La nuit des aventuriers

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission Élections sans électeurs / L’Iran après Rohani / n°199 / 27 juin 2021, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

La nuit des aventuriers

Philippe Meyer

"Par ailleurs, je voudrais recommander un livre de Nicolas Chaudun. J’avais déjà signalé à propos de son précédent livre combien cet auteur me paraissait écrire comme on monte à cheval. Il m’a d’ailleurs confirmé qu’il était cavalier, puisqu’il a par ailleurs été notre invité pour une émission sur Paris … Ce livre est consacré au coup d’état du 2 décembre du président Louis-Napoléon Bonaparte, au jour le jour, avec des descriptions absolument admirables et des portraits remarquables de toutes les canailles de l’entourage du futur Napoléon III, ainsi qu’une succession de petites informations distillées ici ou là, sur ce que faisait Victor Hugo, sur ce qu’a écrit Tocqueville, bref c’est un livre qu’on ne lâche pas."


Les autres brèves de l'émission :

Signac les harmonies colorées

Nicole Gnesotto

"Je vous recommande l’exposition sur Paul Signac au musée Jacquemart-André, jusqu’au 26 juillet. D’abord cet hôtel particulier est magnifique, le salon de thé à lui seul est extraordinaire. Ensuite, Paul Signac est un peintre peu connu, et cette exposition éclaire les liens entre les progrès scientifiques et l’art. Le peintre a un jour découvert les travaux d’un chimiste sur la diffraction de la lumière, et lui et Seurat ont vraiment mis en pratique cette idée que l’œil assemblait lui-même les couleurs quand elles étaient proches les unes des autres. Cela a donné le pointillisme de Seurat, puis l’école du fauvisme. Mais ce n’est pas qu’intéressant, c’est aussi magnifique. "


Là où nous dansions

Béatrice Giblin

"Je parlerai d’un livre d’une journaliste romancière, Judith Perrignon. Elle s’est beaucoup intéressée à Detroit, et est allée y faire plusieurs enquêtes. Elle a décidé de faire passer dans un roman cet attachement qu’elle a eu pour les habitants de cette ville, en particulier les Afro-américains. Detroit est une ville aujourd’hui en train de se reconstituer, mais qui a longtemps été en pleine déréliction. Cette capitale mondiale de l‘automobile est toujours très étonnante, avec les restes des sièges sociaux immenses de General Motors, et une architecture très impressionnante des années 1930, dans une ville qui semble dévastée. Elle situe le roman dans la première cité conçue pour les Afro-américains, si vétuste qu’on pense qu’il va falloir la détruire. C’est toute la vie de cet endroit et de ces gens qui nous est décrite. "


Interview de Françoise Fromonot dans Libération du 22 juin 2021

Philippe Meyer

"Je recommande à nos auditeurs de lire l’interview donnée par Françoise Fromonot, architecte, urbaniste et auteur d’un très bon livre sur Paris, sur la manière dont l’installation de la Samaritaine, inaugurée par le président de la République, et celle du musée Pinault, marquent l’achèvement de cette tendance de l’aménagement de Paris exclusivement en fonction du tourisme, et plus particulièrement du tourisme de luxe."


Pousser les murs

Lionel Zinsou

"Pour faciliter le travail des historiens sur l’importance de l‘œuvre de Muriel Pénicaud en matière de social dans le quinquennat d’Emmanuel Macron, elle a publié aux éditions de l‘Observatoire des fragments de mémoires, où elle explique tout ce qu’elle a fait. Objectivement, on lui doit des ordonnances sur le marché du travail, qui sont passées grâce à un art de la négociation sociale exceptionnel. Elle a fait en matière de chômage partiel des avancées considérables au moment de la pandémie, l’explosion de l‘apprentissage est tout de même ce qui frappe le plus les chefs d’entreprise. Elle a peut-être été desservie dans l’expression par un côté un peu nature et peu régulé, alors qu’elle a une expertise exceptionnelle. Du coup, elle fait très bien l’explication et l’éloge de son travail, je vous recommande vivement ses mémoires, qui sont aussi le début de sa statue."


Anecdote sur Napoléon III

Jean-Louis Bourlanges

"Au lieu de la brève que j’avais prévue, je vais faire un petit commentaire sur le coup d’état du 2 décembre. Napoléon III avait été très soutenu par sa maîtresse britannique, Harriet Howard, qui l’avait tiré de la misère et avait financé le coup d’état ; elle fut également un formidable coup de bourse. Cela permit à Louis-Napoléon de lui écrire le lendemain : « je m’acquitte, nous sommes quittes, je te quitte ». L’autre mot est celui de Morny, ministre de l’Intérieur. Un préfet pas très averti lui envoie le télégramme suivant : « il paraît que l’Assemblée l’emporte sur toute la ligne ». Et Morny de répondre : « non c’est la ligne qui l’emporte sur l’Assemblée, vous êtes révoqué ». "