Quelle politique pour l'écologie ? ; La Grèce est-elle morte guérie ? (#54)

Quelle politique pour l'écologie ?

Introduction

Le week-end dernier, les centaines de manifestations organisées à travers le monde en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique sous l’égide du slogan « Rise for Climate » ont eu un retentissement inédit aussi bien à Copenhague qu’à Manille en passant par San Francisco ou Sydney. En France, la manifestation organisée à Paris a réuni pour la première fois plusieurs dizaines de milliers de personnes en faveur de l’écologie. Cette mobilisation intervient au lendemain de la publication dans Libération d’une tribune signée par 700 scientifiques qui interpellent le gouvernement français sur la nécessité de prendre conscience de « l’urgence climatique » qui a été illustré cet été par la multiplication souvent tragique d’événements climatiques réputés extraordinaires. Par ailleurs, la France doit faire face à une dégradation croissante de la qualité de son air, de son eau ; et à une érosion de mieux en mieux documentée de sa biodiversité. C’est dans ce contexte que l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a annoncé sa démission le 28 août dernier. Si le Gouvernement d’Emmanuel Macron, qui a organisé à Paris en décembre dernier le One Planet Summit, continue d’afficher un engagement sans faille en faveur de l’écologie, le départ de cette figure du mouvement écologiste ne va pas sans soulever quelques questions quant aux engagements concrets que ce Gouvernement souhaite prendre en matière de protection de l’environnement auxquelles la feuille de route de François de Rugy, qui succède à Nicolas Hulot au ministère de l’écologie, ne semble pas devoir répondre.

La Grèce est-elle morte guérie ?

Introduction

Le 20 août dernier, la Grèce est sortie du troisième et dernier plan d’aide financier que ses créanciers lui avaient accordé depuis 2010 pour un total de 290Md€. Si cette sortie a été immédiatement saluée de concert par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, par le président du Conseil européen Donald Tusk et par le président de l’Eurogroupe, Mario Centeno, elle ne signifie pas que la situation économique de la population grecque se soit améliorée depuis les prémisses de la crise en 2010. Les nombreux plans de réformes, de privatisation et de réduction du service public adoptés sous la pression de la troïka ont permis au gouvernement grec de dégager un excédent primaire de 4% de son PIB hors service de la dette pour l’année 2017. Après 9 ans de récession, la croissance a repris en 2017. Cependant, le taux de chômage demeure proche de 20%, les jeunes diplômés représentent une large part du contingent de 50 000 départs annuels et 1.400.000 retraités vont voir leur pension diminuer en 2019. Pour reprendre la main après avoir appliqué les plans successifs imposés par les créanciers, le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé dans un récent discours prononcé lors de la foire de Thessalonique une série de mesures qui vont de la réduction de la TVA à une remontée progressive du salaire minimum dont le niveau a été réduit de 23% depuis le début de la crise. Pour autant la fin du plan d’aide ne signifie pas la fin de la surveillance financière et le Premier ministre grec devra composer avec la « surveillance renforcée » prévue par la Commission pour s’assurer que son pays engage les réformes nécessaires pour honorer ses engagements.

Les brèves

Thomas Lilti, Première année

Philippe Meyer

"Je voudrais recommander le film d’un médecin-cinéaste, de plus en plus cinéaste et de moins en moins médecin – mais toujours considérablement préoccupé par la médecine – c’est Thomas Lilti. On se souvient je pense de son film Hippocrate qui avait beaucoup marqué sur ce que c’est que la vie dans les hôpitaux entre autres choses. On se souvient aussi de Médecin de campagne, œuvre de fiction qui marche sur un sujet de société pourtant ingrat. Là il a tout à fait réussi ce film qui s’appel Première année avec deux comédiens tout à fait choisis : Vincent Lacoste et William Lebghil. En sortant je me suis demander s’il ne fallait pas créer une ONG pour venir en aide aux étudiants de première année : c’est abominable. Il paraît que l’on va s’occuper de réformer tout cela mais je n’avais aucune idée de ce que c’était et je ne comprends pas qu’il y ait des médecins, des professeurs, des universitaires qui aient pu accepter de voir cette formation en première année devenir d’une telle brutalité. Comme œuvre de fiction, ce Première année est une réussite très remarquable avec un rythme remarquable. "

Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main (éditions Verticales)

Nicole Gnesotto

"Une des forces de Maylis de Kerangal est de nous plonger dans des univers professionnels très spécialisés. Là il y a des artistes-graphistes spécialisés dans le trompe l’œil. Ils passent des mois à reproduire une écorce d’arbre, une écaille de tortue. Le vocabulaire est extraordinaire. On a l’impression d’une langue étrangère et en même temps d’une très forte familiarité d’émotion. Je trouve ce roman magnifique, notamment la découverte d’un travail extrêmement concret de la création artistique. L’idée de ces artistes est que la copie peut faire émerger une vérité plus grande que la réalité. C’est tout une réflexion sur l’art : c’est un roman absolument magnifique. "

Emmanuelle Pagano, Serez-vous des nôtres ? (POL)

Lucile Schmid

"C’est un roman qui parle d’eau. C’est le dernier volume d’une trilogie qui s’appelle la trilogie des rives et il décrit dans deux univers parallèles deux amis qui ont la quarantaine. Pour l’un ça se passe en une journée auprès d’un lac qui s’appel Caspienne. (J’ai découvert du coup que la mer Caspienne n’était pas forcément une mer mais que cela se discutait). L’autre s’est enfermé dans un sous-marin nucléaire pour échapper à cet univers de ruralité. Il y a deux univers d’eau, je trouve ce roman extraordinaire parce qu’il nous transporte dans un univers à la fois angoissant et très étrange. "

Daniel Cohen, Il faut dire que les temps ont changé. Chronique (fiévreuse) d’une mutation inquiète (Albin Michel)

Philippe Meyer

"Éric Le Boucher : Nos auditeurs connaissent certainement Daniel Cohen, professeur à l’École normale. Il vient de publier un livre. Cela dit tout sur notre entrée dans une ère de l’homme digital où nous avons à préparer tous les mécanismes de protection sociale et autre que nous avions mis douloureusement en place il y a plus d’un siècle et demi. Il explique très bien ce travail que nous avons à faire. C’est un peu inquiet parce que l’on peu rater notre coup et passer la main à des populismes mais le livre est inquiet sans être pessimiste. "