La SNCF
Introduction
En début de semaine, les deux premiers articles de la réforme de la SNCF ont été votés à l’Assemblée Nationale malgré un mouvement social d'envergure et des débats houleux avec l’opposition de droite comme de gauche. Le premier article autorise le gouvernement à modifier le statut de la SNCF qui, d’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) deviendrait “société nationale à capitaux publics”. Il met également fin au statut de cheminot.Le second article répond aux différentes directives européennes aux pays sur la libéralisation du secteur ferroviaire. Il habilite ainsi le gouvernement à légiférer par ordonnance sur l’ouverture à la concurrence. Cette réforme, marquée par le soutien d’une large majorité de français selon l’IFOP, repose en partie sur les conclusions du rapport Spinetta sur l’état de la compagnie ferroviaire française. Remis au gouvernement à la mi-février 2018, il dressait un constat particulièrement alarmiste de la situation insistant notamment sur le poids des 54 milliards d’euros de dette, sur l’émergence d’une forte concurrence émanant des nouvelles formes de mobilités à bas coût et recommandant la fermeture d’environ 9.000 km de ligne soit le tiers du total des lignes actuellement exploitées. Si cette dernière recommandation a été écartée par le gouvernement, le gouvernement n’a cessé d’affirmer sa détermination à « aller jusqu’au bout ». Les syndicats ont lancé un mouvement de grève sans précédent, le plus important depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, avec deux jours de débrayages tous les cinq jours et ce pour une durée de 3 mois renouvelable. Ils estiment que les salariés de la SNCF n’ont pas à payer pour une dette due en grande partie au développement du réseau TGV. Mais cette réforme n’est pas la seule source de conflit ces dernières semaines. Air France, Carrefour et les éboueurs de quelques grandes villes françaises ont aussi engagé de leur côté un bras de fer social dirigé contre des vagues de licenciement, des baisses de salaire ou la dégradation globale des conditions de travail. A travers la France, des journées « Justice morte » expriment l’hostilité à la prochaine réforme de la Justice. Une quinzaine de campus universitaires sont occupés pour des raisons qui vont d’une critique de la réforme Blanquer au soutien au Venezuela en passant par la solidarité avec les grévistes de la SNCF... A Notre Dame des Landes, enfin, l’évacuation des zadistes mobilise d’importantes forces de l’ordre.
L'interview du président face à Jean-Pierre Pernaud
Introduction
Le jeudi 12 avril, Emmanuel Macron était l’invité du journal de 13h de TF1 de Jean-Pierre Pernaut. Le président s’est d’abord brièvement exprimé sur la situation actuelle en Syrie. Réaffirmant sa détermination à lutter contre le terrorisme tout en “assurant la stabilité de la région”. Il s’est aussi dit prêt à agir militairement en réaction à l’utilisation désormais avérée d’armes chimiques par les troupes de Bachar El-Assad sur ses propres civils. Emmanuel Macron a justifié le rythme soutenu des réformes pour “rattraper le retard accumulé ces 35 dernières années par la France” qu’il soit dans l’éducation nationale, l’économie ou le social avec comme slogan “Libérer, protéger et unir”. Il a légitimé la baisse de l’impôt sur les sociétés accompagné d’un investissement de 15 milliards d’euros dans la formation et l’apprentissage afin d’augmenter la flexibilité de l’emploi. A propos de la SNCF, le chef de l’Etat s’est dit déterminé à “construire le chemin de fer de demain” en allant “au bout car c’est ce que notre pays attend”, en écartant l’idée d’une privatisation complète certifiant que l’État reprendrait une partie voir la totalité de la dette de la SNCF. Sur la situation dans le secteur hospitalier, le chef de l’exécutif a reconnu de grandes difficultés affichant le projet de “réorganiser l’hôpital” en “mettant plus de moyen” à disposition des soignants notamment dans les EPHAD largement tributaires d’une société vieillissante. Il a justifié la hausse de la CSG d’1,7%, promesse de campagne et s’est exprimé sur la baisse prévue de la taxe d’habitation à hauteur de 20 milliards d’euro dans une volonté de “moderniser la fiscalité locale”. Cette diminution de “l’impôt le plus injuste qui soit” sera compensée par l’État, Il a ainsi récusé la fracture entre France des villes et des champs qu’on lui oppose souvent, préférant parler de “France périphérique”. Enfin, le chef de l’exécutif s’est longuement attardé sur le sujet du terrorisme indiquant qu’il est “un problème dans notre pays”. Il s’est dit prêt à fermer les mosquées qui prêchent des dogmes contraires à la République et à clarifier les règles de fonctionnement et de financement, notamment venant de l’étranger, des divers établissements religieux. S’il déclare vouloir être “intraitable” concernant le retour à l’ordre républicain, Emmanuel Macron a également annoncé, dans la foulée, la création d’un plan de reconquête de la République basé sur un vrai “retour des services publics” dans les territoires les plus sensibles...