Élections américaines : l'état de l'Union ; L'Italie, la dette, l'Europe (#61)

Élections américaines : l'état de l'Union

Introduction

Le 6 novembre prochain, les électeurs américains sont appelés aux urnes pour renouveler, à mi-mandat du président, l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Deux ans et demi après la victoire de Donald Trump, la campagne pour ces élections se déroule, depuis le début d’octobre, dans un contexte d’une particulière violence. Commencée avec l’envoi d’une dizaine de colis piégés aux domiciles de plusieurs personnalités démocrates dont l’ancien président des États-Unis Barack Obama ainsi qu’au siège de la chaine CNN, cette violence a atteint un paroxysme avec l’attentat qui a fait 11 morts samedi dernier dans une synagogue de la ville de Pittsburgh. Après avoir tardé à dénoncer le caractère antisémite d’une fusillade, dont l’auteur ne cachait ni ses sympathies nazies ni ses convictions suprématistes et criait « tous les juifs doivent mourir » en ouvrant le feu, le président Trump a réagi en désignant les médias comme étant « le véritable ennemi du peuple ». Cette saillie du président américain s’inscrit dans une stratégie qu’il déploie depuis le début de la campagne en s’efforçant de transformer le scrutin en plébiscite sur sa personne et en répétant d’un meeting à l’autre un discours hostile aux migrants et en particulier à l’ouverture des frontières aux populations venues d’Amérique centrale. Face à lui, les candidats du parti démocrate dénoncent le caractère inégalitaire de la politique fiscale de l’administration Trump et défendent le bilan de l’Affordable Care Act adopté sous la présidence de Barack Obama. Si les sondages publiés la semaine dernière laissaient prévoir une courte victoire des Démocrates au Congrès, les bons résultats économiques des États-Unis ont fait gagner trois points de popularité depuis septembre au président Trump crédité aujourd’hui de 47% d’opinions favorables. Enfin, la mobilisation de la communauté hispanique et des électeurs les plus jeunes reste une grande inconnue.

L'Italie, la dette, l'Europe

Introduction

Le 27 septembre dernier, le ministre de l’économie et des finances italien Giovanni Tria a présenté le premier projet de budget de la coalition populiste formée par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles depuis les élections générales de mars. Pour tenir une partie des mesures de relances annoncées pendant la campagne, ce budget prévoit notamment un plan de relance de 97 Md€ en 5 ans, plan qui se traduit par l’abandon de la politique de réduction du déficit public dans laquelle l’Italie, dont la dette est considérable, était engagée depuis plusieurs années. Après avoir plusieurs fois mis en garde contre cette hausse du déficit, qui substitue à un objectif de 0,8% du PIB acté par l’ancienne majorité sociale-démocrate un objectif de 2,4% du PIB en 2019, la Commission a fini par rejeter, sans surprise, le 23 octobre, le projet de budget présenté par le gouvernement de Giuseppe Conte. Ce rejet, présenté par le commissaire européen aux Affaires économiques et financières comme la conséquence logique d’une « déviation claire et nette », a été immédiatement condamné par le ministre de l’Intérieur et vice-président du Conseil Matteo Salvini qui a affirmé que « les messieurs de la spéculation » pouvaient se rassurer et que le gouvernement ne changerait rien à son budget. À ce stade, il est peu probable que la procédure de coordination des budgets, dite du semestre européen, qui n’a jamais abouti à une sanction financière, force le gouvernement Conte à revenir sur son plan. Pour autant, la présentation de ce budget a motivé la dégradation par Moody’s de la note attribuée au titre de la dette italienne. La coalition au pouvoir, qui s’est divisée récemment autour d’un projet d’amnistie fiscale, pourrait être ébranlée par une nouvelle dégradation qui entrainerait de lourdes conséquences sur le financement par l’État italien de son déficit alors que sa dette souveraine dépasse déjà les 131% de son PIB.

Les brèves

Suzanne

Philippe Meyer

"Suzanne est un livre signé Frédéric Pommier sur sa grand-mère. Le livre fait des va-et-vient entre la vie de cette femme, les rêves de cette femme, les amours de cette femme, les engagements de cette femme et sa vie d’aujourd’hui où elle est dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes) dans lequel elle est traitée sans affection, ce qui serait beaucoup demandée, mais sans même de respect et ce pour beaucoup de raisons dont certaines tiennent à l’absence des moyens nécessaire et d’autres au fait qu’il y a des gens d’une moins bonne composition que d’autre. C’est un livre composé avec beaucoup d’intelligence par Frédéric Pommier qui avait écrit une belle pièce de théâtre donnée au Bouffes du Nord. "

Quand l’Europe improvise

Marc-Olivier Padis

"Je voudrais recommander le livre de Luuk van Middelaar sur l’Europe chez Gallimard dans la collection Le Débat. Luuk van Middelaar est un historien et un jeune universitaire qui avait déjà publié un très bon livre qui s’intitulait Le passage à l’Europe. Il a ensuite été recruté par Herman Von Rompuy pour l’aider à rédiger ses discours. En tant que plume du premier président permanent du Conseil européen il a vécu les dix années de crise après 2008. C’est un témoin de première source et en même temps un analyste qui connaît très bien l’histoire de l’Europe et de ses institutions. "

Freedom

Lucile Schmid

"Je ne sais pas si beaucoup ont lu Freedom qui est roman magnifique de Jonathan Franzen paru en 2011. Il réussi à décrire à travers la vie d’un couple, Patty et Walter, les contradictions de la société américaine que nous avons évoquées ce matin. C’est un grand roman d’écologie car Walter adore la paruline azurée qui est un petit oiseau en voie de disparition. Ceci nous renvoie aux contradictions de la société américaine qui n’est pas seulement pro ou anti Trump, c’est aussi une société profondément démocratique, profondément névrotique. J’observe que Donald Trump n’a pas évoqué ce terme de freedom dans les enjeux de la campagne, à mon avis il faut que la société américaine se libère de Donald Trump. "

L’heureux stratagème

Nicole Gnesotto

"Ma brève est à double tranchant : d’abord un 20/20 pour la pièce de Marivaux présentée au Vieux Colombier L’heureux stratagème avec des acteurs du Français formidable dont Laurent Lafitte. La maison de Molière est presque devenue la maison de Marivaux : tous les ans ils proposent un nouveau texte peu connu de Marivaux après Le petit maître corrigé l’année dernière. Mais un zéro pointé pour la mise en scène d’Emmanuel Daumas qui oublie que la mise en scène doit servir la pièce plutôt que le metteur en scène. La scène est située au milieu du public est lorsque vous avez le malheur d’être placé au 8ème rang, vous entendez un mot sur deux ce qui est un narcissisme théâtral scandaleux pour la Comédie française. "

Cold War

François Bujon de L’Estang

"En ma double qualité d’amateur de géopolitique et d’amateur de romanesque je voudrais recommander chaleureusement à ceux de nos auditeurs qui ne l’ont pas encore vu de se précipiter dans leur cinéma pour y voir le film qui s’appel Cold War. C’est un film du réalisateur Pawel Pawlikowski qui était l’auteur du magnifique film Ida. Ce film a eu le prix spécial du jury à Cannes et le mérite amplement. C’est un film magnifique, bref à une époque où beaucoup de réalisateurs tendent à ne pas savoir s’en tenir à l’heure et demie. Il raconte de façon extraordinairement efficace et par bonds successifs une histoire compliquée, de façon très cursive, très taciturne, très peu bavarde, avec des images magnifique et deux acteurs sublimes : Joanna Kulig et Tomasz Kot. C’est un film qui dépeint l’atmosphère de la guerre froide et l’implication de la guerre froide dans des vies individuelles par des touches légères et efficaces. "