"J’ai adoré cette exposition du Centre Pompidou. Sous-titrée Circulations artistiques et lutte anticoloniale 1950-2000, elle affiche une ambition immense. C’est une exposition engagée, qui montre à quel point ces artistes noirs faisaient partie d’un mouvement global, aux côtés d’écrivains, de poètes, d’hommes politiques comme Frantz Fanon. Elle réserve de vraies découvertes. Pour ma part, j’ai été frappée par Beaufort Delaney, un artiste américain exilé à Paris, comme beaucoup d’autres, car être un artiste noir aux États-Unis dans les années 1950 était quasiment impossible. À Paris, ce n’était pas simple non plus, mais leur expression y trouvait plus de place. Delaney, avec ses portraits et ses œuvres abstraites, m’a éblouie. J’ai aussi beaucoup aimé Avel de Knight, dont les dessins de jeunes hommes sont saisissants. Souvent, leur homosexualité s’ajoutait à leur marginalité, ce qui rend leur trajectoire encore plus poignante. Ces artistes restaient à Paris, y vivaient, y travaillaient, mais sans pour autant devenir des figures parisiennes majeures. Il y a là un enjeu de reconnaissance artistique et politique. Mon seul bémol : l’accrochage thématique, qui oblige à refaire tout le parcours si l’on veut revoir certaines œuvres. Mais vraiment, c’est une exposition qui fera date."