"Je voudrais revenir sur le vote à l’Assemblée nationale de la résolution portée par le Rassemblement National pour dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, adoptée à une voix près, 185 contre 184. Ce résultat, obtenu dans un hémicycle à moitié vide, est symboliquement très fort. Il traduit non seulement la progression du RN, mais aussi la dérive d’une partie du spectre politique vers des alliances de circonstance, tactiques, autour de ses propositions. Je suis frappée par la disparition du front républicain. Celui qui, en 2024, avait encore permis à des députés du Bloc central ou de droite d’être élus semble désormais sans prolongement dans la pratique politique. Cette défaillance ouvre la voie à une banalisation du RN. Quant à la relation avec l’Algérie, elle reste un sujet d’une grande complexité. Le régime algérien continue d’instrumentaliser la haine de la France, mais la question dépasse ce seul rapport de culpabilité. On a affaire à une histoire imbriquée, douloureuse, qui appelle de la nuance et du discernement. C’est précisément cette complexité que le vote de l’Assemblée a ignorée, en cédant à une logique binaire et opportuniste."