxalement ce résultat semble donc conforter le président Trump avant les prochaines élections américaines qui auront lieu en 2020.

Les brèves

Écoliers en guerre : 1914-1918

Philippe Meyer

"Je voudrais signaler une exposition et un livre qui en est le catalogue : Écoliers en guerre 1914-1918. L’exposition rassemble la collection graphique de l’École alsacienne c’est-à-dire les dessins faits par les enfants parmi lesquels certains étaient appelés à devenir illustre comme Théodore Monod ou Jean Bruller qui est devenu par la suite l’écrivain Vercors et le fondateur des éditions de Minuit. L’exposition a lieu à la mairie du 6ème arrondissement et le catalogue, fait en partie par les élèves d’aujourd’hui et par Florence Lacombe, Emmanuelle Crosnier et Emmanuel Larroche, reprend les dessins et les remet dans la perspective historique de l’époque. Les dessins sont étonnement beaux et notamment chez certains dessinateurs de 8 ans qui maîtrisent le dessin et les couleurs d’une manière étonnante. En même temps ils permettent de suivre comment la guerre est vécue de l’intérieur par des enfants qui croient d’abord comme tout le monde que c’est une affaire de quelques semaines et qui vont d’apercevoir que c’est loin d’être le cas. "

Ce que n'est pas l'identité

Béatrice Giblin

"Un petit livre de la grande sociologue Nathalie Heinich qui s’intitule Ce que n’est pas l’identité. Dans ces temps où le nationalisme identitaire se porte trop bien à mon goût, il est important d’avoir cette réflexion qui est brève mais qui est très bien menée en disant que l’identité n’a pas à choisir son camp à droite ou à gauche. Elle récuse le fait que les partisans de l’identité consubstantielle seraient de droite et ceux qui contesteraient l’identité seraient de gauche. Il n’y a pas une identité mais plusieurs. La lecture de ce petit livre peut donner des arguments lorsque l’on a autour de nous des gens qui nous fatiguent avec l’identité nationale en danger. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’identité nationale. "

Destined for war

Nicolas Baverez

"Les guerres mondiales du 20ème siècle ont souvent été comparées aux guerres du Péloponnèse, par des gens comme Élie Halévy dès l’entre-deux-guerres. Et justement aux États-Unis Graham Allison a consacré un livre au piège de Thucydide entre les États-Unis et la Chine (Destined for war). Le piège de Thucydide c’est que la grande puissance montante et la grande puissance déclinante finissent par se faire la guerre. Le débat sur le piège de Thucydide me semble particulièrement intéressant au moment où l’on commémore la fin de la Grande Guerre. "

Les médiateurs du Pacifique

Lucile Schmid

"Je voulais vous recommander un film assez ancien qui parle de la Nouvelle Calédonie parce que j’ai un attachement particulier à ce territoire et parce qu’il y a eu ce référendum le 4 novembre. Il faut voir Les médiateurs du Pacifique qui est un film qui date de 1997 et qui assez pro-rocardien puisqu’Olivier Duhamel en était le coscénariste. C’est un film documentaire qui reconstitue un moment très particulier de l’histoire de ce territoire quand Michel Rocard (qui joue son propre rôle) devient premier ministre et qu’il envoie pendant 3 semaines 7 médiateurs comme les 7 samouraïs en Nouvelle Calédonie au premier rang desquels Christian Blanc avec son gros cigare pour aller rencontrer les différentes parties prenantes. Parmi les médiateurs il y a des représentants de chaque communauté : un représentant des protestants, un représentant des catholiques, un représentant des francs maçons. Ce film montre comment une médiation peut aboutir et c’est quelque chose d’assez passionnant vis-à-vis d’une situation minée. Il y a des moments très drôles en plus lorsque certaines personnalités jouent leur propre rôle. En outre le film est disponible via le lien suivant : https://charlesbelmont.blogspot.com/2018/11/les-mediateurs-du-pacifique-en-acces.html. "

L'été en enfer. Napoléon III dans la débâcle

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais proposer un livre de Nicolas Chaudun, L’été en enfer. Napoléon III dans la débâcle, qui est triplement décalé : premièrement parce qu’il date de 2011 et que je viens de le lire, deuxièmement parce qu’il parle de la guerre de 1870 alors que l’on parle de la guerre de 14, enfin troisièmement parce qu’en général on parle pendant la guerre de 70 de la défense républicaine, de ce qui s’est passé après le 4 septembre, de l’affrontement entre Gambetta et Thiers mais là Chaudun s’intéresse à l’extrême fin de règne de Napoléon III. Il montre quelque chose qui échappe aux historiens : que Napoléon III a été victime d’un quasi coup d’État familial pendant cette période et qu’il a été totalement marginalisé du pouvoir à partir du moment où cela a tourné mal pour les armées françaises. C’est un livre magnifiquement écrit, sur la grande oubliée de notre histoire : la guerre de 1870. "