Maniac

Brève proposée par David Djaïz dans l'émission Après le 8 septembre, la valse des pantins ? / La Chine et les divisions occidentales / n°419 / 7 septembre 2025, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Maniac

David Djaïz

"Je voudrais vous recommander la lecture d’un livre qui m’a beaucoup impressionné, Maniac, écrit par Benjamin Labatut, un auteur chilien. Il avait déjà publié « Lumières aveugles » il y a quelques années. Le livre ne raconte rien de moins que la naissance de la bombe nucléaire dans le sillage du projet Manhattan, à travers la vie de John von Neumann, qui était un des plus grands esprits du XXème siècle, physicien, mathématicien, l’un des pères de l’informatique moderne et de l’Intelligence Artificielle, avec le supercalculateur Maniac. La partie la plus impressionnante est la troisième partie du livre, dans laquelle il décrit à la manière d’une épopée, l’affrontement entre l’homme et la machine, et plus exactement entre le Coréen Lee Sedol, qui était le plus grand champion de Go de tous les temps, et le système AlphaGo, construit par les équipes de Google DeepMind, qui a infligé à l’homme et à l’humanité une défaite cinglante. Cet événement, pour moi, est le plus grand événement du XXIème siècle, même s’il a reçu un intérêt désinvolte en Europe. Il faut s’y intéresser, il faut lire ce livre, c’est de la grande littérature et c’est extrêmement intéressant."


Les autres brèves de l'émission :

Jean-Louis Bourlanges officier de la Légion d’honneur

Philippe Meyer

"Vendredi 5 septembre aux environs de 20h, dans la salle de l’horloge du ministère des Affaires étrangères, au Quai d’Orsay, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères M. Jean-Noël Barrot a épinglé les insignes d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur sur le sein de Jean-Louis Bourlanges. Le ministre a, comme c’est l’usage, prononcé un discours, dont vous trouverez les extraits les plus substantiels, et notamment tous ceux qui montrent l’écho que le Nouvel Esprit Public rencontre après ces huit ans de podcast. Jean-Louis Bourlanges a répondu par un discours, qui revient sur l’ensemble de son engagement politique et de son analyse notamment en matière de situation internationale. Et pour la première fois depuis que je le connais, il a tenu son engagement traditionnel en ce qui concerne la brièveté. C’est-à-dire qu’il a commencé en disant « Je ne serai pas bref ». Et il a tenu parole … Et je ne m’en suis pas plaint ..."


L’œuvre de Daniel Halévy

Jean-Louis Bourlanges

"J’ai beaucoup travaillé cet été sur le XIXème siècle. Et j’ai relu les livres de Daniel Halévy sur les débuts de la Troisième République. Je vous invite vraiment à relire ces ouvrages. D’abord parce que c’est magnifiquement écrit. Une prose à la fois rigoureuse, poétique, enveloppante, d’une grande qualité. D’autre part, c’est animé d’une très grande générosité à l’égard des responsables politiques, ce qui par les temps qui courent est une rareté bienvenue. Il y a une compréhension et une intelligence profonde, même dans la critique, il n’y a aucune flagornerie, aucune complaisance. Et puis il y a ce personnel politique qui a suivi la guerre franco-prussienne, la défaite, l’inimaginable défaite, et la capacité de ces gens à défendre l’intérêt national, à penser ensemble ce qui les unissait."


Cléo de 5 à 7

Lucile Schmid

"J'étais cet été voir une exposition sur le Paris d'Agnès Varda, à savoir le quatorzième arrondissement, et je vous conseille de voir ou revoir ce film magnifique, Cléo de 5 à 7, qui date de 1962, et qui raconte cette promenade dans Paris d'une jeune chanteuse qui attend ses résultats médicaux et qui s'inquiète sur la possibilité d'avoir une maladie grave. Elle se promène donc dans ce quatorzième arrondissement, où elle va faire un certain nombre de rencontres … C'est un film à la fois intime, politique et parisien. Et au parc Montsouris, un inconnu, joué par Antoine Bourseiller, va la réconforter alors même qu'elle a réalisé toute la futilité de son existence à travers cette promenade dans Paris, où aucun de ses amis n'était en mesure, de lui parler profondément de ce qui lui arrivait. Et cette rencontre inopinée est émouvante et unique (car le jeune homme part en Algérie). Elle introduit aussi l’idée que cette façon dont on fait de la politique peut être parfois plus intéressante que le jeu parlementaire."


Abundance

Antoine Foucher

"Je voudrais recommander ce livre, présenté aux États-Unis comme le nouvel évangile de la gauche américaine ou des Démocrates, d’Ezra Klein et Derek Thompson. Il n’a pas encore été traduit en français, mais l’avantage des sciences humaines en anglais, c’est que ça se lit beaucoup plus facilement que de la littérature. Et c’est intéressant pour trois raisons. La première, c’est qu’il vient de la gauche ; la deuxième, c’est la vivacité et la lucidité de la critique de la gauche sur la gauche, en donnant des chiffres assez cruels, c’est une critique très violente et documentée. La deuxième raison, c’est que la solution ne consiste pas à distribuer de l’argent. Parce que l’argent ne sert à rien quand il n’y a pas assez de biens. Ça ne sert à rien de donner de l’argent aux gens pour acheter des logements si on ne construit pas assez de logements. Et la troisième raison, c’est que l’auteur s’en sort par un espèce de technomessianisme en disant que si les États-Unis investissent sur la technique, elle nous sauvera. Donc, le monde qu’il trace n’est pas enviable. Mais quand même, la lucidité sur la critique et l’idée qu’il faut produire plus et arrêter de donner plus d’argent et moins de biens, est quand même intéressante."