Le gang de la clef à molette

Brève proposée par Lucile Schmid dans l'émission La loi anticasseurs ; Le voyage du pape aux Emirats arabes unis (#75), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Le gang de la clef à molette

Lucile Schmid

"Au moment où l’on parle beaucoup de manifestations écologiques ou écologistes, je me suis dit qu’il serait intéressant de relire un grand texte fondateur de l’éco-activisme aux Etats-Unis intitulé Le gang de la clef à molette écrit par Edward Abbey. Ce n’est pas un gang fondamentalement violent mais qui démolit des chantiers de ponts qui détruisent l’Ouest américain. Ce sont quatre mousquetaires qui sont tout à fait extraordinaires. Il y a par exemple une femme très belle entourée de trois hommes dont un vétéran de la guerre du Vietnam. Ce sont tous ces grands romans américains où le souffle, la description de la nature, nous emportent très loin de romans français parfois un peu trop nombrilistes. Dans ce souffle, il y a toujours de l’imprévu. Je vous invite à relire ce roman et à retrouver les intuitions des années 1970 car ce qu’il dit aujourd’hui peut s’appliquer à l’aménagement du territoire tel qu’on l’applique toujours. "


Les autres brèves de l'émission :

La comédie des Halles : intrigue et mise en scène

Philippe Meyer

" Je voudrais chaudement recommander un livre de Françoise Fromonot qui est architecte et professeure d’architecture paru aux éditions La Fabrique intitulé « La comédie des Halles ». Il porte sur l’aménagement des anciennes halles à Paris. Françoise Fromonot enquête sur les causes de ces dérapages et en fait voir les conséquences : une gare souterraine transformée en vestibule d’un centre commercial, des équipements publics relégués aux étages d’un forum qui n’a jamais si mal porté son nom, un jardin où l’on ne s’arrête plus planqué de caméras de surveillance et parsemé de grilles d’aération. Ce sont les stigmates d’une opération qui s’est soldée par la privatisation et la normalisation accrues de l’espace public dans la capitale pour le plus grand profit d’une firme qui s’appelle Unibail. Unibail est à l’urbanisme ce que Monsanto est à l’agriculture. "


Qu'est-ce qu'une saine colère ?

Béatrice Giblin

"Je recommanderais cette semaine la lecture de Philosophie magazine : Qu’est-ce qu’une saine colère ? qui est je crois un bon complément à la discussion que nous avons eu. C’est tout un débat de savoir à quoi sert la colère bien sûr. Pour écrire ce numéro, ils ont fait appel à tout un nombre de philosophes concernant l’analyse des gilets jaunes. J’ai été extrêmement intéressée par l’article de Francis Wolff : « Un mouvement antipolitique ou la réinvention d’un nous ? » C’est un texte très court qui donne vraiment à penser. "


La revanche de la nation : Passions politiques en Pologne aujourd’hui 

Marc-Olivier Padis

"A un moment où l’on s’interroge sur ce qui va se passer pour les élections européennes, je vous recommande d’aller sur le site de l’institut Jacques Delors et de récupérer un travail réalisé par Aziliz Gouez intitulé « La revanche de la nation : Passions politiques en Pologne aujourd’hui ». C’est une très bonne synthèse sur la stratégie du parti au pouvoir, le PiS (Droit et Justice) à la fois d’un point de vue social et démocratique. Ça n’est pas un discours anti européen qui serait favorable à sortir de l’Europe mais une tentative de développer une nouvelle idée de l’Europe. C’est quelque chose d’assez riche du point de vue idéologique et cela est très éclairant."


Chefs d’état en guerre

François Bujon de L’Estang

"Plus prosaïquement je voudrais vous recommander le livre du Général Bentegeat qui s’intitule « Chefs d’état en guerre » paru aux éditions Perrin. René Brouillet avait fait remarquer à de Gaulle que dire "un normalien sachant écrire" était un pléonasme, on peut cependant se dire qu’une général sachant écrire n’en est pas un. Or le général Bentegeat a une plume forte élégante et le livre est très intéressant car il juge l’action d’un certain nombre de chefs d’état, anciens et modernes, du point de vue de chef des armées, de stratège et de commandant en chef devant les milices. Il y a deux chapitres très intéressants à la fin sur Mitterrand et sur Chirac qui ont l’épaisseur du vécu puisqu’il a travaillé avec l’un et avec l’autre - Chirac durant la guerre de Bosnie et du Kosovo par exemple . Mais il remonte beaucoup plus loins dans l’Histoire en évoquant Clémenceau ou encore Napoléon III et Lincoln pendant la guerre de sécession. Il juge également Hitler et Staline en chef de guerre et pas seulement en homme d’état. Cette vision d’un militaire intelligent et cultivé sur des vrais commandants en chef est extrêmement intéressante. "