Misbehaving. The Making of behavioral economics

Brève proposée par Nicolas Baverez dans l'émission Entre grand débat et dérive violente des gilets jaunes : quelle sortie de crise ? ; Les 40 ans de la République islamique d’Iran (#76), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Misbehaving. The Making of behavioral economics

Nicolas Baverez

"Depuis 2008, on sait que les hypothèses d’efficience des marchés ou de rationalité des agents économique sont évidemment plus contestées. Il y a une école économique qui s’appelle : « l’économie comportementale ». Richard H. Taler est un des deux grands auteurs qui a réfléchi à cela. Le Seuil a publié en 2018, ce qui est un peu le traité de l’économie comportementale : Misbehaving et ça montre comment au-delà de la rationalité les passions jouent un rôle extrêmement important dans l’économie avec ce qui est le génie des anglo-saxons : des exemples concrets extrêmement drôles sur les jeux télévisés, sur le football américain. C’est de la bonne économie théorique et on ne s’ennuie pas. "


Les autres brèves de l'émission :

Cet étrange nazi qui sauva mon père

Michaela Wiegel

"Je voudrais recommander le livre de François Heisbroug, le spécialiste des relations internationales des questions de sécurité qui est un livre très personnel. Il s’intitule cet étrange nazi qui sauva mon père. Il traite de Franz von Hoiningen qui, je vous rassure, n’est pas très connu en Allemagne non plus. Il a sauvé des centaines de juifs et de résistants et, parmi eux, le père de François Heisbourg, Georges Heisbourg. C’est une étude très intéressante sur ce qu’appelle François Heisbourg, la banalité du bien, c’est à dire malgré tout des gens qui, dans un régime dictatorial, ont essayé, même en affichant en quelque sorte leur adhésion à ce régime, à faire quelque chose pour les autres. Ça se lit d’une traite. "


La ligue du LOL

Philippe Meyer

"Je voudrais ouvrir la séquence des brèves avec un fait d’actualité. Les participants à la ligue du LOL; ceux qui à la naissance des réseaux sociaux les ont utilisés pour harceler hommes et femmes, s’en prendre à leur physique, ridiculiser leur travail en substituant l’injure à l’argument. Ceux qui les calomniaient, ceux qui arrivaient à truquer des photos pour les mettre dans des situations qui n’étaient pas extrêmement sexuellement flatteuses et tout autre chose du même genre que cela ont été à leur tour dénoncé, mis à pieds, licenciés et vilipendés sur Twitter et sur Facebook. Celui qui blessera par le réseau social sera blessé par le réseau social. Je crois qu’il n’y a rien à dire là-dessus et que peu de comportements sont aussi antipathiques que ceux de ces meutes. Les uns après les autres, les harceleurs se frappent la poitrine mais leurs employeurs - et je pense notamment à ces deux confrères que sont Libé et les Inrocks - ont été très rapides, très prompts à les licencier mais je me demande aussi si ces derniers n’auraient pas à réfléchir eux-mêmes à ce qui dans leur propre comportement institutionnel d’entreprise ne relevait pas de l’arrogance et de l’absence de respect d’autrui. J’ai en mémoire quelques articles : un article sur une actrice italienne, Ornella Muti qui était traitée de loukoum, un article sur Alain Resnais qui était traité de crétin… C’est peut être en se remémorant et parcourant leurs propres archives que, à leur tour, les employeurs de ces harceleurs pourraient peut être se rendre compte de ce qu’a été et de ce qu’est encore leur comportement. "


Comment gouverner un peuple-roi ? Traité nouveau d’art politique.

Jean-Louis Bourlanges

"Je voudrais recommander le livre de ce philosophe qui s’appelle Pierre-Henri Tavoillot et a écrit un ouvrage au titre oxymorique : Comment gouverner un peuple-roi ? Traité nouveau d’art politique. Ce livre est très utile, bien documenté, bien écrit très élégant. D’autre part, après ces torrents d’irresponsabilité que nous avons évoqué tout à l’heure c’est un livre qui aborde la politique telle qu’elle est. Monsieur Tavoillot est le Racine et non pas le Corneille de la politique. Il nous présente la politique telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être. Ce qui nous montre, à travers une réflexion intéressante sur le peuple, c’est que la politique est un art de gérer l’imparfait. Imparfait évidemment car c’est la gestion des choses floues, c’est la gestion de l’écart entre nos désirs et la réalité, entre le temps présent et le temps lointain de l’espérance. Monsieur Tavoillot, rappelle que c’est un art et non pas un science : l’art de gouverner, l’art de se faire élire, l’art de prendre une bonne décision, l’art d’être controlé. Alors en ces temps de pataphysique générale sur le plan politique, saluons l’artiste. "


La Capitale

Nicole Gnesotto

"Je voudrais recommander un roman que je n’ai pas encore totalement fini mais que pour l’instant je trouve très réjouissant. C’est un roman de Robert Menasse qui est un écrivain viennois et non pas autrichien sorti en 2017 aux éditions verdier et qui a eu le prix du livre allemand cette même année. Ce roman s’appelle La Capitale et je crois que c’est le premier roman européen car la capitale c’est Bruxelles, capitale des institutions européennes. C’est un roman à la fois cocasse et un peu « thriller » parfois complètement déjanté sur la vie d’un haut fonctionnaire européen qui s’appelle Florian ( ça ne s’invente pas). C’est un roman à la fois très critique sur bon nombre de fonctionnement de l’Union. Mais c’est un roman très pro-européen sur une République européenne etc. Ça commence de façon très drôle : un cochon fou qui court dans toutes les rues de Bruxelles, qui renverse un Turc, lequel est sauvé par un Bruxellois et continue dans un échalas et quelqu’un se fait tuer dans un revolver. Le haut fonctionnaire qui est à sa fenêtre se met à réfléchir au rôle de l’union européenne dans le monde. "