Projet DÉMOS

Brève proposée par Béatrice Giblin dans l'émission Décompositions, recompositions / n°355 / 23 juin 2024, que vous pouvez écouter ici. ou ci-dessous.

Projet DÉMOS

Béatrice Giblin

"Je vais parler de cette initiative qui m’a réjouie. J’espère qu’en cette période inquiétante il en sera de même pour vous. DÉMOS signifie « Dispositif d’Education Musicale et Orchestrale à vocation Sociale ». Il s’agit de faire découvrir la musique à des enfants entre 7 et 12 ans, venant de milieux défavorisés, qui n’y auraient pas eu accès autrement. DÉMOS leur fait pratiquer un instrument, et le leur prête pendant trois ans. S’ils veulent poursuivre ensuite, ils le garderont. Il y a cinquante orchestres dans toute la France, et plus de 11.000 enfants ont découvert la musique ainsi. Hier, à la Philarmonie, j’en ai entendu plusieurs (dont ceux de Caen et de Marseille), qui donnaient le concert de l’année et c’était formidable. Joyeux, coloré, enthousiasmant, cela rappelait à quel point la musique a un rôle important à jouer pour nous faire vivre ensemble. On peut aider DÉMOS, et je vous encourage à le faire."


Les autres brèves de l'émission :

Revue Telos

Philippe Meyer

"Je vous conseille la revue en ligne Telos, qui publie un article quotidien dont je trouve que la lecture est à la fois agréable et riche, elle ouvre des tas de pistes. Par ailleurs, le galeriste Alexis Nabokov a posté cette citation de Pier Paolo Pasolini sur les réseaux, que je trouve particulièrement pertinente à l’heure actuelle et que je reprends ici : « Il existe aujourd'hui une forme d'antifascisme archéologique qui est en somme un bon prétexte pour se décerner un brevet d'antifascisme réel. Il s'agit d'un antifascisme facile, qui a pour objet et objectif un fascisme archaïque qui n'existe plus et qui n'existera plus jamais. [...] Voilà pourquoi une bonne partie de l'antifascisme d'aujourd'hui ou, du moins, de ce que l'on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide, soit prétextuel et de mauvaise foi; en effet, elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique, qui ne peut plus faire peur à personne. C'est, en somme, un antifascisme de tout confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé « la société de consommation », définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n'en est rien. »"


Mexica

Lucile Schmid

"Je vous recommande vivement d’aller voir cette exposition au musée du Quai Branly. Elle m’a vraiment enthousiasmée, même si elle a aussi provoqué un peu d’effroi, puisque vous savez que dans la civilisation mexica (qu’on a longtemps appelée « aztèque »), le lien entre les dieux et les hommes se fait par le biais du sacrifice. On peut donc y voir des squelettes d’animaux revêtus d’atours guerriers, et même un squelette humain. Il y a plus de 500 objets découverts récemment, c’est vraiment une réalisation exceptionnelle, et puis n’oublions pas que cette civilisation n’a été conquise qu’à cause de la variole, et donc de l’absence de vaccins, ce que je trouve très parlant aujourd’hui encore. Allez admirer ces objets magnifiques, mais préparez-vous à être effrayés. "


Soutien à Pascal Perrineau

Jean-Louis Bourlanges

"J’ai en effet l’honneur d’appartenir au comité éditorial de la revue Telos, et nous avons récemment publié un texte de soutien à Pascal Perrineau. Ce professeur de Sciences Po s’est vu refuser, contre tous les usages universitaires, le renouvellement de son éméritat. C’est absolument injustifié : rien dans son attitude, sa pratique universitaire ou la qualité de sa recherche ne justifie cette décision. Elle n’est que le résultat d’un désaccord idéologique, Pascal Perrineau ne partageant pas les dérives wokistes de Sciences Po. "


Journal, janvier-juin 2020

Jean-Louis Bourlanges

"D’autre part, j’ai lu le journal qu’a publié Agnès Buzyn. D’un point de vue littéraire (et surtout éditorial), on peut regretter qu’il ait été publié à la va-vite, et contienne beaucoup de répétitions. Il est cependant chargé d’une émotion extraordinaire. Mme Buzyn l’a rédigé pendant la crise de la Covid, et on ne peut que penser à la phrase de Turgot : « notre problème, c’est de prévoir le présent ». Je crois qu’elle a fait ce qu’elle pouvait face à cette crise énorme, dont l’ampleur se dévoilait peu à peu. Et là encore, on prend conscience de l’indignité du sort qui lui a été réservé. Quand une ministre aussi dénuée d’informations que tout un chacun doit réagir face à une crise aussi gigantesque et inédite, on ne peut apprécier son action que sur le mode « capable » ou « non capable ». Ici, on a plutôt privilégié « coupable » ou « non coupable ». On a fait d’elle un bouc émissaire, et ce n’est pas à l’honneur des juridictions ou de la société française. Mais on voulait absolument trouver des coupables puisqu’il y avait des victimes."



Clause de conscience

Richard Werly

"Gilles Martin-Chauffier a longtemps été critique littéraire à Paris Match. Il signe ce roman, qui nous fait entrer dans la cuisine des journalistes français, et notamment dans les rédactions quand les journaux sont rachetés par des milliardaires. L’auteur nous montre que quand vous avez quelques dizaines d’années d’expérience de journaliste et que votre publication est rachetée, vous ne pensez plus qu’à une chose : votre clause de conscience, c’est-à-dire l’indemnité que vous pourrez toucher en démissionnant (la clause de conscience est automatique en France, quand un journal change de propriétaire). J’ai trouvé cela très intéressant, l’auteur nous raconte avec une grande candeur la façon dont la plupart des journalistes ne sont que dans le calcul : combien ils peuvent toucher en quittant tel milliardaire avant de rejoindre tel autre … l’essentiel étant de trouver le bon, c’est-à-dire celui qui paiera le mieux. C’est un remake contemporain des Illusions perdues de Balzac, qui nous fait réfléchir au spectacle qu’offrent les médias à un moment où ils ne cessent de juger les politiques."