Le prince républicain

Brève proposée par Béatrice Giblin dans l'émission Réformes, le commencement de la fin ? / OTAN, l’alliance en miettes ? / n°115, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Le prince républicain

Béatrice Giblin

"Un livre de Cédric Léwandowski qui a été directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian sous François Hollande, et qui a occupé pendant cinq ans au ministère de la défense le bureau de Lucien Bonaparte. Ayant désormais certainement plus de temps, il a écrit une très belle biographie de son lointain prédécesseur, intitulée « le Prince Républicain ». Les relations entre les deux frères (Lucien avait six ans de moins que son aîné) ont été plus que difficiles. Vous y lirez le rôle de Lucien au moment du coup d’état du 18 Brumaire, et le rôle très important qu’il a joué le lendemain, le 19. Napoléon n’a jamais voulu qu’on parle du 19, et c’est à son frère qu’il doit de s’en être bien sorti. "


Les autres brèves de l'émission :

Décret paru au Journal Officiel

Lionel Zinsou

"Je vous suggère de lire le Journal Officiel de mardi dernier, qui publie le décret de la reconnaissance d’utilité publique pour la fondation pour la mémoire de l’esclavage. C’était une idée de Jacques Chirac, abandonnée entre 2007 et 2012, que François Hollande avait relancée, appuyé par tous les intellectuels des départements d’Outre-mer, ainsi qu’un rapport important d’un grand écrivain Edouard Glissant, etc. On a mis deux ou trois ans à collecter les fonds nécessaires, mais il y aura désormais un monument reconnaissant la résistance à l’esclavage aux Tuileries, il y aura dans l’Hôtel de la Marine et des colonies, siège de cette fondation, de nombreuses manifestations culturelles. C’est une façon, de Jacques Chirac à Emmanuel Macron, de reconnaître cette réalité fondamentale, reconnue comme un crime contre l’humanité depuis la loi Taubira, de ce qu’a été pendant trois siècles l’esclavage, et de rendre aux Afro-descendants de la République une partie de leur mémoire. "


Amazonia

Lucile Schmid

"C’est un roman de Patrick Deville, qui fait partie de son grand projet « abracadabra ». L’auteur veut écrire des romans sans fiction, et se donne une contrainte précise : il va dans un lieu (il a auparavant écrit « Kampuchéa » et « Equatoria »), collecte toutes les informations sur les faits historiques qui sont arrivés après 1860, et mélange à ce récit des faits historiques quelque chose qui relève de l’histoire personnelle. Ce qui est très intéressant dans Amazonia, c’est qu’on y croise non seulement Aguirre et Humboldt, mais aussi Patrick Deville et son fils de 30 ans, qui font une remontée de l’Amazone ; il mêle ce lien intime et affectif avec son fils et notre histoire universelle et cette région dont nous entendons tous parler."


La science de la richesse

Nicolas Baverez

"Je voulais recommander la lecture du livre de Jacques Mistral, c’est une histoire de la construction de la pensée économique, qui montre à la fois la dite construction et les alternances, et pour la partie la plus récente, l’avènement des marchés, le krach de 1929, Keynes, le renouveau des marchés à partir des années 1970, le krach de 2008 et le retour de Keynes. C’est extrêmement bien expliqué, il s’agit d’une pensée lumineuse qui réconcilie l’économie et l’Histoire. "


Disparition de Fred Mella

Philippe Meyer

"On a appris ce matin la mort de Fred Mella. C’est un nom qui ne dit rien à beaucoup d’entre vous, mais Fred Mella était le soliste des Compagnons de la Chanson, c’était le meilleur ami de Charles Aznavour, c’était aussi un très bon photographe, comme l’était Paul Tourenne des Frères Jacques, et Pierre Jamet des Quatre Barbus. Fred Mella était le dernier de cette tradition des groupes qui étaient nés au moment du Front Populaire, avec « tourisme et travail ». Il y eut énormément de choses développées avant ou après la guerre, comme le cabaret la Rose Rouge, la compagnie Grenier-Hussenot, le grenier de Toulouse ... C’était un moment où l’on a découvert dans les milieux populaires que la culture est quelque chose qui permet d’élargir sa propre existence, et de sortir de ce qu’Hannah Arendt appelait « la prison que chacun d’entre nous est pour lui-même ». "


Une des dernières soirées de carnaval

Philippe Meyer

"Un spectacle qui se donne actuellement au théâtre des Bouffes du Nord. C’est la dernière pièce que Goldoni écrit à Venise, avant de trouver refuge à Paris, par désespoir de ne pas pouvoir faire changer les traditions théatrâles vénitiennes, marquées par un essoufflement de la Commedia dell’Arte. Il y a d’ailleurs un très joli hommage continu à Venise tout le long du spectacle. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger est comme d’habitude extrêmement intelligente et sensible. "