Les brèves

La plaque honorant la mémoire d’Arnaud Beltrame

Philippe Meyer, créée le 25-10-2020

"Je voudrais dire un mot de l’affaire de la plaque déposée à Paris à la mémoire du Colonel Beltrame. Cette plaque dit « Jardin Arnaud Beltrame 1973-2018 Colonel de Gendarmerie Assassiné lors de l’attentat du 23 mars 2018 à Trèbes (Aude) Victime de son héroïsme ». Il y a plusieurs interprétations , mais la plus probable me paraît être la faute de français : dans cette formulation, l’héroïsme est une maladie. Arnaud Beltrame est victime de ses assassins. Mais ce n’est pas ce qui m’interpelle le plus. Quand il s’agit d’honorer quelqu’un, il faut le faire de manière plus explicite. On aurait dû je crois dire que le colonel Beltrame s’est porté volontaire pour remplacer une otage, et qu’il a par la suite été assassiné par un terroriste. Qu’on sache la nature de son acte héroïque. J’en appelle aux municipalités, pour que les héros soient honorés explicitement, et non pas pour que nous-mêmes nous donnions l’air d’avoir fait notre devoir."


Lettres d’Amérique

François Bujon de L’Estang, créée le 25-10-2020

"Je change de terrain et traverse l’Atlantique pour attirer votre attention sur la publication des Lettres d’Amérique de Georges Clémenceau. Le jeune Clémenceau âgé de 24 ans s’est rendu aux Etats-Unis en 1865. Il y est resté jusqu’en 1869, et il a observé la vie politique américaine, en correspondant pour le journal Le Temps. Les lettres publiées font état de la reconstruction au lendemain de la guerre civile, une période particulièrement difficile, et de la lutte entre Andrew Johnson, le président qui succéda à Lincoln et était pour une réintégration rapide des États sudistes dans l’Union, et les radicaux, favorables à des sanctions bien plus dures (qui accèderaient ensuite à la Maison Blanche avec Ulysses Grant). Les sympathies de Clémenceau allaient aux radicaux. Il a assisté à tout cela, à la tentative d’impeachment contre Johnson, qui échoua de justesse. A propos de l’élection présidentielle américaine, Clémenceau écrit : « ce carnaval américain, ce dévergondage général des esprits qu’est l’élection présidentielle, durant laquelle prévaut la liberté absolue de parler et d’écrire, de se moquer, d’insulter, de médire, d’inciter à la haine et au mépris de qui et de quoi que ce soit ». Et Trump n’était pas encore né."


Penser comme un iceberg

Marc-Olivier Padis, créée le 25-10-2020

"Quand on traverse l’Atlantique, on peut croiser un iceberg ... Admirez ma transition vers ma recommandation de cette semaine, un livre de philosophie signé d’Olivier Remaud. L’objet peut paraître surprenant pour un philosophe, mais l’iceberg est ici une image de la solitude, de la désolation. Il y a également beaucoup de réflexions aujourd’hui sur le réchauffement et la fonte de cette glace, notre rapport à la nature, aux paysages, sur cet objet un peu insaisissable, compact, entouré de brume, avec une partie sous-marine énorme et en réalité pleine de vie ... C’est une très belle réflexion sur un paysage qui disparaît sous nos yeux."


Trump ou Biden

Jean-Louis Bourlanges, créée le 25-10-2020

"Je voudrais recommander l’étude de Michel Duclos publiée par l’Institut Montaigne en début de semaine. A quelques jours de l’élection américaine, cet état des lieux des possibilités de la relation transatlantique est très intéressant. L’étude est très fine et nuancée, elle montre qu’il ne faut pas se faire d’illusion sur un « coup de rein » de l’Europe si Trump est réélu. Si c’était le cas, plus aucune des mauvaises tendances de Trump ne serait contenue. Quant à Biden, il ne représenterait pas un changement si drastique (à part dans la forme, évidemment) ; globalement les intérêts du parti Démocrate ne conduiront pas à des relations très faciles. Michel Duclos propose quelques solutions pour donner au débat euro-Atlantique une dimension nouvelle et des enjeux différents. "



Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie

David Djaïz, créée le 18-10-2020

"Je vous recommande le dernier ouvrage de Robert Boyer, qui est un économiste de l’école de la régulation, comme Michel Aglietta. Cette école a été tenue à l’écart par la science économique officielle, mais elle a été remise en selle par la crise financière d’abord, et par la pandémie ensuite. C’est une analyse qui mêle science économique, Histoire, théorie du droit et institutions. C’est un livre passionnant dans lequel Robert Boyer nous prédit un choc planétaire entre un capitalisme dominé par les plateformes et un autre, centré sur les Etats et dyes secteurs traditionnels de l’économie. Il se pose cette question, qui m’obsède aussi : y a-t-il une troisième voie ? Elle se rapprocherait de l’économie mixte ou de ce qu’on appelait pendant les Trente Glorieuses le capitalisme contractuel, et devrait évidemment faire une grande part à la transition écologique."


Exposition « l’âge d’or de la peinture danoise »

Philippe Meyer, créée le 18-10-2020

"La peinture danoise est une peinture de la lumière, celle qui est exposée en ce moment au petit Palais date du début du XIXème siècle, étrange période où le Danemark venait de subit quantité de défaites. En même temps, sa peinture est ici à son apogée. J’y suis allé avant les décisions sanitaires annoncées par le président, je ne sais donc pas ce qu’il en est en ce moment, mais pour moi la jauge était tout à fait agréable. C’est le moment d’en profiter."


Musée de l’Orangerie

Nicole Gnesotto, créée le 18-10-2020

"Enfin, une fois que vous sortirez de Pompéi au Grand Palais, reculez un peu et allez au musée de l’Orangerie, qui est sublime et a été magnifiquement restauré il y a peu. On peut y voir d’une part une petite exposition sur Giorgio de Chirico, très belle, mais aussi le fonds propre de l’Orangerie, la fameuse collection de Paul Guillaume. Comme le couvre-feu nous oblige à sortir l’après-midi plutôt que le soir, allons aux expositions."



François Sureau à l’Académie Française

Matthias Fekl, créée le 18-10-2020

"J’aimerais d’abord saluer l’élection de François Sureau à l’Académie Française, au premier tour, et sans aucune croix ni vote blanc, ce qui est exceptionnel. Il s’agit d’un écrivain magnifique, qui perpétue la belle tradition des avocats écrivains académiciens. C’est aussi un ardent défenseur des libertés, dans une période où elles sont particulièrement menacées. Enfin, c’est un ami de notre émission !"


Josep

Béatrice Giblin, créée le 11-10-2020

"C’est un film d’animation que je vous recommande, signé du dessinateur Aurel. Il est consacré à un autre dessinateur, républicain de la guerre d’Espagne, Josep Bartoli, mort aux USA pendant les années 1990. Il a dessiné, avec le matériel de fortune qu’on imagine, ce qu’il voyait dans les camps d’internement de Rivesaltes, du Cap d’Agde où l’on a parqué plus de 400 000 réfugiés, républicains, communistes, anarchistes ... On voit comment la France et ses forces de l’ordre ont traité ces « espingouins » comme une menace très dangereuse, donc très violemment. Le film mêle les dessins d’Aurel à ceux de Bartoli, absolument remarquables. Il faut voir ce film très émouvant, d’autant qu’il traite d’une période mal connue en France. "


Revue « Books »

Philippe Meyer, créée le 11-10-2020

"Peut-être ne faut-il pas se lamenter trop vite sur la disparition des revues, puisque d’excellentes anciennes revues demeurent (Esprit, Commentaire, La Revue des Deux mondes ...), de nouvelles viennent de se créer, comme Zadig ou Germinal. Il y en a aussi qui sont à la lisière du magazine, comme Books, que je recommande souvent. Le sous-titre de cette revue est « les livres questionnent le monde ». Pour ce faire, Books traduit des articles provenant de toutes sortes de publications à travers le monde. Le numéro de septembre porte sur la hiérarchisation des risques, et celui d’octobre sur la tentation autocratique."