Thématique : La Russie sous Poutine, avec Pavel Chinsky (#50)

La Russie sous Poutine

Introduction

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Pavel Chinsky vous êtes ancien élève de l’École Normale supérieure, agrégé de russe, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de l’Union soviétique. Auteur d’une dizaine d’articles et de deux monographies sur le régime stalinien, vous dirigez la collection « Domaine russe » créée en 2000 aux éditions du Cherche-Midi. Un temps enseignant à l’Université Charles de Gaulle à Lille et à la Sorbonne, vous devenez directeur général de la chambre de commerce et d’industrie franco-russe en 2017. ​ En remportant l’élection présidentielle de mars dernier avec 76% des voix, Vladimir Poutine est installé au Kremlin au moins jusqu’en 2024 dans un contexte de tensions avec les pays occidentaux. ​Arrivé au pouvoir en 2000, le président russe a entrepris de redresser l’économie du pays. Les ressources pétrolières et gazières y ont contribué, notamment grâce à la flambée des prix des matières premières dans les années 2000. Mais aujourd’hui, l’économie russe est tributaire des aléas des cours du pétrole et affaiblie par les sanctions occidentales qui pèsent sur le pays depuis l’annexion de la Crimée en 2014.​ La croissance peine à atteindre 1.5% en 2017 après la récession des années 2015 et 2016, le taux de chômage se situe à 5.1% et la dette publique représente 15.6% du PIB. ​L’inflation semble stabilisée et le secteur bancaire, durement frappé par la crise de 2008, est en passe de redevenir stable. ​ La Russie reste l’un des pays les plus inégalitaires du monde avec 10% de la population qui détiendrait 77% des richesses, selon une étude du Crédit Suisse. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a été estimé à 20 millions en 2016 pour 146 millions d’habitants ; l’espérance de vie demeure en deçà de la moyenne européenne à 80 ans ; le taux de fécondité est de 1,75, en augmentation depuis 2000 et assez inégal selon les régions. ​ La corruption vaut à la Russie, d’occuper le 131e rang sur 176 dans le classement de l’ONG Transparency.​ L’État a la main sur un grand nombre de secteurs clés allant de l’industrie aux médias.​ Presque toutes les grandes chaines appartiennent soit directement à l’État, soit à des oligarques proches du pouvoir ou à des grands groupes comme Gazprom. Malgré ses faiblesses économiques et sociales, la Russie de Poutine s’inscrit comme un grand acteur de la scène politique internationale notamment en se positionnant comme un acteur clé au Moyen Orient, et en affirmant sa place de grande puissance mondiale. Avec une population qui se déclare à 80% croyante, l’Église orthodoxe tient une part importante dans la vie du pays. Sans être religion d’État, l’orthodoxie a été inscrite dans la constitution comme partie intégrante de l’identité culturelle, historique et spirituelle russe. Mais la Russie compte également près de 20 millions de musulmans. Présent depuis les débuts de l’Empire Russe, l’islam avait été éradiqué à marche forcée avec les autres religions sous l’URSS avant de faire son retour en force ces dernières années. Le pays est aujourd’hui confronté à la montée de l’islamisme et du terrorisme notamment venu de Tchétchénie, grand pourvoyeur de Djihadiste depuis la fin du conflit armé en 2009…

Les brèves

Micro-histoire de la Grande Terreur : la fabrique de culpabilité à l'ère stalinienne

Philippe Meyer

"A partir de sources inédites, l'auteur s'attache à expliquer la fabrique de la culpabilité qui a fait l'originalité de la Grande Terreur soviétique et à comprendre comment des cadres soviétiques sont devenus, une fois arrêtés et emprisonnés, des coupables convaincus de l'être. C'est à travers le destin d'un prisonnier politique, Israël Vizelski, qu'il montre la violence de l'engrenage stalinien."

Staline archives inédites 1926-1936

Philippe Meyer

"Les documents présentés dans cet ouvrage, et inédits à ce jour tant en russe qu’en français, révèlent un Staline sinon totalement sincère du moins parfaitement authentique. Chaque année le tout-puissant Secrétaire général part un mois ou deux au bord de la mer Noire. Il correspond intensivement avec ceux de ses lieutenants restés « garder » le Kremlin en son absence. Dans ces étonnants courriers à usage interne, beaucoup de familiarité et de sarcasmes, énormément de cynisme et peu de retenue. À côté des domaines sensibles (police politique, armée, relations internationales, appareil administratif, industrialisation et collectivisation) figurent des questions relatives à la vie privée du dictateur. Enrichi d’une iconographie inédite, le présent ouvrage montre comment Staline est parvenu à s’imposer comme le maître absolu de l’Union Soviétique durant la décennie 1926-1936."