Eloge de l'oubli

Brève proposée par Béatrice Giblin dans l'émission Macron à l’assaut des Institutions. Poutine contre le reste du monde? (#31), que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Eloge de l'oubli

Béatrice Giblin

"Vous avez fait cette thématique sur Mémoire et Oubli et je voudrais citer le livre de David Rieff Eloge de l’Oubli, la mémoire collective et ses pièges. Il est extrêmement éclairant en particulier sur nos sociétés actuelles qui sont des sociétés beaucoup plus diversifiées beaucoup plus multiculturelles avec une partie de nos concitoyens qui ont une autre histoire que la notre et qui vivent en tant que victime et qui demandent une reconnaissance de ce qu’a été leur douleur, leur souffrance. Qui ne l’ont pas forcément vécu, ce sont les petits-enfants parfois. Et on voit bien les problèmes que ça pose et je pense que cette réflexion là nous serait extrêmement utile."


Les autres brèves de l'émission :

Le Lambeau de Philippe Lançon

Philippe Meyer

"Je voudrais recommander le livre de Philippe Lançon, journaliste à Libération et journaliste à Charlie Hebdo. Il était à Charlie le jour où sont rentrés les terroristes, il en est sorti vivant, extrêmement blessé et qui a réussi à transformer une situation, un moment de sa vie qui ne peut être que très difficilement partagé. Lui a réussi à le partager et ainsi montrer ce dont est capable la littérature. C’est aux éditions Gallimard et ça s’appelle le Lambeau"


Rapport des syndicats SNCF

Lucile Schmid

"Comme vous le savez, on est au début d’une grève perlée de la SNCF et on voit que la pression s’accentue du côté du gouvernement. Emmanuel Macron va intervenir la semaine prochaine à la télévision sur le sujet, Nicolas Hulot vient de donner dans le JDD une interview montrant que la réforme de la SNCF était aussi écologique, Edouard Philippe nous en parle aussi. Moi je pense que ce qui est important c’est d’avoir tous les termes du débat, je voulais donc recommander la lecture du rapport qui a été fait par les syndicats et notamment par la CGT sur cette question de réforme de la SNCF. Je trouve que dans ce rapport, qui est un contre-rapport Spinetta, il y a des éléments qui méritent d’être pris en considération notamment sur la façon dont aujourd’hui il faudrait considérer davantage le chemin de fer comme un avenir. Mais c’est un rapport qui met en lumière aussi des choix de société la question des routes versus chemins de fer, la question du fret etc. Il y a donc quelque chose autour du modèle de société et je pense qu’un des bienfaits de l’élection d’Emmanuel Macron c’est que les choses se déroulent assez différemment du côté des syndicats, ce n’est plus seulement une grève de rapport de force c’est aussi une grève sur le contenu. Si le Parlement n’est plus un contre-pouvoir il faut donc se poser la question de savoir si nous, citoyens, sommes des contrepouvoirs."


La ruée vers l'Europe

Michaela Wiegel

"Je voulais parler d’un livre très dérangeant et dont je ne sais toujours pas ce que je dois en penser. Il faut qu’il soit lu tout de même. C’est écrit par Steven Smith qui était longtemps spécialiste Afrique pour Libération, il est américain d’origine mais il écrit parfaitement en français. Il a écrit un livre qui s’appelle La ruée vers l’Europe et qui au fond non-seulement décrit les flux migratoires qui doivent venir d’Afrique vers nous mais qui questionne également notre réflexion sur tout ce que nous considérons comme aide au développement. Il considère que nous nous trompons lourdement et justement le fait qu’une bonne partie de la jeunesse africaine soit mieux qualifiée aujourd’hui qu’avant va faire accélérer encore une fois l’attractivité de l’Europe donc lisez-le et formez-vous votre opinion."


Vers la catastrophe russe de Boris Kritchevski

Jean-Louis Bourlanges

"Je reste dans les affaires russes je voudrais recommander le livre aux éditions de Fallois, c’est donc une des dernières décisions qui a été prise par le regretté Bernard de Fallois, le livre de Boris Kritchevski intitulé qui nous conduit vers la catastrophe russe et qui est préfacé par notre ami Jean-Claude Casanova. C’est intitulé Lettres de Petrograd au journal l’Humanité octobre 1917- février 1918. Kritchevski était un socialiste russe parlant parfaitement français qui avait été envoyé par l’Humanité à ce moment complètement critique à la fois pour la défense nationale française et pour l’avenir de la Russie, qui étaient les révolutions de 1917 en Russie et il envoyait des lettres à l’Humanité qui ont été immédiatement arrêtées. Je crois que ça montre deux choses, ça montre que dès le début un certain nombre d’hommes lucides et bienveillants envers le socialisme avait compris la perversité intrinsèque du système léniniste qui portait en lui la dérive stalinienne comme la nuée porte l’orage et deuxièmement c’est que très tôt un certain nombre de sirènes. Dès le début des années 20, il y avait eu une chape de plomb. Romain Roland avait dit qu’une grande lumière s’était allumée à l’Ouest, en réalité, la ligue des Droits de l’Homme avait tout de suite décidé de ne pas rendre compte des atteintes aux Droits de l’Homme en Union Soviétique en raison de la grandeur de l’objectif révolutionnaire poursuivi. Il faut lire ce livre, il est prémonitoire, il dit tout, tout de suite."