L'Europe et ses épreuves; Trumpisme et conséquences (#37)

Trumpisme et conséquences

Introduction

Lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem de violents affrontements entre manifestants palestiniens et forces de l’ordre israéliennes ont fait plusieurs dizaines de morts. En reconnaissant la ville sainte comme capitale d’Israël, les États Unis semblent légitimer le processus de colonisation des territoires arabes par l’État hébreu et les Palestiniens craignent que cette décision ne ferme la porte à des négociations pour une solution pacifique, à deux États. Ce transfert a été largement critiqué par la communauté internationale et même par l’Arabie Saoudite qui s’est désolidarisée de la décision américaine alors même que les deux pays avaient récemment opéré des rapprochements. De plus, ces nombreuses divergences sur la question israélo-palestinienne sont concomitantes avec l’annonce de Donald Trump du retrait des États Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Alors que l’Iran temporise et n’a encore pris aucune décision définitive quant à un possible retrait de l’accord, ce revirement américain pourrait avoir de sérieuses conséquences sur l’économie et la politique intérieure du pays et sur le Moyen Orient dans sa globalité L’actuel président iranien, Hassan Rohani, est en effet la cible des conservateurs qui l’accusent d’avoir détruit une partie du potentiel nucléaire iranien en signant l’accord de 2015 et d’avoir perdu un temps précieux alors que le pays aurait pu se doter d’une arme nucléaire depuis longtemps. Ainsi débarrassée des différentes régulations prévues par l’accord, l’Iran serait désormais libre de développer une arme nucléaire faisant craindre au monde une course à l’armement dans la région. La Chine et la Russie avaient d’ailleurs avertis l’administration américaine de leur crainte de voir l’insécurité géopolitique encore augmenter. En Europe, la France, le Royaume uni et l’Allemagne ont également désavoué la position américaine entamant dans la foulée des discussions avec l’Iran pour sauver les termes de l’accord. Après son retrait de la COP21 et le relèvement des barrières douanières avec la Chine et l’Europe, cette dernière décision isole encore un peu plus Washington sur la scène internationale. Le 12 juin prochain, un sommet historique devrait réunir à Singapour Donald Trump Kim Jung. Le leader nord-coréen a prévenu le président américain qu’il devra faire preuve de souplesse sur la question du programme nucléaire nord-coréen, au risque de voir l’annulation pure et simple de la rencontre...

L'Europe et ses épreuves

Introduction

En recevant le 10 mai dernier, à Aix-La-Chapelle, le prix Charlemagne des mains d’une ancienne lauréate, Angela Merkel, Emmanuel Macron a prononcé son quatrième discours sur l’avenir de l’Europe, exhortant à construire sans attendre l’Union Européenne post-brexit. S’adressant à la chancelière allemande, le président français a déploré “le fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux” de l’Allemagne et la frilosité française concernant la modification des traités actuels. Emmanuel Macron s’est engagé à établir une feuille de route des réformes discutées avec Berlin avant le Conseil européen de juin, déclarant “ne soyons pas faibles” et “ne nous divisons pas”. Pourtant, malgré la remontée d’une croissance estimée à 2,4%, une amélioration de la situation de l’emploi et les progrès de l’idée d’une défense commune, la situation politique de l’Europe reste complexe. Angela Merkel est confrontée à un début de mandat difficile, fragilisée par les faiblesses de la coalition SPD-CDU au pouvoir. Sur la question migratoire, la coopération européenne s’érode face à l’avancée des populismes illibéraux et xénophobes. La Hongrie de Viktor Orban, la Pologne de Jaroslaw Kaczinski et la République tchèque d’Andrej Babis freinant encore un peu plus les velléités de relance européenne. Mais l’euroscepticisme s’étend désormais aussi aux pays de l’Ouest. En Autriche l’extrême droite europhobe a récemment fait son entrée au gouvernement et en Italie la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles ont remporté les dernières élections et s'apprêtent à former un gouvernement commun. Concernant les réformes à venir, celles de la PAC, de la zone euro ou du budget commun, l’Europe des 27 peine également à s’entendre à Bruxelles, même au sein du couple franco-allemand où les divergences d’opinion sont nombreuses. Mais face à la politique de Donald Trump, l’Europe pourrait bien être obligée de parler d’une seule et même voix, Angela Merkel allant jusqu’à déclarer: “Le temps où l'on pouvait compter tout simplement sur les États-Unis pour nous protéger est révolu” En effet, entre les menaces de lourdes sanctions économiques et le récent retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, les puissances européennes sont restées unanimes face à ce que le New York Times a qualifié “d’humiliation”...

Les brèves

Aventures d’un géographe de Yves Lacoste

Béatrice Giblin

"Je vais parler d’un livre d’une personnalité et ami qui m’est chère Yves Lacoste, qui sort ses mémoires dans Aventures d’un géographe. C’est un livre extrêmement touchant et qui montre bien la liberté de penser, la liberté d’individu que représente Lacoste. Il a beaucoup fait pour développer la géopolitique en France et la réflexion en créant Hérodote, dont il m’a confié la direction il y a 10 années de cela. Il retrace sa naissance au Maroc, ce qu’ont représenté ses premières années au Maroc et ensuite tout ce qui fait qu’il est profondément géographe. Il y a vraiment des récits qu’il faut relire."

Ch. Maurras, L'Avenir de l'intelligence et autres textes (coll. Bouquins)

Philippe Meyer

"Vous êtes beaucoup à vous inquiéter de l’absence de notre amie Michaela Wiegel. Soyez rassurés, Michaela Wiegel va bien et elle est fortement occupée. J’en ai eu la preuve directement avec la sortie de son livre Emmanuel Macron : Ein Visionär für Europa – eine Herausforderung für Deutschland qui doit vouloir dire en français Un visionnaire pour l’Europe, un défi pour l’Allemagne. Ensuite, récemment une éditrice devenue ministre, Françoise Nyssen, a décidé que la biographie de Charles Maurras serait retirée du volume annuel des commémorations nationales ce qui a d’ailleurs provoqué la démission de Jean-Noël Jeanneney. C’est inquiétant qu’une éditrice puisse faire une chose pareille et ensuite, c’est très inquiétant que la rumeur suffise à imposer ou à renverser des décisions de cette nature. La réponse est venue des éditions Bouquins de Robert Laffont puisqu’elles publient un volume qui a été préfacé par Charles Maurras, un volume de Jean-Christophe Buisson et qui a été annoté par Martin Motte. Ce livre a donné lieu à un article dans le Monde qui discute les choix qui ont été faits. Il y a d’ailleurs un peu de la poésie de Maurras qui ne devrait pas porter à beaucoup de contestations ou à quelconque bagarre. En tout cas, ce qui est extrêmement positif à ce volume c’est qu’on peut enfin discuter. On peut lire, on peut contester l’édition, aucune des horreurs de Maurras ne sont absentes de ce livre."

Le fils de Florian Zeller

Nicole Gnesotto

"Alors moi au départ, je voulais vous parler d’un écrivain que je viens de découvrir à ma grande honte qui est Emmanuel Bove dont le roman Le Piège est exceptionnel. Il se trouve que j’ai aussi vu une pièce de théâtre. C’est une pièce sur les relations Père Fils, c’est donc intitulé Le fils de Florian Zeller à La Comédie des Champs-Elysées et qui se joue jusqu’en juillet de cette année. Alors, j’ai pas été époustouflé par la mise en scène ni par Yvan Attal qui joue le rôle du père. Mais, ce comédien Rod Paradot, qui a d’ailleurs eu le prix en 2016 du meilleur espoir masculin pour le film La tête haute avec Catherine Denevue, est absolument extraordinaire dans le rôle d’un adolescent qui n’a tout simplement pas envie de vivre. Je trouve le texte dur, dérangeant et déroutant et l’interprétation et l’interprétation de Rod Paradot mérite qu’on aille la voir. "

Le rapport d'Oxfam sur le partage des richesses

Jean-Louis Bourlanges

"Je voulais saluer le fait que Madame Duflot ait décidé d’arrêter la politique et de rejoindre Oxfam juste au moment où Oxfam sort une analyse qui me paraît conforter l’engagement de Duflot puisque c’est une ânerie absolue sur le plan économique, Oxfam produit une étude disant que l’augmentation de la part des dividendes distribués par rapport aux dividendes réinvestis était un signe de la détérioration du niveau de vie des salariés. Je crois que c’est une erreur économique élémentaire, le partage de la valeur ajoutée c’est ça qui compte et il se fait d’un côté par les salaires et de l’autre côté par les bénéfices qui sont soit distribués soit réinvestis. Et ce choix entre réinvestissement ou redistribution c’est simplement un choix entre remettre de l’argent dans l’entreprise ou donner la possibilité aux actionnaires de le mettre dans d’autres entreprises ce qui est conforme puisqu’un actionnaire c’est celui qui engage son capital et cela correspond évidemment à une logique économique. Il y a des entreprises qui ont besoin d’investir d’autres qui n’ont pas besoin et quand on distribue ses dividendes il faut réfléchir à ça. Donc il faudrait arrêter, en France, de se poser des questions techniquement et économiquement absurdes si on veut faire une vraie politique sociale."

Le Rocardisme: Devoir d'inventaire

Marc-Olivier Padis

"Je vais passer à tout à fait autre chose. J’ai lu cette semaine avec beaucoup d’intérêt un livre consacré au Rocardisme écrit par Alain Bergounioux qui est un grand historien du socialisme français et Jean-François Merle aux éditions du Seuil. Ce n’est pas une biographie de Michel Rocard même si on suit l’ensemble de son parcours, sa formation, ses premières années de travail ministériel, sa réflexion. C’est plutôt un travail historique sur « y’a-t-il une doctrine rocardienne » qui met en avant et sur laquelle il faudrait continuer à réfléchir aujourd’hui le fait que pour transformer un pays en profondeur, il faut mener des réformes lentes concertées et qui ne passent pas nécessairement par une multiplication de lois expéditives mais plutôt par des transformations qui accompagnent la société d’elle-même."