Yoga

Brève proposée par David Djaïz dans l'émission Le Liban sous pression / n°157 (6 septembre 2020), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Yoga

David Djaïz

"Quand Emmanuel Carrère a annoncé au mois de juin que son prochain roman porterait sur le yoga, j’ai soupiré, car j’ai beau l’adorer, le yoga, quand même ... Je l’ai pourtant acheté, parce qu’en lisant la quatrième de couverture en librairie, j’ai vu qu’il y était aussi question de dépression et de bipolarité. Je suis en train de lire cet objet surprenant. Je ne saurais dire si c’est son meilleur livre, mais à ce stade, c’est en tous cas pour moi son plus touchant. "


Les autres brèves de l'émission :

Philosophie magazine n°142 (Septembre 2020)

Philippe Meyer

"Au delà du thème général, « comment avoir confiance ? », deux articles m’ont particulièrement intéressé. L’un est groupement d’hommages à Bernard Stiegler, qui est mort il y a peu. Je n’ai jamais eu le plaisir de le rencontrer, mais le lire en donnait très envie. L’autre est un article de Michel Eltchaninoff, qui avait inauguré la série « Dans la tête de ... » avec Vladimir Poutine. Ici, il s’agit de Didier Raoult. Etant donnés le sérieux et sens de la mesure de l’auteur, cet article donne une idée que je crois assez juste de qui est Didier Raoult."


Orientales

Lionel Zinsou

"Pensant que nous allions parler en deuxième moitié d’émission du procès des attentats de janvier 2015, je cherchais une lecture à ce propos, mais j’ai constaté qu’il s’agit au fond du même sujet que le Liban. En effet, faire des bains de foule à Beyrouth et des détours par Bagdad a des retombées significatives ; c’est aussi une façon d’exprimer qu’on a un rôle messianique dans le monde arabe, qu’on est très proche et impliqué. Pour un président français, c’est un autre moyen de gérer sa relation avec la communauté musulmane. Et c’est le cas depuis longtemps. Henry Laurens, titulaire de la chaire d’Histoire du monde arabe contemporain au Collège de France, a republié en 2019 les Orientales. Ce qui lui permet d’aller de ses travaux d’historien sur les expéditions de Bonaparte en 1798 jusqu’aux problématiques les plus contemporaines. On ne comprend rien au Liban si l’on ne connaît pas l’histoire du pays. Le travail d’Henry Laurens sur la longue durée, tout honnête homme devrait s’y pencher. "


L’Europe, par delà le Covid-19

Michaela Wiegel

"Nous nous sommes souvent interrogés à ce micro sur les fondements idéologiques du macronisme, nous moquant parfois des tentatives de ses conseillers de le définir comme un progressisme. C’est pourquoi j’aimerais saluer l’excellent essai de Clément Beaune, le premier vraiment sérieux, où sont étudiées les bases de la politique européenne d’Emmanuel Macron. J’ai l’impression qu’il y a là ce pilier du macronisme que nous nous sommes évertués à chercher. Lisez-le, c’est un très long papier mais une excellente analyse de ce qui constitue l’exception de Macron."


Dé mem brer

Nicole Gnesotto

"Une recommandation littéraire pour moi cette semaine avec le dernier livre de Joyce Carol Oates, l’écrivain le plus prolixe de sa génération puisqu’elle publie un livre par an à plus de 80 ans. Ici, c’est un recueil de nouvelles, qui est comme toujours chez elle une histoire de femmes. C’est à la limite du fantastique et de l’angoisse, sans jamais vraiment basculer dans la peur. On le lit avec un plaisir un peu obsédant, il y a un art de l’ellipse vraiment époustouflant. Les nouvelles sont assez courtes, c’est l’idéal pour les files d’attente devant les laboratoires. "


Hommage à Antoine Rufenacht

Philippe Meyer

"Antoine Rufenacht nous a quittés cette semaine. Ancien maire du Havre, ancien président de la région Haute-Normandie. C’était un homme politique, je veux dire par là que quand il s’est lancé dans la politique après avoir brillamment réussi dans les affaires, il savait pourquoi. Il avait une certaine de sa région, et de ce que sa ville pouvait et devait être. Il y a réussi, avec obstination, il lui a fallu quatre tentatives pour être maire, mais à peine l’a-t-il été qu’il n’a pas perdu son temps : le port du Havre, le musée Malraux, la reconnaissance de l’œuvre d’Auguste Perret ... Pour pouvoir mener à bien ses projets pour Le Havre, il a tourné le dos à une carrière politique nationale. Il était pince-sans-rire, peu démonstratif dans ses manifestations de camaraderie ou d’amitié. C’était un homme fin, drôle, et qui a fait ce que tant de politiciens n font pas : il avait préparé sa succession. Après avoir confié Le Havre à Edouard Philippe, il a su garder leurs désaccords pour la sphère privée. Une histoire drôle à son propos. Il a été président de la région avec deux voix d’avance. Son concurrent était Laurent Fabius, qui ayant mal pris son échec, avait déclaré :« les deux voix avec lesquelles Antoine Rufenacht a été élu ne peuvent que venir du Front National ». On apprit par la suite que les deux voix en question venaient du Parti Communiste, qui préféraient de loin avoir affaire à un adversaire politique qu’à un ami politique ..."