Ceux que je suis

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission Le point sur les réformes ; les relations France-Russie / n°106, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Ceux que je suis

Philippe Meyer

"Un premier roman, signé par Olivier Dorchamps, qui s’intitule « ceux que je suis ». Auguste Comte disait que l’humanité se compose de davantage de morts que de vivants, je pense que c’est vrai aussi pour chacun d’entre nous. L’auteur, qui est un Français qui vit à Londres, ayant pris l’identité d’un Franco-Marocain, développe le roman de la découverte de ceux à qui nous devons d’être nous-mêmes. C’est en même temps une sorte de reconnaissance, dans tous les sens du mot. "


Les autres brèves de l'émission :

Le monde des hommes

Richard Werly

"Je voulais moi aussi parler de Thomas Piketty, m’étant plongé dans la lecture de ce très gros livre, mais c’est pour en sortir une perle, qui n’est ni statistique ni économique. Durant quelques pages, il parle d’un formidable livre de Pramoediya Ananta Toer, l’écrivain Indonésien, qui s’appelle « le monde des hommes ». Cet écrivain raconte comment une femme de très basse extraction en Indonésie, par son mariage, réussit sur le plan économique et devient une femme de pouvoir importante dans l’Indonésie alors dominée par les Pays-Bas. Je trouve formidable qu’un économiste qui fait 1000 pages sur les inégalités aille explorer cette référence littéraire. Rien que pour cela, ça vaut le coup de lire Piketty, et surtout Ananta Toer. "


Kind of blue : le making-of du chef-d’œuvre de Miles Davis

Marc-Olivier Padis

"Un mot de musique, parce qu’on a fêté en août l’anniversaire du disque de Miles Davis Kind of blue, qui date de 1959. France Musiques a fait une série de quatre émissions très intéressantes sur ce disque, son contexte et son héritage, que l’on peut retrouver en podcast. J’en ai profité pour ressortir de ma bibliothèque un très bon livre d’un journaliste Américain, Ashley Kahn, sur l’histoire de ce disque, traduit en français chez un petit éditeur « le mot et le reste ». Au lieu de lire une histoire chronologique du jazz, ce livre sur un album permet de voir ce qui précède et ce qui suit, et c’est une très bonne façon, à travers un micro-examen, de comprendre toutes les influences et les courants, et de fait l’histoire du jazz."


Capital et idéologie

Nicolas Baverez

"Au risque de surprendre, je voudrais recommander la lecture de Thomas Piketty, de son livre sur le capital et l’idéologie. Marx disait que l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’était que l’histoire de la lutte des classes. Piketty pourrait de son côté dire qu’elle n’a été que la lutte des idéologies pour faire accepter les inégalités. On s’aperçoit que les données figurant dans le livre montrent que c’est faux, et qu’il y a une baisse spectaculaire de l’inégalité depuis les régimes féodaux. On s’aperçoit aussi que le socialisme participatif, censé dépasser le capitalisme et la propriété privée, reste assez largement dans les limbes. Mais l’exploitation des données fiscales, le travail de recherche est par ailleurs très utile. Finalement, il faut lire Piketty parce qu’on comprend encore mieux en le lisant pourquoi Tocqueville avait raison contre Marx, et pourquoi c’est la liberté politique qui prime sur les passions pour l’égalité. "


Fin du leadership Américain ?

Nicole Gnesotto

"La rentrée littéraire, ce sont évidemment 750 romans, c’est aussi traditionnellement le moment où quelques livres de géopolitique font le tour du monde et essaient d’en comprendre le nouvel ordre. Le premier en date est celui publié à la Découverte, sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal, c’est l’état du monde 2020, intitulé cette année « fin du leadership Américain ? » A un an des élections présidentielles américaines, ce livre fait le bilan des forces et des faiblesses de la puissance américaine dans le monde, en particulier de l’acceptabilité aujourd’hui et (de moins en moins) partout du leadership américain. Je voudrais insister sur l’introduction de Bertrand Badie, grand professeur de sciences politiques, qui est une parole tout à fait différente et iconoclaste. Il propose une lecture de l’évolution du leadership américain depuis 1945 qui fait réfléchir. Je ne suis pas sûre que ce leadership ne soit pas une contrainte pour les Etats-Unis. "