A house of dynamite

Brève proposée par Philippe Meyer dans l'émission Bilan de l’examen du Projet de Loi de Finances / n°427 / 2 novembre 2025, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

A house of dynamite

Philippe Meyer

"J’aimerais recommander A House of Dynamite, un film réalisé par Kathryn Bigelow pour Netflix. Comme toujours chez elle, le suspense est d’une efficacité virtuose, mais ce qui m’a frappé, c’est la réflexion qu’elle propose sur la prise de décision. Le film part d’une hypothèse d’attaque nucléaire probable sur Chicago, mais au-delà du scénario catastrophe, il s’attache à montrer comment, dans un univers saturé d’outils informatiques, de protocoles et de procédures censés tout prévoir, il reste des êtres humains contraints de décider — vite, et dans des conditions extrêmes. Bigelow exagère sans doute la vitesse de ces décisions, mais c’est pour mieux mettre en scène cette tension entre la mécanique du contrôle et l’imprévisibilité du jugement humain."


Les autres brèves de l'émission :

Au travail avec Duras, Robbe-Grillet, Rivette et quelques autres

Philippe Meyer

"Je recommande également ce livre de Luc Béraud, un cinéaste qui écrit sur le cinéma avec une clarté et une pédagogie rares. Il ne cherche jamais à impressionner, mais à faire comprendre, sans jargon, ce qu’est concrètement le métier de cinéma. Dans ce livre, il revient sur sa longue période d’assistant, qu’il raconte chapitre par chapitre, aux côtés de réalisateurs aussi différents que Marguerite Duras, Alain Resnais, Éric Rohmer ou Jacques Rivette. Ce sont des mondes très éloignés de Netflix ou de Kathryn Bigelow, mais Luc Béraud parvient à rendre chaque expérience vivante et instructive. Même quand on est réservé devant certains noms — je pense à Marguerite Duras, à propos de laquelle Pierre Desproges disait qu’elle n’avait pas écrit que des conneries, elle en avait aussi filmé — on se surprend à lire avec un réel intérêt les pages que Béraud lui consacre."


Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : 17 écrivains pour la Palestine

Akram Belkaïd

"Je conseille un recueil de textes très courts écrits par dix-sept auteurs en solidarité avec la Palestine. Le titre reprend un vers du grand poète palestinien Mahmoud Darwich, appris dès l’école par les enfants palestiniens. On y trouve des contributions d’Annie Ernaux, Alain Damasio, J. M. G. Le Clézio, Joseph Andras, entre autres. Ces textes, à la fois sobres et puissants, restituent une réalité que les médias peinent souvent à saisir, et rappellent combien la littérature peut encore dire le monde avec justesse et émotion."



Vote à l’Assemblée nationale sur l’accord franco-algérien de 1968

Lucile Schmid

"Je voudrais revenir sur le vote à l’Assemblée nationale de la résolution portée par le Rassemblement National pour dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, adoptée à une voix près, 185 contre 184. Ce résultat, obtenu dans un hémicycle à moitié vide, est symboliquement très fort. Il traduit non seulement la progression du RN, mais aussi la dérive d’une partie du spectre politique vers des alliances de circonstance, tactiques, autour de ses propositions. Je suis frappée par la disparition du front républicain. Celui qui, en 2024, avait encore permis à des députés du Bloc central ou de droite d’être élus semble désormais sans prolongement dans la pratique politique. Cette défaillance ouvre la voie à une banalisation du RN. Quant à la relation avec l’Algérie, elle reste un sujet d’une grande complexité. Le régime algérien continue d’instrumentaliser la haine de la France, mais la question dépasse ce seul rapport de culpabilité. On a affaire à une histoire imbriquée, douloureuse, qui appelle de la nuance et du discernement. C’est précisément cette complexité que le vote de l’Assemblée a ignorée, en cédant à une logique binaire et opportuniste."


Franco, le dernier dictateur

Jean-Louis Bourlanges

"Je recommande ce documentaire en deux parties consacré au Caudillo espagnol, en deux épisodes de 52 minutes, accessibles sur le site de France Télévisions. J’ai assisté à la projection du premier à l’Assemblée nationale avec mon petit-fils, et j’ai trouvé ce film absolument fascinant. Il comble un véritable angle mort : nous parlons souvent de l’Italie, mais très peu de l’Espagne, pourtant essentielle pour comprendre l’Europe du XXème siècle. Ce portrait est d’autant plus instructif qu’il montre un homme sans charisme, sans éclat, mais d’une redoutable habileté politique — un manipulateur qui a su se hisser au pouvoir en s’appuyant sur Hitler et l’aviation allemande. Le film rend compte de la guerre civile espagnole dans toute son horreur, sans parti pris simpliste : il condamne le franquisme mais montre aussi les exactions du camp républicain. C’est un document équilibré, qui rappelle combien cette guerre fut moins une lutte pour le pouvoir qu’une volonté d’extermination réciproque. Une œuvre à voir, pour comprendre ce qui s’est joué de l’autre côté des Pyrénées."


Donnerons-nous notre langue au chatGPT ? : l'impact de l'IA sur notre avenir

Antoine Foucher

"Je recommande ce livre de Gilles Moyse, publié aux éditions Le Petit Robert. C’est le premier livre qui m’ait vraiment permis de comprendre, en quelques heures seulement, ce qu’est l’intelligence artificielle. Je ne suis pas ingénieur, et je m’agaçais de lire beaucoup sur le sujet sans jamais saisir comment tout cela fonctionnait. Gilles Moyse remonte à la machine de Turing et explique, avec une clarté remarquable, les fondements techniques de l’IA sans jamais employer de jargon. C’est un ouvrage lumineux : il rend accessibles les mécanismes de l’intelligence artificielle et permet, une fois les bases comprises, d’aborder autrement les grands enjeux qu’elle soulève — productivité, emploi, souveraineté. L’auteur s’appuie sur des études récentes, mais toujours dans un langage limpide. Une lecture idéale pour ceux qui veulent comprendre ce phénomène de l’intérieur, sans être des spécialistes."


Le trottoir

Antoine Foucher

"Je recommande le groupe Le Trottoir, et notamment deux de leurs chansons qui me plaisent beaucoup : Sur les sentiers du monde et Au bar du printemps. Philippe les connaît bien, et je trouve que leur écoute fait un bien fou. Après une émission comme la nôtre, où le destin français ne paraît pas toujours très réjouissant, ces morceaux redonnent de l’élan. Il y a dans cette musique une joie de vivre communicative, jamais naïve, toujours traversée d’une légère mélancolie. C’est un enthousiasme profond, entraînant, qui remet du baume au cœur — exactement ce qu’il faut pour respirer un peu après avoir beaucoup réfléchi …"