Les formations politiques françaises face au casse-tête des élections européennes ; Les Nations Unies face à la crise du multilatéralisme (#56)

Les formations politiques françaises face au casse-tête des élections européennes

Introduction

Les 26 et 29 mai prochains, les électeurs seront appelés à élire les eurodéputés qui siègeront pendant 5 ans au Parlement européen. Alors que ces premières élections depuis l’arrivée au pouvoir de la majorité d’Emmanuel Macron approchent, les partis semblent avoir du mal à mobiliser leurs troupes et de nombreux scénarios restent encore possibles. Si le parti présidentiel a réaffirmé le 14 septembre dernier qu’il comptait sur ses alliés du MoDem pour mener une liste commune s’affichant en meilleur rempart contre les partis eurosceptiques, les voyages de son délégué général Christophe Castaner à Madrid, Rome et Bruxelles n’ont pas levé les doutes quant aux futures alliances de La République en Marche ! au Parlement européen. Le parti dirigé par Laurent Wauquiez, Les Républicains, est marqué par des divisions internes ravivées le 12 septembre à Strasbourg par le vote en ordre dispersé sur l’ouverture d’une procédure de sanction contre le gouvernement de Viktor Orbán. Si la piste du négociateur en chef européen du Brexit, Michel Barnier, a été évoquée pour diriger la liste du principal parti de la droite, les négociations avec l’intéressé ne semblent pas avoir abouti. Quant au parti de Marine Le Pen, qui ne souhaite pas mener la liste afin de conserver son siège au Parlement français, il continue de capitaliser sur son duel avec le parti du Président de la République sans avoir tranché sur son projet politique ni sur la personne la mieux placée pour mener la campagne. Le Rassemblement national devra compter avec la concurrence de la liste dissidente de l’eurodéputé Florian Philippot ainsi que sur celle de Nicolas Dupont-Aignan qui a annoncé cette semaine qu’il serait tête de liste tout en appelant tous les partis eurosceptiques à se ranger derrière lui. Une multitude de partis souhaitent faire entendre leur voix à l’occasion de ces élections à l’image à gauche de Génération-s, le parti de Benoît Hamon qui devrait en mener la liste ou du PCF et d’Europe Écologie Les Verts qui ont présenteront des listes séparées. Ces atermoiements se manifestent alors que l’Union européenne traverse une crise politique grave illustrée par les deux procédures de sanction pour manquement aux valeurs fondamentales de l’Union engagées contre la Pologne et la Hongrie et par le front italo-hongrois contre les positions françaises.

Les Nations Unies face à la crise du multilatéralisme

Introduction

Lundi 24 septembre dernier s’est ouverte à New-York la 73ème assemblée générale de l’ONU qui a vu se succéder à la tribune tout au long de la semaine des représentants des 193 pays-membres de l’organisation. Cette année encore, le discours du président américain Donald Trump s’est distingué par sa violence particulière dirigée cette fois envers le régime iranien que le président américain a qualifié de « principal sponsor du terrorisme dans le monde » tout en appelant publiquement à son isolement sur la scène internationale jusqu’à provoquer sa chute. Donald Trump, dans le droit fil de sa stratégie America first, a menacé les pays du Golfe de leur retirer la protection militaire des États-Unis s’ils poursuivaient leur politique de hausse des prix du pétrole. Si cette stratégie de prise de position unilatérale s’inscrit dans la continuité la diplomatie américaine depuis l’élection de Donald Trump en 2015, elle contribue à consommer un divorce de plus en plus manifeste avec les dirigeants européens et notamment avec le Président français qui a dénoncé à la tribune l’unilatéralisme comme un retour regrettable à « la loi du plus fort » et appelé à une réforme des instances de dialogues internationales comme l’OMC ou le G7. Cette divergence de vue entre les diplomaties européennes et américaines apparait d’autant plus grave qu’elle intervient dans un moment d’affaiblissement des grandes instances multilatérales crées après la seconde guerre mondiale qui a trouvé une illustration particulièrement éloquente cette semaine dans l’absence remarquée à l’ONU des dirigeants chinois, indien et russe.

Les brèves

Dix-sept ans

Béatrice Giblin

"Éric Fottorino a écrit un roman très émouvant qui s’appel 17 ans. C’est sur sa mère qui a eu deux fois des enfants : une fois fille-mère dans une situation où l’on mesure le chemin parcouru pour que l’opprobre et le malheur qui tombe sur ces jeunes femmes soit dépassés ; puis de nouveau n’a pas été enceinte dans les règles et à qui on a enlevé sa petite fille. Cela a été le grand silence de l’histoire familiale que lui-même va découvrir une fois marié avec des enfants. C’est extrêmement émouvant et véritablement : quel chemin parcouru. "

Cabinet de curiosités sociales

François Bujon de L’Estang

"Je vous recommande une lecture plus légère de Gérald Bronner qui est professeur de sociologie à l’Université Paris Diderot et qui est déjà l’auteur d’un certain nombre d’excellents ouvrages et notamment La démocratie des crédules (2013). Il rassemble des textes et des articles dans un petit livre extrêmement stimulant qui s’appel Cabinet de curiosités sociales qui est publié aux PUF. Il continue avec son alacrité et sa sagacité à explorer le monde médiatisé, numérisé dans lequel nous sommes appelés à vivre. Il pose plusieurs questions, Pourquoi les réseaux sociaux rendent-ils malheureux ? par exemple. Il explore les différentes manifestations de la langue de bois. C’est un livre insolent, intelligent, intéressant et je crois très divertissant. "

Janet

Nicole Gnesotto

"Je vais parler d’une femme formidable oubliée et décédée : Janet Flanner. Michèle Fitoussi lui consacre une biographie aux éditions Jean-Claude Lattès. Janet Flanner a été pendant 40 ans la correspondante à Paris du New Yorker. C’est une femme célèbre dans le milieu féministe, journaliste de Paris. Elle a connu tous les grands auteurs américains de Paris (Hemingway etc.). Elle a fait des portraits extraordinaires de de Gaulle, d’Hitler, de Pétain. Elle a connu une gloire internationale en racontant le procès de Nuremberg. Cette biographie refait vivre ce Paris qui était la capitale de la culture mondiale et cette femme exceptionnelle qui a été totalement oubliée après les années 60. Ce livre fait revivre une époque et une journaliste de grand talent. "

Histoire de la IVème République

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais signaler et saluer la publication dans la collection Bouquins en deux volumes de l’œuvre monumentale de cette personne admirable qu’est Georgette Elgey, qui a tout connu, se souvient de tout et fait partie de ces journalistes-historiens avec une grande capacité d’enquête et de sympathie pour le sujet. Elle étudie cette IVème République complètement méconnue à l’heure actuelle. Le général de Gaulle avait toujours dit que les hommes de la IVème République étaient des hommes de valeur et que le système tel qu’il fonctionnait les empêchait de donner leur mesure. Là on voit effectivement un personnel politique de grande qualité, issu de la résistance et qui s’est attaché à rebâtir une société libre et une économie prospère. Le général de Gaulle, lorsqu’il a établi la Vème République, avait des assises plus solides que ce qui existe aujourd’hui. C’est très précieux de lire ce livre de Georgette Elgey. Apprenons ce passé que nous ignorons de plus en plus qui est celui de la IVème République. "

Le loup dans la bergerie

Philippe Meyer

"Je voudrais inaugurer la séquence des brèves en évoquant la mémoire d’Abel Michéa. Abel Michéa était la seule personne à pouvoir faire acheter L’Humanité à un abonné du Figaro dans les années 50, 60 et 70. Pourquoi ? Parce qu’il en écrivait la rubrique de sport. Personne n’a jamais écrit aussi bien sur le football qu’Abel Michéa. Le fils d’Abel Michéa, Jean-Claude Michéa est capable de faire lire Marx à n’importe quel abonné des Échos et il vient de publier aux éditions Climats un livre qui s’appel Le loup dans la bergerie et qui analyse la situation actuelle à partir d’une phrase du Capital que je cite : « Dans sa pulsion aveugle et démesurée, dans sa fringale de surtravail digne d’un loup-garou, le capital ne doit pas seulement transgressé toutes les limites morales, mais également les limites naturelles les plus extrêmes. » "