Minuit moins dix à l’horloge de Poutine

Brève proposée par Marc-Olivier Padis dans l'émission Résultats du premier tour des élections législatives / Stratégies pour le second tour / n°358 / 5 juillet 2024, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Minuit moins dix à l’horloge de Poutine

Marc-Olivier Padis

"J’en reviens à des sujets politiques, et au climat de violence latente que l’on peut ressentir. On pointe souvent la responsabilité des médias et des réseaux sociaux, mais il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’un phénomène advenant mécaniquement, mais qu’il y a des acteurs qui cherchent à amplifier les tensions au sein de la société française. Nous ne sommes certes pas en guerre contre la Russie, mais pour autant, celle-ci a bel et bien lancé une guerre informationnelle contre la France. On en a des preuves tous les jours. David Chavalarias est chercheur, mathématicien et spécialiste des réseaux. Il a un site internet, Politoscope, que je vous recommande d’aller voir. Il travaille sur la manière dont l’amplification des violences verbales et des opinions extrêmes est opérée par des agents. Il a écrit un livre (Toxic data) et sur son site, il a fait une note plus directement liée aux élections européennes, dans laquelle il décrit très bien le fonctionnement de diffusion et d’amplification de fausses informations et d’opinions extrêmes, qui n’ont pour but qu’échauffer les esprits. On se souvient par exemple de deux expéditions de pieds nickelés russes, pour peindre sur les murs de Paris des étoiles de David, ou des mains rouges sur le Mémorial de la Shoah. Tout cela est fabriqué. Aujourd’hui, le fait de garder notre sang-froid, de résister aux extrêmes, et de comprendre pourquoi la démocratie a besoin de modération est une tâche se salubrité publique."


Les autres brèves de l'émission :

Neuf mois : récit

Philippe Meyer

"Je n’ai pas dû manquer beaucoup d’articles de Philippe Garnier, ce journaliste qui parlait beaucoup de cinéma et éventuellement de rock n’roll, ni ses traductions, de John Fante ou Bukowski. Et si j’en avais manqué, Bertrand Tavernier (qui l’aimait beaucoup) me l’aurait signalé … Il vient de publier un livre aux éditions de l’Olivier, qui s’intitule Neuf mois, c’est-à-dire le temps qui a séparé le diagnostic du cancer de l’estomac de sa femme Elizabeth, de sa mort. Un livre dans lequel il faut entrer très poliment, et dont on sort avec le besoin d’un long moment de silence. Je le commenterai avec trois citations. La première est de Philippe Garnier lui-même : « j’écris ce livre non pour me faire pardonner, ni pour la faire revivre, mais plutôt comme un tribut à la femme dont j’ai toujours cru tout savoir, et qui m’a surpris jusqu’au bout ». La deuxième est d’Henri Calet : « ne me secouez pas, je suis plein de larmes » ; et la dernière de Jean-Loup Dabadie, qui fait dire à Jean Rochefort dans « Nous irons tous au paradis » : « vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre »."


Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France

Matthias Fekl

"Puisqu’il est à la mode de faire des listes de binationaux et de Français d’origine étrangère, je conseille un livre paru il y a une dizaine d’années sous la direction de Pascal Ory, qui nous rappelle tout ce que notre pays doit à des étrangers. Certains sont devenus Français, d’autres pas, et que ce soit dans les sciences, les arts, la littérature, la chanson, ils sont partout. Même Astérix est né de deux pères d’origine étrangère ! Marie Curie, Joséphine Baker, Picasso, Le Corbusier, Zola, Beckett, Gary, Aznavour, Pierre Cardin, Goscinny, Uderzo … N’oublions pas tout ce qu’on leur doit."


Conseil à nos auditeurs

Jean-Louis Bourlanges

"Je suis un peu embarrassé, car je n’ai pas préparé de brève. Je me contenterai donc d’un conseil : lisez les journaux, et soyez particulièrement attentifs aux programmes, aux absences de programmes, aux esquives. Abordez ce scrutin de dimanche avec le minimum de préjugés et d’idées vagues, et le maximum d’informations sur ce que veut et ce que craint chacun des partis en présence, et surtout, ce qu’ils dissimulent. Car en réalité, ils se caractérisent moins par ce qu’ils disent que par ce qu’ils cachent."