"Je voudrais m'associer aux hommages qui fleurissent autour de la personne de Jean- François Kahn. Parce que je l'ai bien connu, à la fin des années 1960, quand j'étais très jeune. Nous dînions avec Roger Paré, un intellectuel mort prématurément, qui a beaucoup fait pour ma formation intellectuelle, chez un démocrate, un diplomate américain démocrate, que je soupçonnais d'ailleurs d'être lié à la CIA. Et j'ai découvert Jean-François Kahn à ce moment-là. Je l'ai retrouvé au moment du bicentenaire de Victor Hugo. Nous étions associés, sous l'égide de Robert Badinter, à l'illustration et à la défense de Victor Hugo, l'Européen. J'étais évidemment assez opposé à sa conception du centrisme, qu'il avait qualifié de révolutionnaire. Moi je crois que c'est une antiphrase. pour moi le centrisme est fondamentalement lié à la modération. C'est pour cela d'ailleurs que je ne suis pas très sexy sur le plan politique, tandis que lui l’était bien davantage. Mais je voudrais signaler un trait de caractère. En 2004, François Bayrou lui avait demandé de prendre la tête d'une liste régionale pour les Européennes, alors que la candidate sortante était Nathalie Griesbeck, députée tout à fait compétente et tout à fait reconnue. Et Jean-François a dit à ce moment- là : j'accepte, mais s'il doit n’y avoir qu'un seul élu, je me désisterai au profit de Nathalie. Et Nathalie Griesbeck a eu le courage de lui faire confiance, alors qu' on sait ce que valent ce genre de promesses chez les hommes politiques. Il y a eu un seul élu, Jean-François Kahn a tenu sa promesse, Mme Griesbeck est restée députée. Je crois que c’était la marque d'un esprit magnanime et fidèle à ses engagements."