"Je vous recommande ce très beau livre, composé de manuscrits retrouvés de Jorge Luis Borges. On y retrouve la quintessence de l’écriture borgésienne, et je ne résiste pas à l’envie de vous citer un extrait du « Bulletin de toute une nuit » : « Le temps, machinerie infatigable, fonctionne toujours (...) Je suis un mendiant de souvenirs pour un moment, que les montres ne commandent pas et qui s’élargit presque en éternité. Je me dépouille de mon nom, de mon passé, de mon avenir, je suis n’importe qui, la vision m’a déjà quitté, le rêve, le toucher, je ne suis plus personne, je suis comme une plante noire d’obscurité dans un jardin noir que le jour ne réveillera pas. Ce n’est pas dans la lumière du jour mais dans les ténèbres que je gis. Je suis estropié, aveugle, déchaîné, terrible dans ma disparition quotidienne. Je ne suis personne. »"